Douleur dans un mollet
En pédalant, vous souffrez d’un mollet. Quand
vous accélérez, la douleur s’intensifie ! Il ne s’agit pas d’une crampe ou d’un
claquage. Vous avez peut-être une artère coincée !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
Vous
connaissez bien les sensations musculaires normales au cours de l’effort. Dès
que vous taquinez l’essoufflement, ça chauffe dans les cuisses et les mollets !
Les perceptions sont identiques à droite et à gauche. Depuis quelques temps,
les choses sont différentes. Vous avez mal ! La douleur vous assaille pour des
intensités cardiovasculaires modérées… et seulement d’un côté ! Ce n’est pas
normal ! Si vous avez fumé et surtout si vous continuez, si vous avez du
cholestérol, ces symptômes peuvent être la conséquence de l’obstruction
partielle de l’artère du mollet par une plaque de graisse. Mais le plus
souvent, c’est un vaisseau qui coince !
- Anomalies anatomiques et sport !
À
l’arrière du genou, dans l’espace nommé « creux poplité » on trouve « l’artère
poplitée ». Elle passe entre les 2 masses symétriques du mollet appelées «
jumeaux ». Elle apporte le sang et l’oxygène à ce muscle volumineux. Parfois,
le « jumeau interne » s’accroche trop au milieu et empiète sur l’espace dévolu
aux vaisseaux. De temps à autre, c’est l’artère qui présente un trajet anormal.
Elle passe entre le muscle et l’os. Elle est pincée lors de la contraction. Ces
particularités sont souvent bien tolérées chez le sédentaire. En revanche, chez
le sportif et tout particulièrement chez le cycliste, les mollets prennent du
volume et se contractent puissamment. Ces particularités anatomiques
décompensent et l’artère se coince pendant l’effort. Rarement, hypertrophie et
activité musculaire intense suffisent à interrompre le flux sanguin. Quand
l’oxygène vient à manquer, le mollet tente de se contracter en « anaérobie ».
Il produit de l’acide lactique et devient rapidement douloureux !
- Des examens pour confirmer !
Face à
ces symptômes, votre médecin du sport cible son examen. Il appuie légèrement
sur les artères situées en aval du creux poplité. Il analyse le passage du sang
au rythme des contractions cardiaques en arrière des chevilles. On dit qu’il
palpe les « pouls tibiaux ». Au repos, tout est normal ! Quand vous montez sur
la pointe des pieds ou lorsque vous étirez le mollet, il arrive que cette
sensation pulsatile diminue ou disparaisse. Parfois, il faut effectuer de
nombreuses flexions-extensions pour percevoir la réduction du flux sanguin. De
temps à autre, votre médecin ne détecte aucune anomalie malgré une histoire
caractéristique ! De toute façon, il est nécessaire d’effectuer des examens
complémentaires. La radiographie décrit le contour des os à la recherche de
rares becs osseux qui appuieraient sur l’artère. L’écho-doppler vient la
compléter. Il utilise les ultrasons. L’étape « échographie » observe l’anatomie
des tissus mous, notamment les muscles et les artères. Elle recherche une
anomalie de position. L’étape « doppler » analyse le flux sanguin et ses
modifications. L’artériographie est indispensable avant toute opération. Elle
consiste à injecter dans le sang un produit opaque qui moule l’intérieur de
l’artère. On observe ainsi aisément les déviations de son trajet, ses
pincements et parfois l’épaississement cicatriciel de ses parois abîmées.
Une
opération pour vous soulager !
Bien
évidemment, en cas d’anomalie anatomique, la lésion ne peut pas guérir
spontanément. Une intervention est nécessaire. Le chirurgien sectionne le
faisceau musculaire qui écrase l’artère. Lorsque c’est le trajet du vaisseau
qui provoque son coincement, il est coupé, dévié et suturé à lui-même pour
rétablir la continuité. En cas de cicatrice épaisse obstruant partiellement
l’artère, une greffe est réalisée. Le segment abîmé est enlevé et remplacé par
un morceau de veine prélevé dans le mollet. Le plus souvent, les suites sont
simples. Après quelques semaines et un peu de rééducation, vous réenclenchez
vos pédales automatiques.
- Attention complications !
La
portion de l’artère tordue et comprimée à chaque contraction musculaire finit
par s’abîmer. Il se constitue à l’intérieur du vaisseau une cicatrice épaisse
qui le bouche partiellement. Cette zone dénudée se comporte comme une petite
plaie. À son contact, il peut se former des caillots de sang. Il s’agit souvent
de petits fragments qui se détachent. Ils se bloquent plus en aval dans des
artérioles de diamètre réduit. La portion musculaire normalement oxygénée par
ce vaisseau nécrose. C’est l’embolie ! Parfois un gros caillot se constitue
sans migrer et obstrue complètement l’artère poplitée. Tout le mollet risque
d’être détruit ! C’est la thrombose. Bref, il ne faut pas traîner avec ce type
de symptômes ! Un bilan et une prise en charge rapides s’avèrent nécessaires !
Source SantéSportMag
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