No kids
Ils n’ont pas d’enfant et n’en veulent pas
La famille est la valeur préférée des Français,
les couples homosexuels revendiquent haut et fort leur souhait d’avoir une
descendance, droite et gauche s’écharpent sur les valeurs à enseigner à nos
têtes blondes… et eux restent en dehors de tout cela.
Ils n’ont pas
d’enfant, et n’en veulent pas. Un choix qui, en France, reste marginal, d’après
les données publiées par l’Institut national d’études démographiques (INED) le
12 février.
Ils sont 6,3 % des
hommes et 4,3 % des femmes, selon l’enquête « Fecond », réalisée en 2010 auprès
de 5 275 femmes et 3 373 hommes âgés de 15 à 49 ans par l’INED et l’Institut
national de la santé et de recherche médicale (Inserm). La moitié sont en couple.
Pas d’inquiétude pour les chiffres de la natalité française : ces proportions
sont stables depuis une vingtaine d’années.
Ce
qui étonne, c’est à quel point ce choix reste mal perçu, surtout pour les
femmes, qui restent assignées au rôle de mère, bien qu’elles aient largement
investi la sphère professionnelle.
- De l'amicale pression à la menace voilée
Il suffit de tendre
l’oreille ou de parcourir des forums de discussion féminins pour s’en
convaincre. « Je n’ai pas envie de supporter toutes les contraintes des enfants
mais j’ai peur du regard des autres ! », témoignait début février une femme de
27 ans sur Doctissimo. « Tu as peut-être
seulement besoin de grandir encore un peu dans ta tête pour être capable
d’assumer une maternité avec bonheur », lui répondait une « mère de trois
enfants ».
Face aux «
sans-enfants », toute une palette de réaction est décrite, de l’amicale
pression à la menace voilée : « Tu ne seras pas
une femme épanouie », « Alors c’est pour
quand ? », « Ça va venir, tu verras
», « Tu regretteras plus tard »… Les
personnes en couple stable sont particulièrement ciblées.
« L’arrivée d’un premier enfant fait toujours partie du
parcours conjugal attendu, l’absence d’enfant pouvant renvoyer à un
dysfonctionnement », analysent Charlotte Debest et Magali Mazuy, les
deux auteurs de l’étude. Une pression, diffuse, s’exerce sur les couples.
- Taxés d'égoïsme
Vivre sans enfant,
c’est prendre le risque de vivre un peu en marge. Pourquoi ? Non pour des
raisons de santé ou financières, mais pour «
être bien sans enfant », « rester libre
» ou se consacrer à « d’autres priorités
». « L’épanouissement personnel »
apparaît comme la principale motivation des personnes concernées, même si l’âge
est cité après 40 ans.
Les « sans-enfants »
sont souvent taxés d’égoïsme, mais c’est oublier que la société envoie des
injonctions contradictoires : elle valorise autant la famille (c’est-à-dire la
stabilité professionnelle et conjugale, la disponibilité pour les autres) que la
liberté individuelle (l’autonomie, l’épanouissement personnel, la mobilité)…
Les « sans-enfants » renoncent à tout concilier et privilégient la deuxième
option.
Chez les femmes, ce
sont souvent les plus diplômées, tandis que l’effet inverse est observé chez
les hommes. « Les souhaits d’infécondité volontaire sont plus fréquents chez
les personnes qui, par leur position sociale, sont les plus éloignées de
l’idéal du “bon parent” véhiculé par la société actuelle », analyse l’INED.
Un « idéal » qui
reste, pour une femme, d’être peu diplômée et disponible pour sa famille, et
pour un homme de ramener de l’argent à la maison grâce à ses diplômes. La
marginalité des sans-enfants est la preuve que ce schéma reste bien ancré dans
les représentations collectives.
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