Libertariens et libertaires
"Les libertariens
ne sont pas des anarchistes, ce sont des ultra-libéraux"
Nous allons décrire ici ce que sont les
libertariens et leurs nombreux avatars: anarcho-capitalistes, agoristes,
minarchistes, panarchistes, etc...
Libertariens et libertaires: 2 mondes opposés !
- Des faux anarchistes
Nous nous
devons tout d'abord de préciser les contradictions de l'utilisation par les
capitalistes libéraux de la terminologie anarchiste.
Malgré
leur volonté de récupération de la mouvance individualiste principalement
américaine d'ailleurs de l'anarchisme (Spooner, Tucker, etc...) les
libertariens sont pour un individualisme libéral et non pas des anarchistes
individualistes.
Pour ne
pas permettre la confusion des genres, certains libéraux (Rothbard notamment,
disciple de l'économiste ultra-libéral Mises) s'approprieront le terme de
"libertarian", puis, du fait, que la nouvelle désignation ne changera
rien à leurs pratiques libérales habituelles, d'autres libéraux, opposés à la
faction minarchiste qui ne demande que la limitation des prérogatives de
l'Etat, créeront l'oxymore "anarcho-capitaliste".
Il se
trouve, dans les faits, que les libertariens/anarcho-capitalistes
("anarcaps" pour les intimes) forment des partis politiques qui se
révèlent n'être, selon la tendance, que des soutiens pour des partis centristes
de droite ou conservateurs ; donc ils soutiennent de fait l'existence de
l'Etat.
En
rentrant dans le jeu de l'autorité publique, ils s'excluent ainsi de leurs
prétentions anarchistes.
Rothbard
réclamera la création d'un parti populiste.
Leur
défense de la propriété privée des moyens de production et de distribution fait
qu'ils n'ont rien contre le pouvoir que les propriétaires ont concernant des
locataires ou des salarié(e)s.
D'ailleurs,
dans de nombreux ouvrages, ils admettent l'esclavage comme une possibilité
(voir F.2.2 Do "libertarian"-capitalists support slavery ?)
(infoshop.org/faq/secF2.html#secf22).
Les
anarcho-capitalistes (ou libertariens) ne s'opposent pas à la concentration de
la richesse, aux distinctions de classe.
Ils
utilisent également la manipulation à des fins idéologiques (l'oxymore
"anarcho-capitaliste" étant un exemple). Cet oxymore associe 2 termes
, anarcho (qui se réfère à l'anarchisme) et capitalisme. Mais les termes
"anarcho" et "capitalisme" signifie pour eux
"individualisme" (au sens libéral) et "libéralisme
économique".
Les
anarcho-capitalistes sont en fait simplement des capitalistes qui s'opposent au
découpage par l'Etat de leurs propres bénéfices par les règlements et par
l'imposition. C'est leur rogne unique contre l'Etat.
Leur rejet
de l'Etat est factice car ils ne rejettent pas la hiérarchie (fondement des
sociétés autoritaires) et, n'ont donc, rien d'anarchistes.
- Des doctrinaires libéraux
Les
libertariens prônent la privatisation de tous les services publics. Selon
Friedman, les règles du Droit seraient produites sur un marché libre, alors que
selon Rothbard, elles découlent de la théorie du Droit Naturel.
Tous les
services seraient donc laissés au libre jeu du marché (firmes, multinationales,
etc...). C'est la concurrence qui assurerait l'équilibre.
D'autre
part, ce mouvement revendique le capitalisme, dont le salariat est une
composante, salariat qui est une forme d'organisation économique entre un
dominant, le patron/propriétaire, et le dominé, le travailleur/locataire.
Leur
doctrine défend également le "droit" des enfants à travailler et la
prostitution.
Ce sont,
selon eux, des conséquences logiques du droit naturel.
Ils
défendent aussi la "hiérarchie naturelle" ainsi que la hiérarchie
économique et sociale qui ne fait que refléter, selon eux, une hiérarchie
naturelle "inévitable".
Hans-Hermann
Hoppe s'exclame ainsi: "les riches sont en règle générale intelligents et
industrieux, alors que les pauvres sont typiquement stupides ou paresseux, ou
les deux à la fois".
Ils ont
parfois également, suivant la logique de la "hiérarchie naturelle"
des positions qu'on peut assimiler à de l'eugénisme, ainsi que des tendances
anti-écologistes.
Hormis
Friedman, ils prennent des positions anti-immigrationnistes.
Ils sont
pour le port d'armes et les ventes d'armes libres.
Enfin, ils
peuvent également être taxés de liberticides puisque leur vision de la liberté
est principalement orientée sur la capacité économique de l'individu ; celles
ou ceux qui ont beaucoup d'argent auront plus de liberté que celles ou ceux qui
ont peu d'argent, la liberté pour eux/elles a un prix.
Les
libertariens (ou anarcaps) vénèrent d'ailleurs les entrepreneurs(ses) riches.
Leurs maîtres-mots sont privatisation et concurrence.
- Des religieux de la propriété privée
La
propriété privée des moyens de production et l'individualisme semble les
principes fondamentaux de certains libertariens, menant au libéralisme
économique ou capitalisme de marché. La propriété privée des moyens de
production, représentant le principe capitaliste, a amené à toutes sortes de
situations invivables, que cela soit par un régime démocratique, ou par un
régime fasciste.
De
nombreux libertariens refusent la démocratie, mais en arrivent parfois à
accepter le fascisme ou le monarchisme (tels les physiocrates) qui permettent
souvent l'application du libéralisme économique par des fonctions
essentiellement régaliennes de l'Etat, au contraire de la démocratie qui peut
limiter parfois les droits de propriété privée des moyens de production.
