Fracture du scaphoïde
En chutant sur la main, vous pensez avoir été
victime d’une entorse du poignet. Attention, c’est peut-être une fracture du
scaphoïde ! En cas de négligence, de gros ennuis vous attendent !
Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin et
traumatologue du sport.
« Toute
entorse du poignet est une fracture du scaphoïde jusqu’à preuve du
contraire » dit l’adage médical. En effet, ce petit os est situé à la base
du pouce, à la jonction avec l’avant bras. Il peut se briser à l’occasion de
traumatisme apparemment anodin. Lorsque vous tombez sur la main, il est pris en
tenaille entre le poignet et les os de l’avant bras. Du fait de sa petite
taille, la douleur et le gonflement se montrent souvent modérés. Voilà qui est
trompeur !
- Toujours penser à la fracture du scaphoïde
Votre
médecin du sport recherche une douleur caractéristique. Il appuie sur le
scaphoïde, entre les cordelettes tendineuses situées à l’arrière du pouce. Vous
criez ! Aie, le doute s’installe. Il prescrit des radios. Parfois la
fracture n’est pas visible. Au moindre doute, il faut immobiliser le poignet et
refaire des clichés ou un scanner 10 jours plus tard. Au cours de cette
période, les globules blancs vont nettoyer la zone cassée et le trait de
fracture apparaîtra plus nettement. Pour gagner du temps, une IRM peut être
indiquée. On constate parfois la présence massive d’eau dans le scaphoïde.
C’est l’hématome et l’œdème de la fracture !
- Trois mois de plâtre ! C’est justifié !
Chez
l’Homme, le plus célèbre des bipèdes, le membre supérieur est très mobile et ne
supporte pas le poids du corps. Ainsi en cas de fracture de la main, l’adage
médical est d’affirmer que « la mobilité prédomine sur la solidité ». De fait,
les durées d’immobilisation sont souvent courts… sauf pour le scaphoïde !
Pour permettre la consolidation totale de ce petit os, un plâtre prenant le
poignet et le pouce doit être conservé 3 mois. Au cours de la première moitié
du traitement, certains médecins proposent d’éviter les rotations de la main en
bloquant également le coude. Ce délai d’immobilisation est amplement
justifié ! Souvent, les vaisseaux nourrissant le scaphoïde sont déchirés
par la fracture. Ce petit os incurvé a pour mission de serrer tous les osselets
du poignet. Les contraintes mécaniques qui lui sont imposées peuvent provoquer
un glissement des fragments. Aussi, le cal osseux a-t-il du mal à se
constituer. Le scaphoïde assume d’importantes contraintes mécaniques. Trois
mois, c’est le temps nécessaire pour refaire de l’os, que ce soit un grand
fémur ou un petit scaphoïde. Une immobilisation rigoureuse et prolongée se
révèle indispensable. Sinon, la zone cassée peut rester trop souple, c’est la
“pseudarthrose”. Quelques fois, les morceaux se fixent en mauvaise position
c’est le “cal vicieux”. Enfin, l’extrémité osseuse ne recevant pas suffisamment
de sang peut mourir, c’est la “nécrose”. Les petites fractures situées à
l’extrémité du scaphoïde permettent parfois de limiter l’immobilisation à 6
semaines. Si les fragments osseux sont déplacés ou instables, une intervention
chirurgicale permet de réunir les morceaux avec une vis.
- Fracture du scaphoïde négligée, poignet rapidement handicapé
Petit
mais costaud, le scaphoïde maintient en étaux tous les petits osselets du
poignet.
En cas
de fracture mal consolidée, l’architecture osseuse se disloque au moindre geste
de la main. Les mouvements anarchiques de ces petites pièces osseuses ne
tardent pas à user le cartilage qui les recouvre, c’est l’arthrose du poignet.
L’articulation devient douloureuse et perd de sa souplesse. Le tennisman ne
parvient plus à tenir sa raquette et le golfeur ne peut serrer son club. Le
judoka souffre en saisissant un kimono. Les karatéka et boxeur ont mal en
frappant. Pour le joueur de volley, de hand ou le gardien de but, attraper un
ballon devient douloureux. Même le joueur de champs n’ose plus tacler.
Surtout, vous avez mal dans la vie quotidienne. Vous êtes à la peine pour
porter, soulever, vous appuyer ou écrire. Alors ne négligez pas vos « entorses
du poignet » !
- Gardez la forme
Heureusement,
le poignet est bien immobilisé dans une résine parfaitement moulée. Ainsi,
rapidement, vous êtes invité à renouer avec la course. Sur vélo d’appartement,
posez les avant-bras sur le guidon. Une dizaine de jour plus tard, après accord
de votre médecin, vous pouvez même tomber… et reprendre le foot dans le champ.
Le plus souvent, les arbitres autorisent les matchs si on prend soins de
recouvrir le plâtre par un peu de mousse. Il est également possible de faire de
la musculation. Renforcez vos jambes et votre buste mais aussi vos membres
supérieurs. Certains appareils comme le butter-fly ou le rowing n’imposent pas
de prise manuelle mais juste des appuis sur les bras ou les avant bras. Pour
réaliser une bonne gym à domicile, utilisez des élastiques et placez les
poignées autour des poignets. Dans ces conditions, vous parvenez à vous soigner
correctement, tout en gardant la forme !
- Faites de la kinésithérapie, Reprenez votre sport !
Au
sortir de la résine, votre poignet n’est pas fonctionnel ! Vous manipulez
difficilement votre ballon, votre raquette ou votre club de golf. Au foot,
conservez quelques semaines un petite attelle à velcro. De la rééducation
s’impose pour retrouver de la mobilité, de la force et de la coordination.
Votre kinésithérapeute vous assouplit en douceur et vous propose de nombreux
exercices. Vous-même, bougez votre main dans un bain chaud, serrez une éponge.
Peu à peu, gagnez en spécificité. Pédalez sur home-trainer en tenant le cintre.
Dès que la prise est stable et que le freinage est aisé, reprenez les
entraînements sur route. Attendez un peu pour les chemins caillouteux à
VTT. Travaillez avec un ballon en mousse ou sous gonflé. Utilisez une raquette
légère, commencez par refaire les gestes techniques lentement, à vide.
Poursuivez avec des balles molles. Le tennis de table peut constituer un
intermédiaire ludique. Saisissez votre club, réconciliez vous avec votre grip.
Débutez par le putting puis les approches, finissez avec les swings. Soyez
progressif. Après l’ablation de la résine, comptez au moins un mois pour
retrouver vos sensations et votre niveau. En pratique, c’est votre médecin et
surtout votre poignet qui vous préciserons vos délais de reprise.
Source SantéSportMag
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire