Allergie : faut-il jeter son parfum ?
La Commission européenne a mis en place une
enquête sur les substances allergisantes contenues dans les parfums. Trois
substances sur la sellette.
"L’intention des parfums est de produire
un effet enivrant et séduisant” écrivait Patrick Suskind dans "Le
parfum"... mais ces derniers peuvent aussi déclencher des allergies chez
certaines personnes et la Commission européenne a décidé de prendre le sujet de
manière moins poétique en lançant une consultation sur les fragrances
allergisantes.
- Un système de cosmétovigilance depuis 2009
De la même manière
qu'il existe une pharmacovigilance pour les médicaments, il existe une
cosmétovigilance (démarche de surveillance des allergies et autres effets
indésirables provoqués par les cosmétiques) qui oblige "les fabricants à déclarer tout produit mis sur le marché ainsi
que de nourrir une base de données des effets indésirables commune à tous les
Etats membres" (mesure adoptée en mars 2009 par le Parlement
européen prévoyant).
Lorsqu'un nombre de
cas d’allergies concernant un ingrédient devient important ou qu’il existe un
doute sur l'innocuité d’un ingrédient, la Commission européenne met en place un
comité scientifique qui enquête sur les dites substances.
- Qu'est-ce qu'une allergie ?
L’allergie est la
réaction anormale du système immunitaire d’un organisme face à une substance
étrangère : l’allergène. La réaction d’allergie se divise en 2 phases :
- la phase de
sensibilisation ;
- la phase de réaction
allergique.
Elle peut se
manifester au niveau des yeux, du nez, du poumons ou sur la peau. L’allergène
peut se trouver dans l’air, dans les aliments, dans les médicaments, les
produits cosmétiques comme les crèmes et les parfums. L'allergène n'est pas
forcément une substance chimique toxique, il peut aussi se trouver dans la
nature (le pollen par exemple).
- 1 à 3 % de la population en Europe présente une allergie cutanée aux fragrances
Les symptômes les plus
fréquents sont une irritation, un gonflement et une éruption, mais ils peuvent
évoluer en une affection chronique (eczéma). Une réaction allergique à une
substance dépend de nombreux facteurs, notamment de la prédisposition génétique,
de l’âge et de l’intensité de l’exposition à cette substance. D'après le
comité..., 1 à 3 % des Européens seraient allergiques aux fragances.
- 3 allergènes sur la sellette
Les conclusions les
plus importantes du CSSC ont été les suivantes: trois substances, considérées
comme non sûres, devront être interdites de toute composition : le HICC
(hydroxyisohexyl 3-cyclohexene carboxaldehyde ), l’atranol et le chloroatranol.
En outre, douze produits chimiques ainsi que huit extraits naturels ont été
répertoriés comme particulièrement préoccupants. Il a été suggéré que leur
concentration dans les produits cosmétiques soient limitées.
- 2 à 3 ans pour appliquer la décision
Il y aura un temps de
consultation jusqu’en mai pour réunir et prendre en compte les remarques et
considérations de chaque acteur : impacts économiques, industriels. Après avoir
rendu ses conclusions, la Commission européenne laissera ensuite un délai d’adaptation
aux industriels de deux à trois ans pour appliquer les décisions.
Tous les allergènes
potentiels devront être mentionnés dans la liste des ingrédients, en plus des
termes "parfum" ou "aroma". D’autres travaux scientifiques
sont nécessaires pour définir des limites de concentration sûres pour les substances
chimiques particulièrement préoccupantes.
- Mieux vaut prendre de l'avance sur la réglementation
Evidemment, pour le
consommateur, il ne s'agit pas de jeter sa bouteille de parfum à la poubelle.
Mais il vaut mieux prendre de l'avance sur la réglementation, conseille
Laurence Wittner de l'Observatoire
des cosmétiques (portail d'information indépendant sur les cosmétiques). En
vérifiant qu'une des trois substances identifiées ne rentre pas dans la
composition de son parfum, explique-t-elle. De manière générale, il est
recommandé d'utiliser des produits hypoallergéniques (même si le risque
n'est jamais nul) et d'éviter toute fragrance pour les produits destinés aux
bébés.
Source Sciences et Avenir
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