Pistés par des capteurs
A l’heure où le Big Data [la gestion des masses
de données] devient monnaie courante dans les entreprises, certaines collectent
des informations en temps réel sur la manière dont leur personnel travaille et
interagit.
L’année
dernière, Cubist Pharmaceuticals a ainsi pisté 30 employés du service
vente et marketing dans ses bureaux de Lexington (Massachusetts). L’objectif
était d’en savoir plus sur les échanges entre les membres d’une équipe et entre
les services. Pendant quatre semaines, les salariés ont porté un appareil de la
taille d’un iPhone fourni par la société Sociometric Solutions. Ce boîtier a
collecté des informations sur leurs déplacements, le volume de leur voix et le
type de leurs conversations, qui ont ensuite été combinées à des données
concernant les flux de courriels ainsi qu’aux résultats de questionnaires
hebdomadaires via lesquels les employés devaient évaluer leur énergie et leur
productivité.
Cubist a
alors observé un lien entre l’existence d’échanges en face-à-face et une forte
productivité. Il a également noté une baisse significative de l’activité
sociale pendant la pause-déjeuner, que de nombreuses personnes ont consacrée à
la consultation de leur messagerie. L’entreprise a réagi en rendant sa
cafétéria plus attrayante : l’éclairage et les menus ont été améliorés
afin d’inciter les gens à déjeuner ensemble. Une pause-café a été instaurée à
15 heures pour redonner du tonus et favoriser les contacts.
Dans ce type d’étude, les participants reçoivent normalement un rapport de
synthèse et peuvent avoir accès aux informations qui les concernent. Certains
cadres veulent consulter des données individuelles, reconnaît Ben Waber,
directeur général de Sociometric Solutions, mais le client doit signer un
contrat qui le lui interdit. Dans la cinquantaine de moyennes et grandes
entreprises qui ont déjà fait appel à ses services, 90 % des
collaborateurs ont accepté de participer et de porter le capteur pendant toute
la journée de travail (sauf dans les toilettes). Les autres pouvaient choisir
d’arborer un badge inactif.
“Il n’est pas illégal de pister ses
propres employés dans ses propres locaux”, commente
Lewis Maltby, président du National Workrights
Institute, qui défend les droits des salariés. Le problème, c’est que les
entreprises vont probablement réclamer des données nominatives. “Là encore, ce n’est pas illégal. Mais
voulez-vous vraiment que votre employeur vous suive à la trace ? Ça donne
la chair de poule.”
Source Courrier International
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