dimanche 4 août 2019

Infos santé : Sport et Santé-Entorse de l’épaule


Entorse de l’épaule

Vous tombez sur l’épaule. Le haut de votre omoplate heurte le sol et s’écarte violemment de la clavicule.  C’est une entorse voir une luxation acromio-claviculaire. Comment la reconnaitre et évaluer sa gravité ? Comment vous soigner au mieux et reprendre plus vite ?

Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.

L’entorse acromio-claviculaire est une étape quasi-obligatoire dans la carrière d’un rugbyman ou d’un judoka. Elle valide l’expérience accumulée sur les terrains et les tatamis. Mais tous les sportifs candidats à la chute sur les épaules peuvent en être victime ! Pourquoi pas vous ?

  • Tout votre bras est suspendu à la clavicule
La clavicule est le seul os reliant le membre supérieur et le buste. L’humérus, l’os du bras s’articule avec l’omoplate. Cette dernière est accrochée à la clavicule par deux petites articulations. L’extrémité de la clavicule est en contact avec un gros relief osseux provenant de l’omoplate appelé «acromion». C’est l’articulation « acromio-claviculaire » proprement dite. Ces 2 structures sont serrées l’une contre l’autre et reliées l’une à l’autre par des cordelettes fibreuses, les ligaments. Ces tissus ont pour mission de guider et de limiter les mouvements. La seconde articulation se situe quelques centimètres de la première, un peu plus vers l’intérieur. Elle est un peu particulière mais son rôle est essentiel. Elle supporte plus directement le poids du bras. Les 2 os ne sont pas en contact. L’omoplate est suspendue à  la clavicule par un large ligament en éventail. Ce dernier prend naissance sur un bec osseux de l’omoplate nommé «coracoïde». On parle  d’articulation « coraco-claviculaire ». (Croquis 1).

Dessins : Mathieu Pinet

  • Des entorses de gravités très variables
Une entorse est une lésion d’un ligament. Il s’abîme, se distend ou se déchire quand l’articulation est victime d’un mouvement de trop grande amplitude ! Concernant cette blessure, la gravité de l’entorse dépend de l’ampleur des lésions ligamentaires mais aussi de leur emplacement.  Quand vous tombez sur le moignon de l’épaule, vous cognez sur le haut de l’omoplate. Elle se sépare de la clavicule. Lorsque le traumatisme est mineur, seuls les ligaments de la première articulation, l’acromio-claviculaire, sont étirés. C’est l’entorse stade 1. (Croquis 2). 

Dessins : Mathieu Pinet

L’épaule n’est pas déformée. On devine à peine un petit gonflement douloureux au bout de la clavicule.  A l’occasion d’un choc plus important, ces cordelettes se distendent.  La clavicule semble un peu remontée. En fait, c’est l’omoplate, emmenée par  le poids du bras qui descend. Si vous appuyez sur l’extrémité de la clavicule, elle descend et rejoint l’omoplate. Si vous lâchez, elle remonte. On parle de « touche de piano ». Elle caractérise l’entorse stade 2. (Croquis 3). 

Dessins : Mathieu Pinet

Quand survient un accident plus violent, volontiers une chute de vélo ou de moto, le ligament en éventail de la «coraco- claviculaire» s’abime ou se rompt. Cette fois, l’omoplate descend franchement … la clavicule apparaît vraiment en hauteur. Quand vous la mobilisez, elle bouge également horizontalement, d’avant en arrière. C’est l’entorse stade 3. (Croquis 4).

Dessins : Mathieu Pinet

Compte tenu, du désemboîtement franc des pièces articulaires, on utilise parfois le terme de « luxation acromio-claviculaire ».En fait, c’est la lésion de la « coraco-claviculaire » qui fait la gravité de l’entorse « acromio-claviculaire » ! Si le fracas est majeur, le muscle qui entoure l’articulation, le deltoïde, se déchire.  La déformation est très importante, le galbe de l’épaule disparu, c’est le stade 4. Même si l’examen médical est souvent révélateur, des radiographies et une IRM sont parfois nécessaires pour préciser la gravité et rechercher d’autres lésions …

