vendredi 4 septembre 2020

Infos santé : Sport et Santé-Fracture du scaphoïde


Fracture du scaphoïde

En chutant sur la main, vous pensez avoir été victime d’une entorse du poignet. Attention, c’est peut-être une fracture du scaphoïde ! En cas de négligence, de gros ennuis vous attendent !

Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin et traumatologue du sport.

« Toute entorse du poignet est une fracture du scaphoïde jusqu’à preuve du contraire » dit l’adage médical. En effet, ce petit os est situé à la base du pouce, à la jonction avec l’avant bras. Il peut se briser à l’occasion de traumatisme apparemment anodin. Lorsque vous tombez sur la main, il est pris en tenaille entre le poignet et les os de l’avant bras. Du fait de sa petite taille, la douleur et le gonflement se montrent souvent modérés. Voilà qui est trompeur !

  • Toujours penser à la fracture du scaphoïde
Votre médecin du sport recherche une douleur caractéristique. Il appuie sur le scaphoïde, entre les cordelettes tendineuses situées à l’arrière du pouce. Vous criez ! Aie, le doute s’installe. Il prescrit des radios. Parfois la fracture n’est pas visible. Au moindre doute, il faut immobiliser le poignet et refaire des clichés ou un scanner 10 jours plus tard. Au cours de cette période, les globules blancs vont nettoyer la zone cassée et le trait de fracture apparaîtra plus nettement. Pour gagner du temps, une IRM peut être indiquée. On constate parfois la présence massive d’eau dans le scaphoïde. C’est l’hématome et l’œdème de la fracture !

  • Trois mois de plâtre ! C’est justifié !
Chez l’Homme, le plus célèbre des bipèdes, le membre supérieur est très mobile et ne supporte pas le poids du corps. Ainsi en cas de fracture de la main, l’adage médical est d’affirmer que « la mobilité prédomine sur la solidité ». De fait, les durées d’immobilisation sont souvent courts… sauf pour le scaphoïde ! Pour permettre la consolidation totale de ce petit os, un plâtre prenant le poignet et le pouce doit être conservé 3 mois. Au cours de la première moitié du traitement, certains médecins proposent d’éviter les rotations de la main en bloquant également le coude. Ce délai d’immobilisation est amplement justifié ! Souvent, les vaisseaux nourrissant le scaphoïde sont déchirés par la fracture. Ce petit os incurvé a pour mission de serrer tous les osselets du poignet. Les contraintes mécaniques qui lui sont imposées peuvent provoquer un glissement des fragments. Aussi, le cal osseux a-t-il du mal à se constituer. Le scaphoïde assume d’importantes contraintes mécaniques. Trois mois, c’est le temps nécessaire pour refaire de l’os, que ce soit un grand fémur ou un petit scaphoïde. Une immobilisation rigoureuse et prolongée se révèle indispensable. Sinon, la zone cassée peut rester trop souple, c’est la “pseudarthrose”. Quelques fois, les morceaux se fixent en mauvaise position c’est le “cal vicieux”. Enfin, l’extrémité osseuse ne recevant pas suffisamment de sang peut mourir, c’est la “nécrose”. Les  petites fractures situées à l’extrémité du scaphoïde permettent parfois de limiter l’immobilisation à 6 semaines. Si les fragments osseux sont déplacés ou instables, une intervention chirurgicale permet de réunir les morceaux avec une vis.

  • Fracture du scaphoïde négligée, poignet rapidement handicapé
Petit mais costaud, le scaphoïde maintient en étaux tous les petits osselets du poignet.
En cas de fracture mal consolidée, l’architecture osseuse se disloque au moindre geste de la main. Les mouvements anarchiques de ces petites pièces osseuses ne tardent pas à user le cartilage qui les recouvre, c’est l’arthrose du poignet. L’articulation devient douloureuse et perd de sa souplesse. Le tennisman ne parvient plus à tenir sa raquette et le golfeur ne peut serrer son club. Le judoka souffre en saisissant un kimono. Les karatéka et boxeur ont mal en frappant. Pour le joueur de volley, de hand ou le gardien de but, attraper un ballon devient douloureux.  Même le joueur de champs n’ose plus tacler. Surtout, vous avez mal dans la vie quotidienne. Vous êtes à la peine pour porter, soulever, vous appuyer ou écrire. Alors ne négligez pas vos « entorses du poignet » !


  • Gardez la forme 
Heureusement, le poignet est bien immobilisé dans une résine parfaitement moulée. Ainsi, rapidement, vous êtes invité à renouer avec la course. Sur vélo d’appartement, posez les avant-bras sur le guidon. Une dizaine de jour plus tard, après accord de votre médecin, vous pouvez même tomber… et reprendre le foot dans le champ. Le plus souvent, les arbitres autorisent les matchs si on prend soins de recouvrir le plâtre par un peu de mousse. Il est également possible de faire de la musculation. Renforcez vos jambes et votre buste mais aussi vos membres supérieurs. Certains appareils comme le butter-fly ou le rowing n’imposent pas de prise manuelle mais juste des appuis sur les bras ou les avant bras. Pour réaliser une bonne gym à domicile, utilisez des élastiques et placez les poignées autour des poignets. Dans ces conditions, vous parvenez à vous soigner correctement, tout en gardant la forme !

  • Faites de la kinésithérapie, Reprenez votre sport !
Au sortir de la résine, votre poignet n’est pas fonctionnel ! Vous manipulez difficilement votre ballon, votre raquette ou votre club de golf. Au foot, conservez quelques semaines un petite attelle à velcro. De la rééducation s’impose pour retrouver de la mobilité, de la force et de la coordination. Votre kinésithérapeute vous assouplit en douceur et vous propose de nombreux exercices. Vous-même, bougez votre main dans un bain chaud, serrez une éponge. Peu à peu, gagnez en spécificité. Pédalez sur home-trainer en tenant le cintre. Dès que la prise est stable et que le freinage est aisé, reprenez les entraînements sur route. Attendez un peu pour les chemins caillouteux à VTT.  Travaillez avec un ballon en mousse ou sous gonflé. Utilisez une raquette légère, commencez par refaire les gestes techniques lentement, à vide. Poursuivez avec des balles molles. Le tennis de table peut constituer un intermédiaire ludique. Saisissez votre club, réconciliez vous avec votre grip. Débutez par le putting puis les approches, finissez avec les swings. Soyez progressif. Après l’ablation de la résine, comptez au moins un mois pour retrouver vos sensations et votre niveau. En pratique, c’est votre médecin et surtout votre poignet qui vous préciserons vos délais de reprise.

Source SantéSportMag

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