Soyez jeunes et beaux ! Du point de vue des salariés, le vieux moche, c’est carrément la lose dans l’entreprise. Après la télé, le beautiful people nous met la pression au bureau, on dirait. La première édition du baromètre Observatoire Cegos/Chaire Management & Diversité de la Fondation Paris-Dauphine sur les pratiques de la diversité et la discrimination en entreprise donne quelques indications édifiantes.
Attention : il ne s’agit pas de faits mais de déclarations des uns et des autres, agrégées en pourcentages : les salariés pensent ceci, les DRH pensent cela... Ainsi, quand on leur pose la question, les salariés répondent que l'âge est la forme de discrimination la plus courante dans l'entreprise, devant l’apparence physique et le sexe. Les DRH estiment au contraire que c'est l’origine ethnique, suivi de l’âge et du sexe. Mais ce qui est intéressant à observer, c’est que les salariés sont persuadés, comme les DRH d’ailleurs, que ce sont les collègues qui sont majoritairement à l’origine des discriminations.
Mais comme se moquer ouvertement de l’origine ethnique, des orientations sexuelles, de l’apparence physique, voire des opinions politiques, c'est désormais interdit et puni par la loi, les bourreaux de collègues ont recours à "des pratiques plus insidieuses telles que les railleries et moqueries… ou les rumeurs", explique Annick Cohen-Haegel, responsable des formations RH chez Cegos. Ricanements et rumeurs qui permettent de miner le moral des souffre-douleurs à bon compte et surtout en toute impunité.
Réagir à la raillerie est relativement simple dans son principe. Il faut cependant du courage, car le mieux est toujours de mettre les pieds dans le plat. De façon très nette, et si possible devant témoins.
Soyez tranchant : on n’a pas à s’excuser d’avoir une surcharge pondérable, d’être plus âgé que les autres, de s’habiller sexy ou d’avoir des inclinations sexuelles que les autres ne partagent pas. Demandez au collègue qui ricane s’il a un problème avec ça, en quoi ça le gêne et s’il peut expliquer tout ça à l’honorable assemblée qui observe, histoire que l'intelligence collective progresse à pas de géant par son intermédiaire. Tant qu'on est dans les clichés, la beauté étant souvent – et malheureusement – associée à la bêtise, je me souviens d'une collègue qui avait rappelé à une gravure de mode qui se gaussait de son physique qu'elle ne faisait pas exception à la règle...
La rumeur est plus difficile à éteindre, car on n’est pas forcément le premier au courant et les accusations sont souvent désarmantes dans leur platitude venimeuse : tel manager couche avec unetelle, Dupont a détourné de l’argent, Machine n’a pas été recrutée uniquement à cause de ses brillantes qualités, etc.
Le mieux est d'entretenir un réseau qui permet de les connaître, et de les contrer avant qu’elles ne se développent. Mais si on les découvre tardivement, autant essayer d’en prendre la mesure avant de réagir, en ayant une claire conscience des dégâts. Par exemple, en discutant avec des collègues de confiance.
Ensuite, on saisit l’opportunité d’une réunion ou d’une rencontre pour poser le problème, en donnant toutes les informations qui manquent (la rumeur naît toujours d’un manque d’information ou de sens). Dans tous les cas, s’il y a le moindre fond de vérité, même infinitésimal, autant jouer la franchise. La dissimulation de détails n'éteint jamais une rumeur : elle l'entretient.
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