  • Attention à ne pas confondre avec d’autres blessures !
Bien que le diagnostic soit fréquent, il n’est pas si facile ! Toutes les chutes sur les épaules ne provoquent pas des entorses acromio-claviculaires. D’autres blessures peuvent survenir. En jargon médical, on parle de «diagnostics différentiels». De surcroît,  ces blessures s’ajoutent parfois à l’entorse, on décrit alors des « lésions associées ». Bien évidemment, il faut chercher une fracture de la clavicule, notamment à son extrémité… tout près de l’articulation acromio-claviculaire. L’humérus et l’omoplate aussi peuvent se briser ou s’enfoncer. Il est impératif de ne pas passer à côté de la luxation d’épaule… la vraie, celle qui déboite l’humérus de l’omoplate. Les tendons entourant le haut de l’humérus sont parfois contus ou déchirés. De temps à autre, ils arrachent le petit opercule osseux sur lequel ils s’accrochent, c’est la fracture du trochiter. Toutes ces blessures imposent un traitement différent.

  • Comment se soigner ?
En cas d’entorse stade 1, il faut éviter les sports sollicitant les bras quelques jours. Un strapping en croix apporte parfois un soulagement dans la vie quotidienne et pour la reprise des activités physiques. Une bande suit et appui sur la clavicule. L’autre longe le relief postérieur de l’omoplate. Elles se croisent sur l’acromio-claviculaire en regard de la zone douloureuse. Les exercices des membres supérieurs sont souvent repris après 7 à 21 jours.
Si votre lésion est de stade 2, l’omoplate descend à cause du poids du membre supérieur. En plus du strapping, mettez le bras en écharpe quelques jours. Au cours des semaines suivantes, gardez cet équipement à disposition autour de votre cou et glissez-y votre avant-bras quand vous en avez l’opportunité ou en cas de douleur. Les mouvements sportifs des épaules et les impacts sont possibles 15 à 45 jours après le traumatisme.
En cas de stade 3, si les ligaments centraux en éventail sont juste distendus, une immobilisation rigoureuse, coude au corps, 4 à 6 semaines, peut être tentée.  Le plus souvent, ils sont déchirés. L’omoplate est trop éloignée de la clavicule pour espérer une cicatrisation. Dans ces circonstances, comme au stade 4, une intervention est conseillée. Les ligaments centraux sont suturés. La réparation est renforcée par un hauban synthétique ou constitué de membrane osseuse. Plus rarement une broche traverse l’articulation pour stabiliser le montage le temps de la consolidation. La reprise du sport n’est possible qu’après 4 mois.

  • Gardez la forme ! Faites de la rééducation !
Quelle que soit la gravité de votre entorse, les étapes sont comparables, seuls les délais diffèrent. Afin de suivre le bon rythme de progression, laissez-vous guider par votre kinésithérapeute et votre médecin du sport. Encore immobilisé, vous pouvez pédaler sur vélo d’appartement. Commencez en restant coude au corps, sans tenir le guidon. Quelques jours plus tard, prenez appui. Cette posture a plutôt tendance à remonter votre bras et ne devrait pas provoquer de douleur. Idéalement, si vous avez accès à une salle, optez pour le vélo semi-couché avec dossier. Cet appareil vous donne suffisamment de confort et de stabilité pour réaliser des séances intenses et fractionnées. Le balancement du bras à la course reste longtemps douloureux, écoutez vos sensations. Le footing n’est repris que quelques jours après l’ablation de votre immobilisation. Les accélérations et les déplacements latéraux viendront plus tard. Un peu de kinésithérapie est souvent nécessaire pour renouer avec les mouvements des bras.  Quelques exercices d’auto-rééducation sont les bienvenus. Alors que vous êtes encore « coude au corps », haussez les épaules. Vous contractez votre trapèze, vous remontez votre omoplate. Une fois libéré, maintenez votre bras sur le côté, à l’horizontal, tenez une petite charge. Montez- la aussi le long de vos  oreilles. Ces exercices sollicitent le trapèze et le deltoïde qui resserrent l’acromio-claviculaire. Réapprenez à bien verrouiller votre articulation lors des chutes. Ecrasez un ballon, entre votre épaule et un mur. Sur le terrain reprenez les éducatifs et les passes. Au dojo, renouez avec les katas et le travail technique sans combat. Testez et contrôlez les chutes. Quand la confiance est de retour, reprenez le collectif et la compétition.


Source SantéSportMag

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