Dans les ruines de ce qui fut l'aéroport international de Gaza, le 18 août 2014 (AFP / Thomas Coex)
L’aéroport de Gaza
GAZA, 26 août 2014 – L’ouverture d’un port et
d’un aéroport dans la bande de Gaza, soumise au blocus israélien et égyptien
depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, est une exigence primordiale
des Palestiniens. Ces projets d’infrastructures étaient prévus dans les accords
d’Oslo en 1993. Le sujet revient immanquablement sur la table lors des
négociations, comme celles qu'ont mené Israël et le Hamas au Caire pendant les
quelques jours de trêve dans la guerre de cet été.
Pour
illustrer ce sujet, j’ai décidé de me rendre à l’ancien aéroport de Gaza, tout
au sud du territoire. J’étais très curieux de voir ce qu’il était devenu. J’y
avais déjà fait des photos il y a quatorze ans, alors que les avions y
atterrissaient et décollaient encore. Comme beaucoup de gens, j’ai toujours en
tête les images de l’inauguration de l’aéroport en 1998, en présence de Yasser
Arafat et de Bill Clinton qui s’y était posé avec son hélicoptère. C’était
l’époque où tous les espoirs étaient permis pour les Palestiniens. Une
compagnie aérienne, Palestinian Airlines, avait été créée. Elle emmenait les
habitants de Gaza en Jordanie, à Chypre ou en pèlerinage à La Mecque sans
nécessité de transiter par Israël ou par l’Egypte. La reconnaissance d’un Etat
palestinien semblait en bonne voie.
L'aéroport de Gaza en octobre 2000 (AFP / Thomas
Coex)
L’aéroport,
ou plutôt ce qu’il en reste, est situé sur une bande de sable à quelques pas de
la frontière égyptienne. C’est un endroit où personne ne va. Il ne s’y passe
rien. L’accès est difficile et en plus, c’est dangereux. C’est par là qu’une
partie des chars de l’armée israélienne sont entrés dans la bande de Gaza
pendant l’offensive terrestre de cet été. La route de l’aéroport n’existe plus
depuis longtemps. Pour y arriver, nous avons dû emprunter de petits chemins
sablonneux avec le 4x4 blindé de l’AFP.
Un enfant cueille des fleurs dans l'ancien
aéroport de Gaza, le 18 août 2014 (AFP / Thomas Coex)
L’aéroport
n’est plus qu’un tas de ruines. Il a été entièrement détruit par une succession
d’attaques israéliennes depuis 2006. Il n’y a plus de revêtement sur la piste
d’atterrissage. Du terminal, il ne reste que la structure. Tout le reste a été
soit démoli par les raids israéliens, soit emporté par les Gazaouis pour être
recyclé. Lors de notre passage, les lieux étaient déserts. Il n’y avait là
qu’un gamin qui trainait à travers les décombres, à la recherche de bouts de
métal ou de je ne sais quoi d’autre.
(AFP / Thomas Coex)
J’ai dû
regarder mes photos d’archives, une fois rentré, pour me souvenir de ce à quoi
ressemblait l’aéroport quand il fonctionnait. C’était un très bel ensemble de
bâtiments de style marocain, avec de nombreuses mosaïques, desquelles il ne
reste aujourd’hui que quelques éclats de faïence par-ci par-là.
En photo,
j’adore les ruines. Elles permettent de jouer avec les volumes, de faire des
images dans une ambiance de fin du monde.
Mais ce
bâtiment, c’est aussi le symbole cruel de l’état dans lequel se trouve la bande
de Gaza, et de ce que sont devenus les rêves de paix et de souveraineté des
Palestiniens.
(AFP / Thomas Coex)
Thomas Coex est le responsable photo AFP pour
Israël et les Territoires palestiniens.
Des policiers palestiniens prient devant l'aéroport
de Gaza, le 27 octobre 1998 (AFP / Fayez Nureldine)
Bill Clinton arrive à l'aéroport de Gaza, le 14
décembre 1998. Il est le tout premier président des Etats-Unis à se rendre dans
l'enclave palestinienne (AFP / André Durand)
Le président palestinien Yasser Arafat embarque
pour Paris à l'aéroport de Gaza, le 25 novembre 1998 (AFP / Hussein Hussein)
Des pèlerins palestiniens embarquent à bord d'un
avion de Palestinian Airlines pour Djeddah, le 8 mars 1999 à l'aéroport de Gaza
(AFP / Mohammad Saber)
L'ancien aéroport international de Gaza, le 18
août 2014 (AFP / Thomas Coex)
Source blogs.afp.com/makingof Par Thomas COEX
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