Le pigeonTraduit de l’Allemand par Bernard Lortholary
(4ème de couverture)«Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n’aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulait l’ordonnance de sa vie.»
Qu’est-ce qu’un événement ?
Que se passe-t-il, en somme, quand il se passe quelque chose dans la vie d’un homme ?
Tel est au fond le sujet, étonnamment simple et profond, de ce nouveau conte philosophique et cocasse de l’auteur du PARFUM.
Patrick Süskind est née en 1949 à Ambach, en Bavière. I l a fait des études littéraires à Munich et à Aix-en-Provence et exerce le métier de scénariste. Outre le Parfum, best-seller mondial, il a écrit une pièce de théâtre à un personnage, la Contrebasse.
(1ere phrase :)Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour.
(Dernière phrase :)Sur le carrelage rouge ne frémissait pas la moindre plume ni le moindre duvet.
116 pages – Librairie Arthème Fayard (1987, pour la traduction française)
(Aide mémoire perso :)Dans ce roman à haute teneur psychologique, Patrick Süskind livre une minutieuse description de la brusque altération du rapport au réel que subit Jonathan Noël, un vieux garçon misanthrope. Issu d’une famille décimée par les persécutions nazies, marqué par une expérience militaire en Indochine au début des années cinquante, le quinquagénaire occulte ce passé douloureux en prenant un soin extrême à ce que rien ne vienne perturber un quotidien organisé avec la précision du métronome. «De toutes ces péripéties, Jonathan Noël tira la conclusion qu’on ne pouvait se fier aux humains et qu’on ne saurait vivre en paix qu’en les tenant à l’écart.» Sa vie est marquée par une force d’inertie peu commune et sa pire crainte, c'est un changement, même infime, dans ses habitudes. Cela fait trente ans qu’il loge dans une minuscule chambre de bonne de Paris, où il se sent à l'abri des turpitudes de la vie en société. A vrai dire, il ne quitte ce havre douillet que pour aller travailler en tant que vigile sur le parvis d’une banque de la place.
Pourtant, un beau matin, un événement a priori banal bouleverse le train-train de Jonathan Noël, en plein cœur de son petit chez soi protecteur. Alors qu'il sort faire ses besoins dans les toilettes communes de son immeuble, le pauvre hère croise un pigeon. Cette rencontre inopinée avec le volatile sonne le glas d’une vie calme et rangée. «Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d'une bonne vingtaine d'années qui n'avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n'aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n'aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l'ordonnance de sa vie.» Le lecteur est alors entraîné dans les pensées paranoïaques de Jonathan Noël, qui, l'espace une journée, voit le cours des événements lui échapper.
Le pigeon vaut principalement pour l'intensité dramatique avec laquelle Patrick Süskind décrit l’extrême fragilité de l'équilibre mental de l'être humain. Du jour au lendemain, un grain de sable peut venir gripper une mécanique apparemment bien huilée. L’auteur allemand démontre également que les souvenirs douloureux d’une existence – en l’occurrence ceux liés à la guerre – ne peuvent être totalement dissimulés à l'esprit. La rencontre de Jonathan Noël avec le pigeon est à cet égard une effrayante parabole du champ de bataille, du regard que porte sur lui le soldat ennemi. «Il était posé devant sa porte, à moins de vingt centimètres du seuil, dans la lueur blafarde du petit matin qui filtrait par la fenêtre. Il avait ses pattes rouges et crochues plantées dans le carrelage sang de boeuf du couloir, et son plumage lisse était d'un gris de plomb: le pigeon. Il avait penché sa tête de côté et fixait Jonathan de son oeil gauche. Cet oeil, un petit disque rond, brun avec un point noir au centre, était effrayant à voir. Il était fixé comme un bouton cousu sur le plumage de la tête, il était dépourvu de cils et de sourcils, il était tout nu et impudemment tourné vers l'extérieur, et monstrueusement ouvert; mais en même temps il y avait là, dans cet oeil, une sorte de sournoiserie retenue; et, en même temps encore, il ne semblait être ni sournois, ni ouvert, mais tout simplement sans vie, comme l'objectif d'une caméra qui avale toute la lumière extérieure et ne laisse passer aucun rayon en provenance de son intérieur. Il n'y avait pas d'éclat, pas de lueur dans cet oeil, pas la moindre étincelle de vie. C'était un oeil sans regard. Et il fixait Jonathan.» A travers l’œil du pigeon peut également être entrevue l’irrépressible et universelle peur de la grande faucheuse.
