vendredi 4 septembre 2020

Infos santé : Sport et Santé-Point de côté


Point de côté

Cette douleur sous les poumons survient souvent chez le débutant, mais le coureur expérimenté n’est  pas épargné. Faisons le point sur les causes et tentons de trouver des solutions !

Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.

La recherche n’a pas beaucoup exploré l’origine du point de côté. Normal ! Ce n’est pas très grave ! De fait, plusieurs hypothèses tentent d’expliquer ces douleurs. En fait, il est probable que ces mécanismes soient intriqués et qu’il n’existe pas « un » point de côté mais « des » points de côté, variables selon les individus et circonstances.

  • Une distension de la rate et du foie
Vous le savez, en se contractant la partie droite du cœur propulse le sang dans les poumons. En se dilatant, elle aspire le sang provenant de tout le corps. La respiration aussi y contribue. A l’inspiration, le diaphragme situé entre les poumons et le ventre se contracte et descend. Il crée une dépression dans le thorax et en compresse l’abdomen. Il participe aussi au retour du sang vers le cœur. Lorsque le cœur droit fatigue, quand la respiration devient plus haletante, le sang s’accumule dans les organes situés en haut de l’abdomen, la rate et le foie. La coque  fibreuse qui entoure ces derniers est mise en tension et devient douloureuses. A droite, un point de côté est une douleur du foie. A gauche, vous avez mal à la rate. D’où l’expression, « courir comme un dératé » … qui n’aurait jamais de point de côté !

  • Une contracture des muscles respiratoires
Les muscles respiratoires augmentent leur quantité de travail pendant l’effort, tout particulièrement quand on franchit le seuil de l’essoufflement. Le principal, c’est le diaphragme, ce gros piston dont nous avons déjà parlé.  En forme de coupole, juste derrière les dernières côtes, il s’accroche à la base du thorax et s’aplatit lors de sa contraction. De petits muscles en forme de peigne relient les côtes entre elles. Ce sont les intercostaux. Quand, il se contracte, il diminue le volume des poumons et contribue à l’expiration. Diaphragme et intercostaux s’épuisent parfois lors des exercices intenses. Quand ils manquent d’énergie, ils font des «contractures», Ces blocages musculaires sont l’équivalent d’une rigidité mortuaire localisée …  Ces douleurs sont probablement à l’origine de nombreux «point de côté».


  • Des spasmes du colon
En haut de l’abdomen, juste sous le diaphragme, le gros intestin est suspendu par de  volumineux ligaments appelés épiploon. Ces structures contiennent les vaisseaux qui apportent l’oxygène au tube digestif.  Quand vous courez, l’oxygénation de votre colon est fortement diminuée,  le sang est préférentiellement orienté vers les muscles.  De surcroît, vous le secouez allégrement au rythme des foulées et des sauts. Ses  points d’accrochages sont irrités et les petites artères qui les traversent se contracte, le sang passe encore moins bien. Les angles coliques droit ou gauche se spamment et deviennent douloureux. Voilà  encore un autre mécanisme justifiant bon nombre de points de côté.

  • Évitez les points de côté !
Certaines astuces traditionnelles courent encore. Souvent on vous propose de serrer très fort un caillou dans la main. A priori rien de logique avec les mécanismes que nous venons de décrire. Ceux qui ont essayé n’ont pas non plus été convaincus. Peut-être certains ont-ils oublié leur douleur de point de côté tant ils avaient mal à la main.  Voici quelques méthodes plus cohérentes qui méritent d’être testées. Leur efficacité dépendra notamment de la cause de vos douleurs.

  • Respirez posément
L’essoufflement réduit l’amplitude des mouvements du thorax et  perturbe le drainage de l’abdomen. Il épuise les muscles respiratoires. Rate et foie risquent de s’engorger ; diaphragme et intercostaux vont se contracturer. Prenez soin de respirer calmement et amplement. Évitez « l’hyperventilation anarchique ». Ne franchissez pas le seuil de l’essoufflement. Entraînez-vous pour repousser ce moment charnière. Dès que la gêne apparait, ralentissez, respirez amplement, inspirez profondément. En cas de point de côté droit. Inclinez votre buste à gauche, levez la droite : vous étirez vos muscles thoraciques. Avec votre main gauche, appuyez juste sous les cotes. Vous videz votre foie. En cas de douleur à gauche, inversez la manœuvre.

  • Optimisez votre digestion
Pour limiter la souffrance de votre intestin, pratiquez votre sport à distance des repas. En effet, quand l’estomac est plein et travaille le colon se contracte comme pour se vider, on parle de « réflexe gastrocolique».  L’usage est de proposer 3 heures après un déjeuner léger. A l’issue d’une collation digeste, ce délai peut-être réduit. Testez ! Trouvez la formule qui vous convient. Mastiquez méthodiquement, n’imposez pas à votre estomac une mission d’écrasement ! Pendant l’effort, buvez un peu mais souvent, une boisson de l’effort correctement diluée et chambrée. Modérez votre effort. Au voisinage de l’essoufflement, la vascularisation du tube digestif diminue encore, il peut souffrir et se spasmer! Optez pour une foulée plus rasante pour ne pas trop secouer votre intestin.


Source SantéSportMag

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