- Les libertariens et le fascisme
Parmi les
théoriciens "libertariens", certains ont félicités la venue de
sociétés fascistes. Par exemple, Ludwig von Mises, en 1927, tout en usant de la
rhétorique nécessaire, énoncera les bienfaits du fascisme, le fascisme
salvateur de la civilisation.
Friedrich
von Hayek (disciple de von Mises) en fera de même avec la dictature fasciste de
Pinochet, tout autant que Milton Friedman et ses Chicagos Boys (du CATO
Institute) qui conseilleront le dictateur chilien quand à l'application
politique du libéralisme économique.
Il est
actuellement toujours question des liens de ces groupements avec le fascisme,
on peut remarquer les similitudes de leurs programmes économiques avec ceux de
partis fascistes ou assimilés (Vlamms Blok, Front National...).
Des
libertariens considèrent que le fascisme est une réponse salutaire face au
socialisme ou à la démocratie. Ceci expliquant peut-être les propos positifs de
libertariens vis à vis du fascisme.
Ludwig von
Mises a écrit: "On ne peut nier que le fascisme et les mouvements
similaires cherchant à mettre en place des dictatures sont remplis des
meilleures intentions et que leur intervention a, pour l'instant, sauvé la
civilisation européenne. Le mérite qui en revient au fascisme demeurera
éternellement dans l'histoire". "Libéralisme", 1927, Chapitre
10, L'argument fasciste.
Hans-Hermann
Hoppe a écrit: "Il ne peut y avoir de tolérance vis-à-vis des démocrates
et des communistes dans un ordre social libertarien. Ils devront être séparés
et expulsés physiquement de la société. De même, dans un engagement fondé dans
l'optique de protéger la famille et les proches, ils ne peut y avoir de
tolérance vis-à-vis de ceux qui défendent habituellement des modes de vie
incompatibles avec cet objectif. Ceux-là -les défenseurs de styles de vie
différents, non-centrés sur la famille et les proches, tels que l'hédonisme
individuel, le parasitisme, la vénération de la nature et de l'environnement,
l'homosexualité ou le communisme- ils devront être éliminés physiquement de la
société également, si l'on souhaite maintenir un ordre libertarien". In
"Democracy: The God That Failed", 2001.
- Une fausse liberté
La
conception de la liberté que promeut un libertarien est une pièce maîtresse de
son argumentaire. Or celle-ci est également on ne peut plus éloignée des
positions anarchistes.
Cette
liberté est la liberté individuelle de n'être pas entravée: c'est la liberté
dite négative, conçue d'une manière purement individuelle et garantie par un
système de protection que certaines ou certains veulent privée tandis que
d'autres reconnaissent qu'un Etat sera nécessaire à son maintien. Or cette
liberté, qui ignore tout des circonstances, est d'une confondante pauvreté. Le
salarié(e) contraint de se vendre y est présumé libre.
C'est la
liberté du renard dans le poulailler , c'est celle de ces villes grillagées ou
de ces beaux quartiers derrière lesquelles se réfugient les plus riches
citoyens pour échapper au chaos qu'ils ont créé, c'est la liberté qui s'accroît
avec l'esclavage d'autrui.
Le
libertarianisme est une liberté faussée par l'argent. Seuls les riches auraient
une réelle liberté puisque dans une société libertarienne, tout se paye.
- Une nébuleuse ultra-libérale
David
Nolan a fondé le Parti Libertarien américain en 1971. Il a créé un diagramme
pour montrer que sa doctrine est supérieure aux autres, diagramme largement
critiqué par les anarchistes parce qu'il ne montre que les thèmes que défendent
les libertariens: le libéralisme économique et les libertés individuelles au
sens libéral.
Ayn Rand
(1905-1982) théoricienne de l'Objectivisme, une doctrine de philosophie morale
qui prône l'égoïsme comme moteur de toutes les actions humaines.
Elle a
fait avant tout le monde et dans l'Amérique du New Deal l'apologie d'un
capitalisme libéral. A bien des égards, Rand est la "maman" de tous
les libertariens, celle à laquelle toutes et tous se réfèrent. (voir
politique-info.org/archive-08-2006.html)
Rothbard
désigne le libéral Molinari comme le précurseur de
"l'anarcho-capitalisme", notamment pour avoir proposé la mise en
concurrence des gouvernements. Hors Molinari proposait la gestion libérale par
des Etats minimaux, s'inspirant du panarchisme. Mais Rothbard n'est pas à une
incohérence près.
Les
libertariens se basent également sur les travaux d'économistes ultra-libéraux
tels que Mises, Bastiat, Hayek, Molinari, etc...
Plusieurs
Partis Libertariens existent: Parti Pirate Suédois, Alternative Libérale en
France. Ils ont une influence non négligeable en premier lieu aux USA et en
Amérique du Sud mais également au Canada, en Belgique ou en Suisse.
- En forme de conclusion
Le
mouvement libertarien est d'essence libérale.
Il se
distingue de l'anarchisme de 2 manières:
-Loin de
nier la propriété privée, il se fonde sur elle.
-Après
avoir posé l'égalité formelle de tous les individus en droit, il admet les
inégalités matérielles.
Le
libertarianisme est la forme ultime du capitalisme individualiste, l'argent est
son dieu. Ce mouvement a le soutien moral des rentiers et des milliardaires.
Source Normand Baillargon et d'Anarchopédia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire