Un jour Toto sera ministre !
Voici un édito savoureux de
Sébastien Lacroix paru, il y a quelques mois, notamment dans l‘Union-L’Ardennais :
Toto est nul en
orthographe. A force d’avoir zéro à ses dictées, il déprime et ne fait plus
aucun effort pour progresser. Alors son maître décide de passer à une
« évaluation positive » et de lui attribuer des points lorsqu’il
parvient à écrire des mots sans faute. Pour l’aider, il lui donne aussi un
point s’il arrive à l’heure en cours, un point s’il a pensé à prendre un stylo,
un point s’il coupe son portable. Résultat, Toto n’a plus zéro et il est fier.
Le jour où Toto cherche un boulot, il envoie des CV partout. Il n’est retenu
nulle part car les méchants patrons choisissent les candidats ne faisant pas de
faute d’orthographe.
Pour s’occuper, Toto
passe son permis de conduire. Mais il échoue car il confond les panneaux et
renverse des piétons dans les rues. Un jour, pour ne pas décourager Toto,
l’administration l’embauche malgré ses fautes d’orthographe. Et ordonne qu’on
lui donne son permis de conduire en lui attribuant un point à chaque fois qu’il
évite un piéton qui traverse ou reconnaît un panneau de sens interdit. Grâce à
« l’évaluation positive », Toto n’est pas au chômage. A quelques
détails près c’est la réforme qu’entend mettre en place l’Education nationale
pour valoriser les progrès des élèves en orthographe. Il faut croire que
d’éminents chercheurs en sciences de l’éducation ont pesé le pour et le contre
pour arriver à la conclusion qu’il y avait là un moyen de tirer le niveau moyen
vers le haut. Pas de doute, en remontant les mauvaises notes, on remonte la
moyenne.
Le problème, c’est
que, dans la vraie vie, la compétition n’est pas indulgente avec ceux qui font
des fautes. Un excès de vitesse, et hop !, un point en moins. Une erreur
de calcul sur sa déclaration de revenu et hop !, un redressement. Trois retards
au boulot et hop !, une mise à pied. Si, pardon, il existe une station
expérimentale de l’évaluation positive. C’est le PS. Là, vous pouvez devenir
premier secrétaire sans rien faire, puis, si vous ne faites toujours rien, pour
ne pas vous décourager, on vous nomme ministre des affaires européennes.
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