samedi 6 octobre 2012

Infos santé-Cannabis et adolescents


Infos santé-Cannabis et adolescents

L’usage du cannabis chez l’adolescent jeune pourrait compromettre son développement neuropsychologique. C’est en tous cas ce que laisse entendre une étude néo-zélandaise qui s’ajoute à d’autres travaux plus anciens et qui attire l’attention sur un phénomène courant   mais qui n’est peut-être pas à banaliser.

Les chercheurs néo-zélandais ont accompli un travail long et minutieux puisqu’ils ont suivi ce qu’on appelle une cohorte de naissance. Il s’agit de 1037 individus née en 1972 et 1973 et qui ont été ainsi suivis jusqu’à l’âge de 38 ans. Leur étude est publiée dans la revue américaine PNAS.
Chaque participant a été évalué au plan neuropsychologique avant l’âge de 13 ans, en 1985 et 1986, puis en 2010-2012.
La consommation de cannabis a été évaluée à 18, 21, 26, 32 et 38 ans.
Précisons à ce stade que suivre pendant 20 ans de façon prospective une cohorte est, en matière d’épidémiologie, un travail remarquable.

Les auteurs ont cherché à savoir si l’usage du cannabis sur le long terme était associé à un déclin des fonctions cognitives. Cherché également si les troubles étaient spécifiques de certaines fonctions ou globaux.
Ils ont également recherché le rôle éventuel d’un décrochage scolaire comme cause des troubles
Ils ont également enquêté auprès de tiers pour confirmer les troubles, étudié l’âge de début de la consommation ainsi que les effets à long terme après cessation de l’usage de cannabis.
Par leur méthodologie ils ont pu éviter quasiment complètement un ‘parasitage’ lié à la consommation d’autres drogues plus toxiques, le rôle du tabac, d’un excès d’alcool et l’existence de troubles schizophréniques.
L’un des résultats les plus marquants chez les utilisateurs au long cours est la diminution du quotient intellectuel, le QI. Ce test n’est pas sans reproches et sa validité fait l’objet de contestations depuis longtemps, mais en l’occurrence, la baisse est un élément retrouvé  dans diverses catégories de l’étude et peut donc être considérée comme un indicateur à défaut de preuve absolue.

Une indication précieuse
Les auteurs de l’étude, je l’ai dit, ont utilisé une série de garde-fou qui leur garantit une non ‘pollution’ de leur analyse.
Ils peuvent donc dire que le fait de commencer avant 18 ans à fumer du cannabis de façon régulière a un retentissement neuropsychologique plus important qu’un début à l’âge adulte. Plus intéressant, et contrairement au tabac, la cessation de l’usage ne remet pas les ‘compteurs à zéro’ et les anomalies persistent.  Ces troubles cognitifs vont avoir des conséquences à long terme dans le vécu quotidien. Il risque d’y avoir une altération d’un certain nombre de processus qui permettent à l’adulte normal de se situer dans son environnement, de prendre des décisions, de répondre au stress.
Ce travail vient en confirmer d’autres qui montrent la vulnérabilité du cerveau des adolescents face au cannabis fumé tôt, de façon régulière et sur des périodes longues.
Bien qu’il ne soit pas politiquement correct, dans certains milieux, de soulever cette problématique, il est important de s’y arrêter.
L’adolescence n’est pas une période banale. C’est un moment où se font des remodelages, des transformations, voire des finitions.
Et ces périodes d’intenses ‘travaux’ où se produisent des divisions cellulaires, la mise en place de connexions, le branchement entre elles de structures nerveuses, l’enveloppement de nerfs dans des gaines protectrices de myéline.
Ces périodes sont des moments de grande vulnérabilité, de grande fragilité. La surface des cellules abrite des récepteurs, des structures qui, sollicités, vont entrainer des réactions chimiques mettant en contact les cellules nerveuses.

Plus tôt, plus de risques
Il existe des récepteurs au cannabis dans le cerveau, à divers endroits. On peut imaginer qu’une stimulation répétée et à des doses importantes puisse jouer un rôle défavorable à une période charnière du remodelage cérébral sur un organe en devenir. Des connexions aberrantes, des problèmes de communication inter-neuronales, peuvent ainsi survenir.
D’autant que les concentrations en principes actifs et en particulier en THC, tétra-hydrocannabinol.
Dans un domaine tout autre, on pense, par exemple, que les sollicitations hormonales sur le sein pendant la puberté fait le lit du cancer quelques années plus tard.
On, est, je le répète à une période-clé dans l’adolescence et quand on revient aux résultats de l’étude on constate qu’un début de consommation plus tardif n’a pas les mêmes conséquences.
D’autres études menées en Suède et  en Angleterre ont montré également des phénomènes  inquiétants chez des adolescents consommateurs précoces. Des syndromes dépressifs et, chez des sujets prédestinés, un passage à la schizophrénie en cas de consommation quotidienne élevée.
Pour autant, il faut éviter la diabolisation et les discours moralisateurs. Ne pas oublier non plus le rôle dévastateur des consommations excessives d’alcool, souvent associées d’ailleurs à la prise de cannabis. Les bières qui, il y a quelques années titraient 4 degrés d’alcool, titrent désormais plus souvent 10 degrés.
Mais il n’est pas non plus interdit de souligner l’accumulation de données de recherches qui laissent à penser que débuter tôt la consommation de cannabis a un effet délétère sur le cerveau.
Informer les adolescents et leurs parents, le choix face au risque étant, ensuite, de la responsabilité de chacun.

Référence de l’étude 

Madeline H. Meier et al.
Persistent cannabis users show neuropsychological decline from childhood to midlife
PNAS 2012 ; published ahead of print August 27, 2012,doi:10.1073/pnas.1206820109

Autres travaux sur le mémé sujet :
Stanley Zammit et al.
Self reported cannabis use as a risk factor for schizophrenia in Swedish conscripts of 1969: historical cohort study
BMJ 2002;325:119

Louise Arseneault et al.
Cannabis use in adolescence and risk for adult psychosis:longitudinal prospective study
BMJ 2002;325:12123

Joseph M Rey and Christopher C Tennant
Cannabis and mental health
More evidence establishes clear link between use of cannabis and psychiatric illness
BMJ 2002; 325 :1183-1184


Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)

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