Point de côté
Cette douleur sous les poumons survient souvent
chez le débutant, mais le coureur expérimenté n’est pas épargné. Faisons
le point sur les causes et tentons de trouver des solutions !
Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
La
recherche n’a pas beaucoup exploré l’origine du point de côté. Normal ! Ce
n’est pas très grave ! De fait, plusieurs hypothèses tentent d’expliquer
ces douleurs. En fait, il est probable que ces mécanismes soient intriqués et
qu’il n’existe pas « un » point de côté mais « des » points
de côté, variables selon les individus et circonstances.
- Une distension de la rate et du foie
Vous le
savez, en se contractant la partie droite du cœur propulse le sang dans les
poumons. En se dilatant, elle aspire le sang provenant de tout le corps. La
respiration aussi y contribue. A l’inspiration, le diaphragme situé entre les
poumons et le ventre se contracte et descend. Il crée une dépression dans le
thorax et en compresse l’abdomen. Il participe aussi au retour du sang vers le
cœur. Lorsque le cœur droit fatigue, quand la respiration devient plus
haletante, le sang s’accumule dans les organes situés en haut de l’abdomen, la
rate et le foie. La coque fibreuse qui entoure ces derniers est mise en
tension et devient douloureuses. A droite, un point de côté est une douleur du
foie. A gauche, vous avez mal à la rate. D’où l’expression, « courir comme
un dératé » … qui n’aurait jamais de point de côté !
- Une contracture des muscles respiratoires
Les
muscles respiratoires augmentent leur quantité de travail pendant l’effort,
tout particulièrement quand on franchit le seuil de l’essoufflement. Le
principal, c’est le diaphragme, ce gros piston dont nous avons déjà parlé.
En forme de coupole, juste derrière les dernières côtes, il s’accroche à
la base du thorax et s’aplatit lors de sa contraction. De petits muscles en
forme de peigne relient les côtes entre elles. Ce sont les intercostaux. Quand,
il se contracte, il diminue le volume des poumons et contribue à l’expiration.
Diaphragme et intercostaux s’épuisent parfois lors des exercices intenses.
Quand ils manquent d’énergie, ils font des «contractures», Ces blocages
musculaires sont l’équivalent d’une rigidité mortuaire localisée … Ces
douleurs sont probablement à l’origine de nombreux «point de côté».
- Des spasmes du colon
En haut
de l’abdomen, juste sous le diaphragme, le gros intestin est suspendu par
de volumineux ligaments appelés épiploon. Ces structures contiennent les
vaisseaux qui apportent l’oxygène au tube digestif. Quand vous courez,
l’oxygénation de votre colon est fortement diminuée, le sang est
préférentiellement orienté vers les muscles. De surcroît, vous le secouez
allégrement au rythme des foulées et des sauts. Ses points d’accrochages
sont irrités et les petites artères qui les traversent se contracte, le sang
passe encore moins bien. Les angles coliques droit ou gauche se spamment et
deviennent douloureux. Voilà encore un autre mécanisme justifiant bon
nombre de points de côté.
- Évitez les points de côté !
Certaines
astuces traditionnelles courent encore. Souvent on vous propose de serrer très
fort un caillou dans la main. A priori rien de logique avec les mécanismes que
nous venons de décrire. Ceux qui ont essayé n’ont pas non plus été convaincus.
Peut-être certains ont-ils oublié leur douleur de point de côté tant ils
avaient mal à la main. Voici quelques méthodes plus cohérentes qui
méritent d’être testées. Leur efficacité dépendra notamment de la cause de vos
douleurs.
- Respirez posément
L’essoufflement
réduit l’amplitude des mouvements du thorax et perturbe le drainage de
l’abdomen. Il épuise les muscles respiratoires. Rate et foie risquent de
s’engorger ; diaphragme et intercostaux vont se contracturer. Prenez soin
de respirer calmement et amplement. Évitez « l’hyperventilation
anarchique ». Ne franchissez pas le seuil de l’essoufflement.
Entraînez-vous pour repousser ce moment charnière. Dès que la gêne apparait,
ralentissez, respirez amplement, inspirez profondément. En cas de point de côté
droit. Inclinez votre buste à gauche, levez la droite : vous étirez vos
muscles thoraciques. Avec votre main gauche, appuyez juste sous les cotes. Vous
videz votre foie. En cas de douleur à gauche, inversez la manœuvre.
- Optimisez votre digestion
Pour
limiter la souffrance de votre intestin, pratiquez votre sport à distance des
repas. En effet, quand l’estomac est plein et travaille le colon se contracte
comme pour se vider, on parle de « réflexe gastrocolique». L’usage
est de proposer 3 heures après un déjeuner léger. A l’issue d’une collation
digeste, ce délai peut-être réduit. Testez ! Trouvez la formule qui vous
convient. Mastiquez méthodiquement, n’imposez pas à votre estomac une mission
d’écrasement ! Pendant l’effort, buvez un peu mais souvent, une boisson de
l’effort correctement diluée et chambrée. Modérez votre effort. Au voisinage de
l’essoufflement, la vascularisation du tube digestif diminue encore, il peut
souffrir et se spasmer! Optez pour une foulée plus rasante pour ne pas trop
secouer votre intestin.
Source SantéSportMag
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