Monsieur le Président, écoutez les cris du peuple
En 1936 comme en 1981, la France a eu besoin de
la pression de la rue pour gouverner à gauche. Une leçon à retenir pour
François Hollande, au moment où s’engage le débat parlementaire sur le pacte
budgétaire. Dans son propre intérêt autant que dans celui de ses électeurs.
Quand on
essaie de faire croire que des contraintes extérieures sont une fatalité, on se
met soi-même dans une situation contraignante. C’est ce que viennent de
rappeler obligeamment des milliers de manifestants à François Hollande, “leur”
président socialiste.
La France
s’apprête à ratifier le pacte budgétaire européen. Le gouvernement de gauche a
donc besoin d’être pressé par la rue. Il a besoin de la mobilisation des
citoyens et citoyennes pour atteindre des objectifs politiques qui seraient
dénoncés comme utopiques ou irresponsables dans l’Union européenne, au nom des
sempiternelles contraintes extérieures.
Aucun
gouvernement français de gauche n’a encore pu mettre en œuvre son programme, ne
serait-ce que partiellement, sans le soutien de manifestations, de grèves et
d’autres formes d’intervention directe des intéressés.
On le sait
depuis le gouvernement du Front populaire de 1936. Ce n’est que sous la
pression massive des usines que celui-ci avait pu introduire les congés payés
malgré l’opposition des patrons. Quand François Mitterrand est devenu président
en 1981, il a eu besoin de l’aide active de la gauche unie pour abroger la
peine de mort, baisser l’âge de la retraite et introduire d’autres réformes.
Dès que
cette pression se relâche, le pouvoir commence, d’abord lentement puis de plus
en plus vite, à se soumettre aux lois du marché. En protestant contre
l’inscription des mesures d’austérité dans la loi, ces manifestations de gauche
mettent en garde le président contre le pacte avec le diable qu’il s’apprête à
signer avec le sang de ses propres électeurs.
Car le
président se prive ainsi d’une partie du pouvoir institutionnel de défendre ses
intérêts contre les “contraintes extérieures” du monde de la finance. Or si le
président de gauche a besoin du peuple de gauche, il est moins sûr que celui-ci
ait autant besoin de lui.
Source Courrier International
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