Bruno Gaccio, idéaliste électoral
Aucun sujet ne le laisse indifférent. Surtout
pas la politique. Mais l'ancien Guignol est-il crédible dans cette nouvelle
voie ? Bizarrement, oui.
Vous n'auriez jamais pensé croiser Bruno Gaccio à la salle polyvalente de votre ville ? En 2014, si ça se
trouve, vous irez le voir sur scène. L'écouter promettre, la main sur le cœur,
des lendemains qui chantent. Depuis le 1er janvier 2014, l'humoriste bat la
campagne des élections européennes au nom de Nouvelle Donne, le parti politique
qu'il a fondé, fin novembre, avec l'élu d'Ile-de-France Pierre Larrouturou
(ex-PS), le sociologue Edgar Morin,
l'urgentiste Patrick Pelloux, la philosophe Dominique Méda, etc.
Nouvelle Donne parce que New Deal, la politique
lancée par Roosevelt au sortir de la crise de 29, destinée à dompter les
marchés financiers. Pour Gaccio, tout vient de là, de la finance et de la
promesse (non tenue, juge-t-il) de François Hollande d'en faire son ennemie.
Avec le sentiment d'avoir été floué, est montée l'envie de s'y coller. De la
part de celui qui, en 2002, grimpait sur les tables de Canal+ pour sauver Pierre
Lescure d'un licenciement signifié par Jean-Marie
Messier, l'engagement n'est qu'à moitié étonnant.
Soucieux
de bien se faire comprendre, il a d'abord commis un essai, paru en novembre
aux Liens qui libèrent, Petit Manuel de survie
à l'intention d'un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche. En
cent vingt pages toniques, ce fils d'ouvrier stéphanois prodigue moult conseils
à un putatif permanent de la Rue de Solférino obligé de justifier les œuvres de
« son » président de la République au cours de toutes sortes de dîners : chez
des mélenchonistes, des sexagénaires érudits, un pote des années collage, etc.
Que la
conversation roule sur la dette publique ou la compétitivité allemande, aucun
sujet ne le laisse coi. En ardent dépréciateur d'une argumentation qu'il juge
usée, Gaccio propose des démonstrations drôles à force de paraître absurdes.
Son propos pourrait être assassin de causticité, tragique de lucidité ; il ne
peut s'empêcher de rester tendre – élégance inattendue du mari trompé qui ne
veut pas salir une histoire gâchée.
L'humoriste qui se pique de politique, le cas de figure
s'est déjà vu – et ce n'est pas toujours drôle. Mais son passé d'auteur de
calembours pour Les Guignols ne décrédibilise en rien la nouvelle carrière de Gaccio,
par ailleurs à la tête de l'écriture des fictions courtes sur Canal. Le
quinquagénaire goguenard, représentant totémique de la beaufitude branchée des
années 90, a fait rire. Il le fera sans doute encore (que son double de latex
fasse son apparition chez PPD ne serait que justice) et, qui sait, peut-être
fera-t-il aussi rêver quelques inscrits à des jours meilleurs.
Dans cette
bataille perdue d'avance (selon toute probabilité, Nouvelle Donne fera «
pschitt » sitôt la fenêtre électorale refermée), il n'a rien à gagner. Ce
partisan de la prise en compte du vote blanc –
logique pour quelqu'un qui cherche une alternative aux partis traditionnels –
n'attend ni poste, ni argent, ni excès d'honneur. C'est beau, c'est
rafraîchissant. Ça ne sert à rien. Rien d'autre, en tout cas, que de déclarer
sa foi dans l'action politique. Son désir d'avenir. Son envie de dire « le changement, ça pourrait être maintenant »
! Il y a bien des gens qui se souhaitent une «
bonne année ».
Bruno Gaccio en quelques dates
1958
Naissance à Saint-Etienne.
1982
Premiers pas sur la scène du Petit
théâtre de Bouvard, sur Antenne 2.
1992
Premiers sketchs pour Les
Guignols, sur Canal+.
2007
Condamné pour des coups portés à un paparazzi.
2013
Lancement de Nouvelle Donne, au côté de Pierre Larrouturou.
Source telerama.fr
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