Misha Glenny
McMAFIA
Traduit de l’Anglais par Anatole Muchnik
(4ème de couverture)
Qui gouverne vraiment l’économie mondiale ? D’où viennent les capitaux qui l’ont irriguée au temps du libéralisme triomphant ? Au terme d’une enquête planétaire, Misha Glenny dévoile la face cachée de l’économie « propre ». Pillage des matières premières en Russie, trafic d’armes et prostitution dans les Balkans, narcotrafic en Amérique latine, transport de clandestins chinois, blanchiment dans les émirats du Golfe ou en Occident : les plus grandes opérations mafieuses des années 1990 se sont développées grâce à l’appui des Etats. Mais, en quinze ans, les parrains et les tueurs des réseaux traditionnels se sont reconvertis en capitalistes de talent, qui travaillent dans le plus pur style des multinationales.
Des gangs de l’or à Bombay aux nouveaux caïds de Tel-Aviv, en passant par les escrocs nigérians ou les « têtes de serpent » de Shanghai, McMafia est un voyage dans un monde secret, aux personnages terrifiants et parfois attachants. Dans cette enquête exceptionnelle, globale, qui met au jour des liens cachés entre les différentes « pieuvres » de la planète. Misha Glenny raconte la part souterraine de la mondialisation.
Misha Glenny, cinquante ans, a été le correspondant du Guardian puis de la BBC en Europe centrale au temps de l’effondrement du communisme et de l’embrasement des Balkans. Il collabore aujourd’hui à une ONG œuvrant pour la reconstruction en ex-Yougoslavie.
(1ere phrase :)
C’était au soir du 30 avril 1994, et le printemps était bien avancé dans la bourgade de Woking, dans le Surrey.
(Dernière phrase :)
Mais depuis le début du millénaire, l’hostilité américaine, l’incompétence européenne, le cynisme russe et l’indifférence japonaise, associées aux ambitions illimitées de la Chine et de l’Inde, font les beaux jours des entreprises multinationales aussi bien que des organisations criminelles internationales.
499 pages – Editions Denoël 2008 (2009 pour la traduction française)
(Aide mémoire perso :)
Misha Glenny, journaliste pour la BBC, introduit son volume avec l'anecdote du meurtre de la soeur d'une reporter, injustement tué par un meurtrier qui s'est, un soir, trompé de cible.
Le fait que ce livre débute avec une histoire qui pourrait très bien arriver a son auteur pour avoir traiter d'une manière extensive le sujet de la mafia mondiale suffit a introduire un degré de sérieux qui ne retombera a aucun moment. La débauche de détails est un testament à l'analyse méthodique de l'auteur qui traite de manière synthétique, la mafia Bulgare, l'ex URSS (où l'on apprend qu'un assassinant ne sera jamais aussi bien mené a bien, pour un prix raisonnable, que par un serbe), les émirats arabes, l'Inde (où Bollywood ne fait pas qu'embrasser la mafia locale), le Niger (où l'extorsion de fond de victimes occidentales est tellement répandus qu'elle a son hymne), les traffics de marijuana au Canada (dont la politique tolérante cause de nombreux problèmes avec les Etats-Unis) et les effets réels de la lutte anti drogue (négligeables) puis le Japon (les yakuzas, leurs liens avec la droite nationaliste et leur place dans l'économie locale) et enfin, la Chine (la tolérance du gouvernement envers la contrefaçon).
Les nombreuses anecdotes sur chaque pays permettent d'en apprendre bien plus sur les cultures de chaque pays qu'un guide touristique tout en découvrant l'ampleur d'un mécanisme économique mondial grandissant auquel chacun contribue d'une manière ou d'une autre tout en ignorant qu'il le fait. Misha Glenny pointe du doigt de nombreux phénomènes mais il s'appuie aussi sur de nombreuses études. Son travail est donc celui d'un journaliste d'investigation mais, à la manière d'un Noam Chomsky dans "Manufacturing consent", son travail de recherche est tout aussi impressionnant comme le prouve l'excellente bibliographie, chapitre par chapitre, où il pointe du doigts des volumes spécifiques en anglais, allemand et espagnol qui lui ont servis et qui peuvent permettre d'approfondir un sujet en particulier.
Le titre pourtant pourrait laisser entendre un contenu plus léger. Il n'en est malheureusement rien. "McMafia" est en fait une expression employé par un interlocuteur de l'auteur pour qualifier les méthodes qu'utilisent aujourd'hui la mafia tchétchène pour étendre leur emprise. La sinistre réputation qu'elle détient leur permet maintenant d'inspirer la crainte rien qu'en les évoquant. Ils vendent donc aujourd'hui le droit d'utiliser leur nom pour faire plier des victimes en inspirant la crainte. Le contrat n'est cependant pas dénué de danger puisque toute menace non porté a exécution dans le cas où les victimes décident de ne pas payer sont réprimandés par l'intervention de la véritable mafia tchétchène contre les associés n'ayant pas respecté leur part du contrat. Ce n'est malheureusement qu'un des symptômes de la mondialisation et de l'emploi de pratiques d'entreprises par le crime organisé, de mieux en mieux organisé.
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