Réformer la fonction publique en France ?
L’INSEE vient de
publier son tableau de l’économie française, un document annuel qui renferme
tout un tas de chiffres sur l’organisation du pays. Mercredi matin, le journal Le Figaro en publiait quelques
extraits. Une statistique a particulièrement retenu mon attention : 10,9 %.
C’est l’augmentation de l’emploi dans la fonction publique française –
notamment territoriale – entre 2000 et 2011. Aujourd’hui, les trois
fonctions publiques – d’État, territoriale donc et hospitalière –
emploient 5,4 millions de personnes, soit 77 agents pour 1000 habitants. La
France dépasse de loin des pays comme l’Allemagne qui dispose d’environ 50
fonctionnaires pour 1000 habitants ou bien le Japon qui n’en a que 40. En
proportion, l’emploi public représente 19,9% de l’emploi en France. Ce chiffre
nous place au-dessus de la moyenne de l’OCDE, qui se monte à 15,5%. Et encore,
on ne prend pas en compte ici les 134.000 emplois aidés, comme les fameux
emplois d’avenir, non viables sur le long terme, bien que défendus par les
gouvernements de droite comme de gauche. Avec la volonté de l’actuelle
majorité d’embaucher du personnel nouveau, notamment dans l’éducation, on peut
penser que ces chiffres vont continuer de croître dans l’avenir.
Les entreprises
d’État, de leur côté, emploient près de 800.000 personnes, dont une bonne
majorité à EDF, à la SNCF et à La Poste. Ces agents, outre la sécurité de leur
emploi, bénéficient d’avantages à faire rougir le premier salarié du privé
venu. Quelques exemples. Le personnel d’EDF ne paie que 10% de sa facture
d’électricité quand, dans le même temps, les employés de la SNCF ont le droit à
des rabais sur les billets pour presque toute leur famille. Une série de
privilèges, vieux de plusieurs décennies, qu’il est impossible de remettre en
cause au nom du sacro-saint contrat social entre la direction et les
salariés, ou plutôt les syndicats qui s’empressent de défendre ces droits acquis, un héritage des
nationalisations.
Ce fonctionnement de
la fonction publique en France énerve de plus en plus la population, d’autant
qu’elle constate une dégradation de la qualité de service alors que les moyens
déployés sont toujours d’importance. Pourtant, il ne semble pas question, pour
le pouvoir exécutif, d’évaluer l’efficacité des différentes administrations.
Alors que le poids de l’État se fait toujours plus grand dans notre vie de tous
les jours, que le pays connait des problèmes de chômage, que la croissance est
atone depuis quelques temps déjà, ne serait-il pas opportun de la
part de nos élites de reconsidérer sa place dans la société ? Des pistes
sont déjà connues : fusion de certains services, suppression des
doublons… D’autres sont à l’étude comme déléguer au privé certains secteurs de
l’économie telle la culture ou le logement.
Des politiques
similaires ont été mises en places au Canada ou en Suède dans les années 90 et
plus récemment au Royaume-Uni, après l’élection du conservateur David Cameron.
Malgré les réformes profondes menées dans ces administrations publiques –
diminution du nombre de fonctionnaires, privatisations –, le chômage est moins
élevé qu’il ne l’est en France et surtout, la croissance est repartie à la
hausse, tout comme les recettes fiscales. Contrairement à la France, ces pays
ont choisi de faire porter les efforts sur des économies structurelles et non
sur des hausses d’impôts, qui présentent le désavantage d’assécher les canaux
de l’investissement et de décourager les individus d’entreprendre. Si l’on
ajoute à cette instabilité fiscale, une instabilité législative
qui provoque l’émergence d’agences, de commissions toujours plus nombreuses et
leur enchevêtrement de décisions, de normes, de paperasse à remplir, on
complique le retour de la prospérité économique.
De fait, une
révolution intellectuelle est nécessaire en France. Un bouleversement de nos
mentalités. Chose qui n’interviendra que si l’État prend les bonnes décisions
ou incitations et envoie les bons signaux.
Source contrepoints (Par Alexandre C.)
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