Indemnisations du Médiator
La mise en place d’un système d’indemnisation
des personnes atteintes de valvulopathies associées à la prise de Médiator a
conduit, pour l’instant, à peu d’indemnisations. Et ce n’est pas franchement
étonnant.
La révélation par le
Dr Irène Frachon des accidents liés à la prise de benfluorex, le Médiator, a
mis en évidence en France les failles de nos divers verrous de sureté. Cette
affaire a mis au jour également le manque d’indépendance de certains experts et
les liens d’intérêts souvent trop proches entre experts et industriels de
l’industrie pharmaceutique.
Mais elle a surtout
conduit à une énorme bagarre de chiffres sur le nombre de victimes
potentielles, décédées ou encore vivantes mais porteuses de lésions des valves
cardiaques, des valvulopathies, sévères.
Des milliers de
dossiers ont été ainsi envoyés vers l’ONIAM, l’organisme chargé de déterminer
le montant d’éventuels dommages imputables au Mediator.
Et les premiers
retours sont loin des espérances des personnes qui ont déposé des dossiers et
loin des espérances de leurs avocats également.
Plus de 8 dossiers sur
10 ne passent pas le cap de la reconnaissance de préjudice.
Faut-il en être
surpris ? Pas vraiment.
Les atteintes des
valves cardiaques sont des pathologies fréquemment rencontrées dans la
population à partir de la soixantaine. Fréquente également chez les diabétiques
en surpoids.
Ces lésions peuvent
être ‘silencieuses’ c’est-à-dire ne pas provoquer de symptômes, comme des
essoufflements.
L’examen de choix est
l’échographie et il y a des critères très précis, définis depuis peu, qui
caractérisent la prise de Médiator :
(Épaississement
linéaire valvulaire et sous valvulaire mitral ou sigmoïdien)
Mais force est de
constater que dans les dossiers reçus ces critères sont exceptionnellement
rencontrés et que l’imputabilité des lésions au Médiator est très difficile à
faire.
Le retentissement
fonctionnel est également souvent inexistant ou très faible et très en deçà du
niveau retenu par la commission d’expertise.
Qu’en conclure ?
Sûrement pas que les experts sont corrompus, car ils sont sept et il y a des
magistrats et des médecins de spécialités diverses réunis. Il faudrait que le
corrupteur soit très puissant !
Mais pas non plus que
Servier a raison en minimisant les conséquences de l’action du Médiator.
Ce produit est de la
même famille que certains dérivés d’amphétamines, comme l’Isoméride ou le
Pondéral, dont on sait qu’ils ont causé des lésions cardiaques et pulmonaires
par le passé.
Ce produit a vu sa
prescription dériver de façon scandaleuse sans, d’ailleurs, que les médecins
prescripteurs en faute administrative soient inquiétés.
Et des études
épidémiologiques sérieuses et bien construites ont modélisé les conséquences de
la prise du produit chez des personnes atteintes de valvulopathies sévères.
On estime à 1300 le
nombre de décès imputables au Médiator de puis sa commercialisation.
La grande difficulté
dans ce dossier c’est qu’on manque de marqueurs fiables et suffisamment
indiscutables pour indiquer une imputabilité. Et les atteintes valvulaires
légères peuvent n’avoir quasiment aucun retentissement sur la vie de tous les
jours.
Les cas les plus
sévères ont été opérés à une époque où le lien entre Médiator et valvulopathies
n’était pas encore affirmé.
Il faut donc se garder
de tout manichéisme et laisser travailler l’ONIAM. On verra, en fin d’examen de
tous les dossiers, quelle peut être la part du Médiator dans l’apparition ou
l’accentuation de lésions valvulaires.
Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)
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