Portrait de Nick Bostrom,
transhumaniste et philosophe
Portrait d’un
Suédois transhumaniste, chantre de la simulation informatique.
Nick Bostrom met en scène le futur de l’humanité, dans une
savante maîtrise des oppositions :
• Professeur de philosophie à Oxford, mais
leader d’un courant pas très académique, le transhumanisme,
• Théoricien de l’avenir de l’humanité, mais peu intéressé par la science-fiction (en raison de son
aspect sensationnel),
• Figure engagée de l’amélioration des capacités humaines, mais lanceur d’alerte sur les dangers de
l’intelligence artificielle…
Si complexité dans le raisonnement et finesse de la pensée vont
de pair, reste quand même à démêler le côté pile du côté face de cet étrange
professeur.
Un
transhumaniste historique
Nick Bostrom a créé en 1998, avec David Pearce, la Charte
Transhumaniste et la World Transhumanist Association (devenue Humanity +). Dans
les statuts de cette dernière, figure la recherche de l’épanouissement humain,
au-delà des limites biologiques : «redesigning the human condition». Il dénonce
le biais du statu quo qui entrave cette quête. Un biais cognitif guiderait
notre préférence irrationnelle pour le statu quo et affecterait fortement nos
intuitions morales. Transhumaniste à fables, il raconte l’histoire du
Dragon-tyran (comprenez la mort), pour signifier qu’aucun argument ne justifie
de baisser les bras devant la souffrance et le vieillissement.
Si la dénonciation des biais intellectuels vis-à-vis du progrès
scientifique et technique reste intemporelle, la pensée du courant
transhumaniste s’est, depuis 1998, diluée dans une vaste galaxie :
- Entre le courant ultra-libéral des origines et un courant social-démocrate, même si le spectre politique était déjà large au départ,
- Dans la distinction entre un transhumanisme qui vise le dépassement par l’homme des souffrances liées à son enveloppe biologique et un transhumanisme plus radical, cybernétique, qui se réaliserait dans l’hybridation totale homme/machine.
Mais aussi
un lanceur d’alerte
Depuis de nombreuses années, Nick Bostrom appelle à une éthique de la
transformation humaine et à ne pas se voiler
la face devant des risques déraisonnables que représentent l’intelligence
artificielle et les nanotechnologies. Il estime que
les risques encourus par l’humanité face au développement de l’intelligence
artificielle ne sont pas suffisamment pris en compte. Il illustre ce propos
avec une nouvelle fable, celle du moineau (l’être humain) et du hibou
(comprenez l’intelligence artificielle). Chacun devine la (triste) fin de
l’histoire.
Les alertes de Nick Bostrom sont très médiatisées mais
relativisées par bon nombre de chercheurs. Ainsi lit-on dans le dossier spécial
IA de The Economist en juin dernier que,
si le spectre de la perte de contrôle ne peut être écarté, le problème n’en est
pas pour autant immédiat. D’autres questions éthiques se posent pour le
magazine britannique de manière plus urgente et doivent être considérées au
premier chef, parmi lesquelles les décisions prises par les voitures autonomes,
les armes létales autonomes ou encore le risque de contrôle social par la
reconnaissance faciale. Le débat ne fait que commencer.
Photo Nick Bostrom transhumaniste By: null0 – CC BY
2.0
Source contrepoints.org
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