Brigitte Fontaine
Entre poésie pure et provocation,
comme à son habitude, Brigitte Fontaine vient bousculer nos certitudes avec
"J'ai l'honneur d'être", son nouvel album.
Est-ce
parce qu’elle aime "Les avis les moins partagés" qu’on apprécie tant
Brigitte Fontaine ? Ou parce qu’elle reste éternellement jeune, résolument
moderne et toujours si surprenante ? Il faut un certain courage pour extraire
de sa pochette un nouveau disque de Brigitte Fontaine, car l’on sait d’avance
que rien ne sera plus comme avant. Elle va bousculer nos certitudes en poussant
chacun d’entre nous à toujours tenter de voir la vie autrement : avec lucidité,
poésie ou humour. Avec distance, toujours. C’est précisément ce que l’on est en
droit d’attendre de l’œuvre d’un artiste. "J’ai l’honneur d’être"
sort lundi 16 septembre.
"Au diable Dieu"
Outre la
poésie pure, la provocation a toujours été l’un des terrains de jeux favoris de
Brigitte Fontaine. La native de Bretagne, silhouette spectrale de
l’Ile-Saint-Louis, persiste avec "Au diable Dieu", l’un des temps
forts de l’album "J’ai l’honneur d’être". Il fallait oser s’attaquer,
même avec un sourire en coin, aux culs bénis de tout poil. Sur des arrangements
orientalistes qui ondulent, elle n’y va pas de main morte : "secte
d’escrocs", "Collabos niqueurs d’ados", "Lécheurs de
cierges", etc. Il faut se rendre au bout de la chanson pour entendre son
vrai propos, son message de paix, son invitation à la prière secrète et
individuelle qui va droit au cœur du grand miséricordieux : Dieu lui-même, en
personne.
"Les hommes préfèrent les hommes"
A sa
manière, Brigitte Fontaine fait entendre sa voix caverneuse dans le grand débat
autour du Mariage pour Tous, sujet de société au premier plan de l’actualité au
moment où l’artiste, supposée folle-dingue, écrivait les morceaux du disque qui
sort aujourd'hui. On n’a pas compté sur elle pour aborder un thème de front, au
premier degré. "Les hommes préfèrent les hommes" remonte à la
destruction de Sodome et Gomorrhe pour nous compter, le temps d’une chanson, la
grande épopée du sexe dit fort, tour à tour sanguinaire et sodomite. A l’ère du
Verseau, les hommes préfèrent les hommes, donc. "Puisqu'ils sont tous
pédés, songeons à nous armer", suggère Brigitte Fontaine en costume
d’amazone.
"Père"
C’est par
une ode à son défunt père au son d’une ballade au piano que Brigitte Fontaine
achève son disque. C’est par cette chanson qui révèle sa part de sensibilité et
son âme d’éternelle petite fille qu’elle nous abandonne. Portrait intime autant
qu’universel, puisque la plupart des petites filles du monde pourrait
s’adresser à leur père, un "Astre pudique", par ces mêmes mots
tendres et mélancoliques.
Brigitte Fontaine en 2007 (PIERRE ANDRIEU / AFP)
Source nouvelobs.com
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