lundi 3 février 2014

Infos santé-Antioxydants


Antioxydants

Une étude révèle que les antioxydants pourraient favoriser la prolifération des cellules cancéreuses. En particulier dans les cas de cancers du poumon.

Une étude publiée mercredi 29 janvier dans la revue médicale américaine Science Translational Medicine montre que des compléments de vitamines antioxydantes accélèrent le développement de lésions précancéreuses ou de cancers précoces du poumon chez des souris et dans des cellules humaines en laboratoire. Pour la première fois, les chercheurs sont parvenus à élucider ce mécanisme.
Les antioxydants, comme les vitamines A, C et E, permettent de neutraliser des radicaux libres produits par l'organisme. Les radicaux libres assurent le nettoyage de l'organisme en éliminant en permanence les cellules anciennes ou défectueuses. Mais, en trop grand nombre, ils deviennent nocifs en raison de leur pouvoir oxydant élevé pouvant endommager les cellules, accélérer le vieillissement et provoquer des cancers.

Les chercheurs ont longtemps pensé que les substances antioxydantes pouvaient aider à prévenir des tumeurs cancéreuses. Et leurs bienfaits ont souvent été vantés. Mais plusieurs études cliniques récentes suggèrent qu'elles n'ont aucun effet pour empêcher notamment le cancer du poumon. Pire, elles peuvent même en accroître le risque chez certains groupes vulnérables comme les fumeurs.
La raison de ce paradoxe restait jusqu'alors obscure, explique le professeur Martin Bergö, co-directeur du Centre du cancer à l'Institut de médecine de Göteborg, en Suède, et principal auteur des travaux parus mercredi.

Dans cette étude, des souris génétiquement modifiées pour développer de petites tumeurs dans les poumons ont été traitées avec des compléments de vitamine E et un médicament antioxydant.
"Nous avons constaté que ces antioxydants ont triplé le nombre de tumeurs et aussi fortement accéléré leur agressivité", a expliqué le professeur Bergö. "Et les antioxydants ont tué ces souris deux fois plus vite", a-t-il ajouté, précisant que les effets de ces substances dépendaient de leur dosage. Ainsi, plus les doses étaient élevées, plus grands étaient les effets.
Ces résultats ont été reproduits dans deux modèles de recherche différents de souris et de cellules cancéreuses pulmonaires humaines in vitro, a précisé le chercheur.

Les antioxydants stimulent la progression du cancer en diminuant la quantité d'une protéine clé appelée "p53"dont le rôle principal est de détruire les cellules tumorales pour éviter qu'elles n'endommagent l'ADN.
"Quand nous avons éliminé cette protéine chez les souris et dans les lignées cellulaires de cancer du poumon humain, les antioxydants n’ont plus eu d'effet", a-t-il expliqué.
Les antioxydants ont une action délétère car, en diminuant les taux de radicaux libres dans les tumeurs, ils diminuent du même coup les quantités de protéines p53 dans le sang et laissent libre cours aux cellules cancéreuses pour se multiplier.
Ce mécanisme suggère que les personnes ayant de petites lésions ou tumeurs non diagnostiquées dans les poumons, ce qui est plus probable chez des fumeurs, devraient éviter les compléments d'antioxydants, a souligné le professeur Bergö.
Il reste à déterminer si cet effet néfaste se produit également pour d'autres types de cancers et si ces substances sont bénéfiques chez des personnes à faible risque pour prévenir des tumeurs cancéreuses, note-t-il.
"On ignore encore si les antioxydants peuvent réduire un risque de cancer chez des personnes en bonne santé", ajoute le professeur Bergö.

Une étude de chercheurs de l'Institut national américain du cancer publiée en 2011 et menée sur 28.000 hommes de 55 à 74 ans, avait déjà montré un lien entre le bêta-carotène, un puissant antioxydant présent dans de nombreux végétaux et consommé aussi sous forme de complément alimentaire, et une forme agressive de cancer de la prostate.
Ces chercheurs rappelaient également que les traitements anticancéreux visent à oxyder les cellules cancéreuses pour les détruire. Des antioxydants pourraient de ce fait affaiblir leur action thérapeutique.


Source sciencesetavenir.fr

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