(4ème de couverture)«Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n’aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulait l’ordonnance de sa vie.»
Qu’est-ce qu’un événement ?
Que se passe-t-il, en somme, quand il se passe quelque chose dans la vie d’un homme ?
Tel est au fond le sujet, étonnamment simple et profond, de ce nouveau conte philosophique et cocasse de l’auteur du PARFUM.
Patrick Süskind est née en 1949 à Ambach, en Bavière. I l a fait des études littéraires à Munich et à Aix-en-Provence et exerce le métier de scénariste. Outre le Parfum, best-seller mondial, il a écrit une pièce de théâtre à un personnage, la Contrebasse.
(1ere phrase :)Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour.
(Dernière phrase :)Sur le carrelage rouge ne frémissait pas la moindre plume ni le moindre duvet.
116 pages – Librairie Arthème Fayard (1987, pour la traduction française)
(Aide mémoire perso :)Dans ce roman à haute teneur psychologique, Patrick Süskind livre une minutieuse description de la brusque altération du rapport au réel que subit Jonathan Noël, un vieux garçon misanthrope. Issu d’une famille décimée par les persécutions nazies, marqué par une expérience militaire en Indochine au début des années cinquante, le quinquagénaire occulte ce passé douloureux en prenant un soin extrême à ce que rien ne vienne perturber un quotidien organisé avec la précision du métronome. «De toutes ces péripéties, Jonathan Noël tira la conclusion qu’on ne pouvait se fier aux humains et qu’on ne saurait vivre en paix qu’en les tenant à l’écart.» Sa vie est marquée par une force d’inertie peu commune et sa pire crainte, c'est un changement, même infime, dans ses habitudes. Cela fait trente ans qu’il loge dans une minuscule chambre de bonne de Paris, où il se sent à l'abri des turpitudes de la vie en société. A vrai dire, il ne quitte ce havre douillet que pour aller travailler en tant que vigile sur le parvis d’une banque de la place.
Pourtant, un beau matin, un événement a priori banal bouleverse le train-train de Jonathan Noël, en plein cœur de son petit chez soi protecteur. Alors qu'il sort faire ses besoins dans les toilettes communes de son immeuble, le pauvre hère croise un pigeon. Cette rencontre inopinée avec le volatile sonne le glas d’une vie calme et rangée. «Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d'une bonne vingtaine d'années qui n'avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n'aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n'aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l'ordonnance de sa vie.» Le lecteur est alors entraîné dans les pensées paranoïaques de Jonathan Noël, qui, l'espace une journée, voit le cours des événements lui échapper.
Le pigeon vaut principalement pour l'intensité dramatique avec laquelle Patrick Süskind décrit l’extrême fragilité de l'équilibre mental de l'être humain. Du jour au lendemain, un grain de sable peut venir gripper une mécanique apparemment bien huilée. L’auteur allemand démontre également que les souvenirs douloureux d’une existence – en l’occurrence ceux liés à la guerre – ne peuvent être totalement dissimulés à l'esprit. La rencontre de Jonathan Noël avec le pigeon est à cet égard une effrayante parabole du champ de bataille, du regard que porte sur lui le soldat ennemi. «Il était posé devant sa porte, à moins de vingt centimètres du seuil, dans la lueur blafarde du petit matin qui filtrait par la fenêtre. Il avait ses pattes rouges et crochues plantées dans le carrelage sang de boeuf du couloir, et son plumage lisse était d'un gris de plomb: le pigeon. Il avait penché sa tête de côté et fixait Jonathan de son oeil gauche. Cet oeil, un petit disque rond, brun avec un point noir au centre, était effrayant à voir. Il était fixé comme un bouton cousu sur le plumage de la tête, il était dépourvu de cils et de sourcils, il était tout nu et impudemment tourné vers l'extérieur, et monstrueusement ouvert; mais en même temps il y avait là, dans cet oeil, une sorte de sournoiserie retenue; et, en même temps encore, il ne semblait être ni sournois, ni ouvert, mais tout simplement sans vie, comme l'objectif d'une caméra qui avale toute la lumière extérieure et ne laisse passer aucun rayon en provenance de son intérieur. Il n'y avait pas d'éclat, pas de lueur dans cet oeil, pas la moindre étincelle de vie. C'était un oeil sans regard. Et il fixait Jonathan.» A travers l’œil du pigeon peut également être entrevue l’irrépressible et universelle peur de la grande faucheuse.
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