DSK
Dominique Strauss-Kahn est un animal politique. C’est d’abord ce que nous dit cette photo, ce plan serré, à hauteur d’homme, les yeux dans l’objectif. A sa sortie du commissariat spécialisé dans les crimes sexuels du quartier de Harlem, ce 15 mai 2011, c’est certes un animal blessé, atteint, mais son regard fait front. Profond, pénétrant, dur comme l’acier, il est son dernier recours à cet instant ; sa seule liberté d’expression à un moment où ses mains sont entravées, ses pas guidés par les inspecteurs. Banalement humilié par le protocole américain du perp walk (lorsque le suspect menotté est « invité » à s’avancer face aux médias), il vient de monter à bord d’un véhicule de police. Depuis sa sortie du bâtiment, les flashs partent de partout, mais en expert de l’image, en gladiateur des temps médiatiques, Straus-Kahn (par ailleurs avocat) ne baisse jamais les yeux. A peine assis sur la banquette arrière, il balaie du regard tous ces preneurs d’images vivant là, comme lui, face à lui, un grand instant d’histoire brute. S’effondrer devant eux serait sans doute une défaite à jamais. Irrattrapable. Une tragédie par l’image… Alors, il tient tête. Il serre les dents. Comme le boxeur refusant d’entendre la cloche. Archiconcentré pendant cette infime séquence dont il sait qu’elle marquera à jamais les esprits, il offre en bloc toute la résistance dont il peut encore faire montre. Gardant, comme une arme à toute épreuve, ce regard de feu dont la puissance n’est plus à prouver.
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