Sport et hypertension
L’activité physique prévient et soigne
l’hypertension aussi bien qu’un médicament. Si certains sports se révèlent
particulièrement bénéfiques d’autres se montrent délétères. Voici quelques
explications et de bons conseils pour adapter votre pratique à votre état de
santé.
Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
Docteur Laurent UZAN, cardiologue du sport.
Dix
millions de Français et 65 % des seniors sont hypertendus ! 25 % des victimes
ignorent le diagnostic ! 50 % se soignent ! 20 % se surveillent et sont
correctement équilibrés ! Bref vous avez une probabilité élevée de présenter
des chiffres tensionnels trop élevés ! Allez consulter votre médecin et sachez
que le sport peut participer efficacement à votre traitement ! Si vous ne
l’êtes pas, sachez que MULLER en 2006 a démontré que les vaisseaux s’ouvraient
plus difficilement avec les années. De fait l‘hypertension s’installe souvent
insidieusement mais le sport constitue une prévention efficace, notamment en
entretenant la souplesse des artères.
- Pourquoi ça marche ?
Deux
mécanismes principaux expliquent l’efficacité du sport pour lutter contre
l’hypertension artérielle. Premièrement, après l’effort, le taux d’hormones
stimulantes, notamment la fameuse « adrénaline », diminue nettement.
Tout se passe comme si l’organisme souhaitait optimiser sa récupération.
Ainsi, pour cette raison, la fréquence cardiaque de repos d’un athlète entraîné
est plus basse que celle d’un sédentaire. Le débit sanguin est moins important
et la pression dans les artères est plus faible. Deuxièmement les vaisseaux
s’ouvrent plus largement. Á la faveur du flux sanguin accru pendant l’effort,
il se produit des contraintes en cisaillement sur la paroi des vaisseaux. Comme
pour favoriser l’écoulement du sang, les cellules qui les tapissent produisent
alors une substance qui provoque leur ouverture, le NO ou monoxyde d’azote.
Lorsque ces stimulations se renouvellent, les vaisseaux deviennent plus larges
en permanence et se multiplient. Pour un même débit cardiaque, le sang se répartit
dans des tuyaux plus ouverts, plus gros et plus nombreux… la pression diminue
encore !
- Peut-on chiffrer l’efficacité du sport ?
En
moyenne, le sport permet de réduire de 1 point le premier chiffre de tension et
de 0,5 le second. Cela peut vous sembler symbolique mais cet ordre de grandeur
est comparable à l’efficacité d’un médicament. Cela signifie qu’en cas
d’hypertension légère, l’activité physique peut vous éviter le petit comprimé
quotidien. Elle permet aussi de diminuer le traitement en cas de maladie plus
prononcée. Cette réduction apparemment modérée des chiffres tensionnels
s’accompagne d’un abaissement notable du risque de crise cardiaque et
d’hémorragie cérébrale.
- Les sports d’endurance et plus encore …
Pour
accéder à cette efficacité, il faut pratiquer un sport d’endurance pendant 30
minutes à 1 heure au moins 3 fois par semaine. L’intensité doit être suffisante
avec perception d’une augmentation du rythme respiratoire tel que vous puissiez
« parler mais pas chanter ». Une activité physique moins intense,
type marche à pied, semble moins utile à moins d’atteindre 5 heures
hebdomadaires. Les entraînements menant à l’essoufflement net n’apportent rien
de mieux et se montrent parfois délétères. WALSH en 2003 a bien mis en évidence
que la sollicitation d’une volumineuse masse musculaire augmentait
l’efficacité. En pratique, il faut utiliser vos jambes: vélo et course à pied
sont recommandés. Au cours de ces disciplines, on constate que l’ouverture et
l’élargissement des vaisseaux s’étend à tous le corps.
Ce
phénomène se majore encore quand les membres supérieurs et inférieurs sont
employés simultanément, en natation par exemple mais aussi en aviron, en rameur
ou sur elliptique. Un mouvement rapide et facile est préférable. En moulinant
sur petits braquets à vélo, l’alternance contraction/décontraction des muscles
favorise le pompage du sang et réduit le travail du cœur. La tension reste
modérée. La musculation légère a récemment démontré ses bienfaits. Sollicitez
de grands groupes musculaires (développé-couché, tiré, presse, etc.), soulevez
des charges légères, 20 à 40 fois, terminez votre série en ressentant la
possibilité d’effectuer 5 à 10 répétitions supplémentaires. Enchaînez
avec un autre mouvement sans faire de pause pendant 30 minutes. Vous venez
d’effectuer un vrai « jogging musculaire ». Pour constater les
effets d‘une pratique bien conçue, il faut attendre 3 à 4 mois d’une pratique
régulière. Les bienfaits ne peuvent être capitalisés et régressent plus vite,
après 6 semaines de sédentarité environ ! Régularité et continuité s’imposent !
- Quand le sport favorise l’hypertension !
