Un ministre, ça ferme sa gueule ou c'est limogé
Le quotidien suisse Le Courrier qualifie par ce
titre l'éviction, mardi 2 juillet, de Delphine Batho du poste de ministre de
l'Ecologie. Une décision qui révèle un gouvernement pas très "classe"
et surtout peu soucieux de la transition écologique.
Convoquée.
Sèchement. Et virée. Les deux nouvelles ont été annoncées hier, à quelques
heures d’intervalle, via Twitter... Quelle classe ! Delphine Batho, ministre
française de l’Ecologie, avait osé critiquer, le matin même, le
"mauvais" budget – doux euphémisme – du gouvernement. Budget qui
prévoit 14 milliards d’euros d’économies en 2014, dont 500 millions rien que
pour son ministère. L’écologie est-elle "bien une priorité?"
s’est-elle interrogée sur les ondes de RTL. "Il y a une déception à
l’égard du gouvernement, il y a un doute sur notre volonté de changement",
a-t-elle encore déclaré.
C’était
oublier un peu vite la maxime de l’un de ses illustres prédécesseurs,
Jean-Pierre Chevènement, alors en charge de la Recherche: "Un ministre, ça
ferme sa gueule ; si ça veut l’ouvrir, ça démissionne." Mme Batho a donc
été promptement... débarquée. Tout comme sa prédécesseure Nicole Bricq, dont la
décision de suspendre les permis de forage pétrolier de Shell en Guyane avait
signifié son déplacement abrupt vers le Ministère du commerce extérieur.
C’était il
y a un an à peine. François Hollande choisit-il vraiment si mal ses ministres
de l’Environnement ? Hélas, ces évictions successives constituent plutôt la
preuve du peu d’intérêt que porte le président de la République française aux
questions écologiques et à la transition énergétique. Force est de constater
qu’il préfère soutenir la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou
baisser le prix de l’essence que remettre en question la filière nucléaire ou
freiner la consommation électrique.
Ironie de
l’histoire, Delphine Batho avait été choisie à ce poste car, justement, on
attendait d’elle qu’elle ne fasse pas de vagues. De fait, un an durant, la
modestie de ses interventions a été remarquable. Absente sur les gros dossiers
en matière d’énergie comme de transports, la ministre avait jusqu’ici su se
montrer transparente et parfaitement inoffensive. Trop sans doute pour cette
ancienne fidèle de Ségolène Royal.
Ce
remaniement ministériel contraint également les Verts à repenser leur
participation au gouvernement. Yves Cochet, ancien candidat à la candidature
pour la présidentielle de 2007, a appelé ses camarades Cécile Duflot (ministre
en charge du Logement) et Pascal Canfin (au Développement) à démissionner. Car
eux aussi ont avalé des couleuvres. Que reste-t-il du volet programmatique de
l’accord conclu fin 2011 entre le PS et Europe-Ecologie Les Verts, qui
prévoyait notamment une réduction drastique de la production nucléaire, la
fermeture progressive de vingt-quatre réacteurs et l’arrêt immédiat de
Fessenheim ? Pas grand-chose. Mais pendant ce temps, le Premier ministre,
Jean-Marc Ayrault, continue d’affirmer, sans rire, que ”la transition
énergétique reste une priorité”.
Dessin de
Burki, Suisse.
Source Courrier International
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