Photo : George Rodger (1945)
Un enfant juif hollandais
marche dans le camp de Bergen-Belsen.
Rodger écrira : «Sous les pins, les morts
jonchent le sol, non pas par deux ou trois, ni par douzaine mais par milliers.
Les petits enfants appuient leur tête contre les cadavres puants de leur mère.
Ils n'ont même plus la force de pleurer.» Le choc le plus violent de sa
carrière. Dans tous les coins de l'Asie, l'Afrique, l'Europe, il avait vu des
cadavres. Mais là, selon ses propres mots, il découvre «le stade ultime de
l'avilissement humain».
A la suite de ce reportage, George Rodger ne
pourra plus jamais photographier la guerre.
«Ces images font partie de notre mémoire
collective» commentera plus tard H. Cartier-Bresson.
C’est au cours de l’année 1941 que le gouvernement nazi prit la
décision d’exterminer les Juifs dont il avait déjà organisé l’esclavage.
D’autres populations, comme les Tsiganes, étaient promises au même sort. Des
camps d’extermination s’ajoutèrent alors à la liste des camps de concentration
qui accueillaient depuis 1933 tous les opposants au nazisme.
Camp de prisonniers de guerre en 1941, Bergen est mis à la
disposition de l'administration S.S. vers le mois d'avril 1943 et devient camp
de concentration ou sont d'abord internés des juifs "protégés" que
les nazis envisagent d’échanger.
Il est installé à 100 km de Hambourg, à 65 km de Hanovre, dans la
lande de Lunebourg. Les premiers groupes de déportés sont des juifs d'Albanie,
de Grèce, de Hongrie, des Pays-Bas, de Pologne. A la fin de l’année 1944,
l'effectif est de 15 227 internés, il passera en mars 1945, à 50 000 dont 26
300 femmes.
Peu à peu, Bergen-Belsen devient le "camp mouroir".
Aux premiers jours d'avril 1945, un second camp est installé, à
quelques kilomètres du camp 1, dans les casernes de Belsen. Il recevra les
contingents d'hommes, de femmes et d'enfants qui, depuis février, à l'approche
des alliés, viennent jour et nuit, par dizaines de milliers, à pied, en
camions, des autres camps : Auschwitz, Buchenwald, Dora, Dachau, Sachsenhausen,
Neuengamme... cet afflux de convois en désordre et les méthodes employées par
le commandant du camp Joseph Kramer provoquèrent une effroyable tragédie.
La surpopulation, les mauvaises conditions sanitaires et le manque
de nourriture provoquèrent une épidémie de typhus. Pendant les premiers mois de
1945, des dizaines de milliers de prisonniers - l'estimation est de 35 000 -,
moururent.
Lorsque les troupes britanniques pénétrèrent dans le camp, le 15
avril 1945, elles découvrirent des images de cauchemar. Elles trouvèrent dans
le camp 60 000 prisonniers, gravement malades pour la plupart. Des milliers de
cadavres reposaient sur le sol du camp, non enterrés. Plus de 10 000 anciens
prisonniers, trop affaiblis, moururent après la libération.
Après l'évacuation de Bergen-Belsen, l'armée britannique brûla
complètement le camp pour éviter la propagation du typhus.
Environ 50 000 personnes moururent dans le camp de concentration
de Bergen-Belsen.
George Rodger
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