Le sport
constitue une véritable crise hypertensive. Á intensité maximum, un hypertendu
mal soigné peut atteindre 30 de tension, un sportif sain 23 ! Encore une
fois, c’est en subissant une contrainte que le corps s’adapte, il apprend à
ouvrir plus largement ses vaisseaux ! Mais dans l’intervalle le risque de crise
cardiaque et d’hémorragie aura été nettement accru ! La prudence est de mise
! Même en dehors de la période de l’effort, certaines pratiques sportives
favorisent la survenue d’hypertension au repos. PETERSEN en 2006 a confirmé que
les entraînements trop intenses, trop fréquents se révélaient délétères.
L’organisme
tente en permanence d’assumer cette charge de travail et baigne dans les
hormones stimulantes. La fréquence cardiaque de repos s’élève insidieusement,
les artères deviennent moins sensibles au cisaillement et se referment. La
tension de repos augmente. Il en est de même pour les activités dites
statiques, comme certains arts martiaux ou la musculation lourde. Les muscles
puissamment et longuement contractés écrasent les vaisseaux qui les traversent.
Le cœur doit pousser plus fort et la tension s’accroît. Peu à peu, ce
dérèglement persiste au repos. De longues séances intensives d’aviron ou de
vélo, en envoyant lentement de gros braquets, cumulent ces deux mécanismes
nuisibles !
- Du sport contre l’hypertension ? Un bilan s’impose !
Vous
l’avez compris l’hypertension est fréquente, surtout chez les seniors !
Consultez votre médecin, faites mesurer votre pression artérielle. Vous
connaissez votre hypertension, faites la surveiller avant de pratiquer un
sport. Selon sa gravité, votre cardiologue orientera le bilan. Une échographie
est souvent utile pour recherché un accroissement de la taille du cœur
provoquée par son combat contre l’hyperpression. Un électrocardiogramme
enregistrant l’activité électrique du cœur est indispensable. Une épreuve
d’effort consistant à pédaler à fond sur un vélo de laboratoire sous
surveillance cardiologique, est fréquemment nécessaire. Elle recherche surtout
les conséquences de l’hypertension sur les artères du cœur… et donc le risque
de crise cardiaque à l‘effort ! Elle évalue également l’élévation de la tension
au cours de l’exercice. Cependant, cette mesure n’est pas aisée à réaliser, les
normes sont mal connues et les chiffres ne correspondent pas forcément à ceux
obtenus lors des activités de « terrain ». En pratique, pour analyser
les variations de tension, on préfère l’utilisation d’un petit compresseur
portable informatisé. Cet appareil réalise une « mesure ambulatoire de la
pression artérielle » (MAPA) tout au long de la journée et notamment
pendant votre entraînement. L’ensemble de ce bilan personnalisé permet à votre
cardiologue du sport d’équilibrer votre traitement et d’orienter votre pratique
sportive
- La tension artérielle, l’hypertension artérielle…
Lorsque
votre médecin vous indique que vous avez 13/8 de tension cela signifie que la
pression sanguine dans l’artère de votre bras peut soulever 13 centimètres de
mercure quand le cœur se contracte et encore 8 quand le cœur se relâche.
- 14/9 hypertension artérielle « légère ».
- 16/10 hypertension artérielle « modérée ».
- 18/11 hypertension artérielle « sévère ».
Initialement
cette maladie ne provoque aucun symptôme mais on l’appelle le “tueur
silencieux”.
Les
parois des vaisseaux érodées par le flux perpétuellement agressif cicatrisent
en s’épaississant à la manière d’une balafre sur la peau pleine de graisse.
L’artère ne tarde pas à se boucher et c’est la crise cardiaque. Parfois, de
petits capillaires sanguins se rompent à la faveur d’une poussée d’hypertension
et c’est l’hémorragie cérébrale !
- Des médicaments contre la tension et pour le sport !
Certaines
catégories de médicaments contre l’hypertension ne conviennent pas au sportif.
D’autres n’occasionnent aucune gène pendant l’effort.
- Les premiers ne sont pas conseillés.
Les diurétiques abaissent la tension en augmentant
la production d’urine et en réduisant le volume sanguin. De fait, ils
déshydratent et perturbent l’équilibre en minéraux.
Les bêtabloqueurs limitent l’action des hormones
stimulantes. Ils diminuent la fréquence cardiaque et empêchent la
libération d’énergie. Les muscles n’apprécient pas !
Ces 2
catégories sont de surcroît sur la liste des produits dopants. La première
permet de « maigrir » rapidement dans les sports à catégories de
poids. La seconde réduit le stress et les tremblements dans les disciplines de
précision
Les alphabloquants sont peu efficace sur la
tension pendant l’effort. Les antihypertenseurs « centraux » agissent sur le cerveau. Ils fonctionnent
correctement pendant le sport mais provoquent souvent une somnolence.
- Les suivants sont plus adaptés.
Les « inhibiteurs de l’enzyme de conversion »
(IEC), les « antagonistes de
l’angiotensine » (AA2), les « inhibiteurs
calciques » ouvrent les vaisseaux sanguins. Ils abaissent la
tension au repos et à l’effort. Ils n’ont pas d’effet indésirable notoire
pendant le sport, ils vous sont bien adaptés. Néanmoins pour venir à bout d’une
hypertension artérielle rebelle, il est possible que votre cardiologue y
associe d’autres catégories …
Source SantéSportMag
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