Seniors, on vous ment sur votre santé
Avec son ouvrage Seniors, on vous ment sur
votre santé, Gilles Orgeret, kinésithérapeute, lance une bouteille à la mer.
Face à tant de seniors désespérés, mal dans leur peau et dans la société, il a
décidé de proposer un ouvrage répondant à leurs questions et permettant de
faire le tri parmi « la masse d’informations que nous servent les médias ».
Propos recueillis par Gaëtan Lefèvre
Masseur-kinésithérapeute
et enseignant de thérapie normotensive, Gilles Orgeret se définit comme « un
professionnel de la santé évolutif », constamment à la recherche de nouveautés
permettant d’améliorer le mieux-être de tout un chacun. Pour répondre aux mieux
à nos questions, il a demandé au docteur Anne MALLet, gériatre, nutritionniste
et consultante de la mémoire, de participer.
- De quoi traite votre ouvrage seniors, on vous ment sur votre santé ?
Mon
livre se découpe en 3 chapitres : « Le non anti-âge », « Santé : vérités et
mensonges », et « La bonne activité physique en fonction de l’état de santé ».
Il faut cesser de proposer au senior le secret de l’éternelle jeunesse à coup
de pubs, d’articles racoleurs et de livres mensongers, mais lui faire admettre
la possibilité d’un très réel mieux-être prenant en compte ce que la nature
fait de nous au fil des ans. On ne peut pas « être et avoir été » comme dit le
proverbe, cessons de rêver ! En revanche, on peut vivre longtemps sans être
vieux. Mon expérience ainsi que celle des amis médecins avec lesquels je
collabore, comme ici avec le docteur Anne Mallet, gériatre, nutritionniste et
consultante de la mémoire, permettent de corriger le tir.
- Quelles sont pour vous les vérités que devraient connaître les personnes de plus de 60 ans sur leur santé ?
Dans la
vie, il faut régler les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent. Or,
en vieillissant, ils ont tendance à s’accumuler. Quand on est parvenu à l’âge
fécond, on croit savoir ce qui convient pour bien se soigner, mais ce qui a pu
marcher quand on est jeune ne fonctionne plus forcément quand on est senior. Du
coup, on se sent désemparé. Il revient aux professionnels de santé de dépister
et de prévenir les pathologies liées au vieillissement ainsi que de traiter
toutes les maladies chroniques ou aiguës dont peut être atteint l’individu. En
dehors de ce concept, et après application des recommandations spécifiques
faites par le médecin, le senior pour qui vieillir mieux et moins vite est une
priorité, peut agir en ce sens, en appliquant quelques conseils de base autour
du « bien manger, bien penser et bien bouger ». À l’heure actuelle, dans les
pays développés, le moyen le plus efficace pour permettre la poursuite de
l’augmentation de l’espérance de vie, c’est la prévention des risques de santé
par l’individu lui-même. « En priorité, il s’agit de surveiller le cœur et le
cerveau », affirme le docteur Jean-Claude KAHN, cardiologue. En particulier, le
taux de cholestérol sanguin et la pression artérielle. Une élévation anormale
de ces chiffres expose aux maladies cardiovasculaires : risque d’A.V.C.
(Accident Vasculaire Cérébral) chez un hypertendu non traité ou mal équilibré,
risque d’infarctus du myocarde en cas d’hypercholestérolémie sévère non
traitée, surtout si elle est associée à une hypertension artérielle. Lorsque
ces deux anomalies sont associées entre elles, et avec en plus un tabagisme, le
risque d’accident cardiovasculaire est multiplié par 5 ou 6. Ces accidents
cardiovasculaires peuvent se démasquer à l’occasion d’une reprise intempestive
de l’activité sportive chez quelqu’un qui n’en pratiquait pas jusque là. D’où
la nécessité d’être bien conseillé.
- Quels seront les bénéfices de cette activité physique chez les seniors ?
L’activité
physique est un facteur protecteur contre certains cancers, elle permet de
maintenir une bonne densité osseuse, de limiter les maladies cardiovasculaires,
ainsi que la fonte musculaire liée au vieillissement normal. Elle permet
également d’obtenir une meilleure qualité de sommeil, ce qui permet de limiter
la prise de somnifères dont les seniors font un usage abusif. De plus, quand on
est tonique, on a une meilleure image de soi, un meilleur mental. On vieillit
moins vite.
- Dans votre travail avec les seniors, quels sont les conseils diététiques que vous promulguez ?
Le bien
manger, c’est manger équilibré, diversifié et manger moins. C’est augmenter sa
consommation de fruits et légumes, augmenter sa consommation de céréales et de
féculents. C’est diversifier les sources de protéines (viande, poisson, œuf)
présentes midi et soir. C’est aussi consommer un laitage à chaque repas. C’est
aussi penser aux vitamines (C, D, A, E et toutes celles du groupe B) et
oligo-éléments (fer, calcium, zinc, sélénium). Sans oublier d’assurer une bonne
hydratation, soit au minimum 1,5 à 2 litres d’eau par jour, en dehors de
l’apport hydrique contenu dans les aliments. En parallèle, c’est aussi limiter
la consommation de sucres, de graisses (surtout graisses animales saturées
comme dans la charcuterie) et d’alcool. Avoir une bonne hygiène alimentaire
c’est enfin éviter de sortir de table rassasié, surtout au dîner, et c’est
manger lentement pour adapter la prise alimentaire aux besoins. En revanche, le
petit déjeuner peut être copieux, d’autant plus s’il est suivi d’une activité
physique.
- Que pensez-vous du dispositif « sport-santé sur ordonnance » qui est testé à Strasbourg ?
Ce
dispositif a démarré le 5 novembre dernier. Il consiste à prescrire une
activité physique adaptée à l’état de santé. Voilà une excellente initiative
qui devrait être généralisé dans toute la France ! C’est un début pour que les
mentalités changent. Il mérite cependant quelques réserves, car faut-il
automatiquement orienter le sédentaire vers un « sport », alors que, peut-être,
il n’en a jamais fait de sa vie et surtout n’en a aucune envie ? Mieux vaut
parfois conseiller à cette personne de « se bouger », de s’activer le plus
possible au quotidien, d’autant que le sport est accidentogène (source de
traumatismes et de chutes) alors même qu’en vieillissant le risque s’accrut.
Mon livre propose une activité très simple, à la portée de tous et sans avoir à
intégrer forcément une structure adaptée, une salle de sport. Quand on a des
problèmes d’équilibre, on a peur de sortir, et on ne se rend pas dans ces
lieux. L’activité que je propose et qui peut même se pratiquer à domicile,
tient compte du fardeau parfois écrasant de certaines pathologies, ainsi que de
la fatigabilité chronique.
Seniors, on vous ment sur votre
santé de Gilles ORGERET, aux éditions Jacques Grancher.
Source SantéSportMag
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire