Henning MANKELL
Le retour du professeur de danse
Traduit du Suédois par Anna Gibson
(4ème de couverture)
Décembre 1945. Dans l’Allemagne vaincue, un passager solitaire descend d’un avion militaire britannique et se rend à la prison de Hameln. Là, il procède à la pendaison de criminels de guerre nazis. Mais l’un d’eux a échappé à son sort.
Octobre 1999, dans le nord de la Suède, Herbert Molin, un policier à la retraite, est torturé à mort. Dans sa maison isolée, les empreintes sur le parquet semblent indiquer que le tueur a esquissé un tango sanglant avec sa victime. Ici, ce n’est plus le commissaire Wallander qui mène l’enquête. Au même moment, à l’autre bout de la Suède, le jeune policier Stéfan Lindman apprend deux mauvaises nouvelles : il a un cancer et son ancien collègue a été assassiné. Pour tromper son angoisse, il décide de partir dans le Härjedalen et d’enquêter lui-même sur ce meurtre. Or, les ombres d’un passé très noir se sont réveillées. Elles ont frappé. Elles vont frapper encore et encore. Stefan a peur. Mais il est jeune, malade. Il ignore combien de temps il lui reste à vivre. Il n’a rien à perdre.
Henning Mankell, né en 1948 dans le Härjedalen, écrivain multiforme, lauréat de nombreux prix littéraires, partage sa vie entre le Mozambique et la Suède.
(Les personnages principaux :)
Stefan Lindman, Giuseppe Larsson, Erik Johasson, Elsa Berggren, Herbert Molin, Véronica Molin, Fernando Hereira, Aron Silberstein.
(1ere phrase :)
Le 12 décembre 1945, peu après quatorze heures, l’avion décolla de la base militaire des environs de Londres.
(Dernière phrase :)
Puis il alla reprendre le travail qui lui avait si longtemps manqué.
409 pages – Editions Seuil 2000 avril 2006 pour la traduction française
(Aide mémoire perso :)
Le Retour du Professeur de Danse est l'occasion de découvrir une nouvelle création de l'écrivain suédois (même si on l'a déjà croisé, en français, dans le roman suivant paru avant... merci Monsieur Seuil). Celui-ci a à peine la quarantaine, fait partie de la police, et profite de cette première apparition pour apprendre qu'il est atteint d'un cancer ; à la langue !..
Stefan Lindman, puisque tel est son nom, se retrouve donc en congé, dans l'attente d'un début de traitement et pour meubler le laps de temps qui le sépare de cette échéance, pour éviter de penser à ce qui l'attend et aux conséquences éventuelles de sa maladie, il remonte vers le nord, là où son ex-collègue, Herbert Molin, celui qui lui a tout appris, vient d'être sauvagement assassiné.
Henning Mankell met l'accent sur la construction de son intrigue et arrive à nous surprendre encore par son métier et son efficacité en la matière. Ses personnages sont, comme il en a l'habitude, d'une épaisseur, d'une consistance, d'une vérité reconnues. Stefan Lindman, confronté à bientôt quarante ans à un cancer en est l'exemple parfait, ou encore Giuseppe Larsson, flic débonnaire, comme un Wallander qui aurait oublié ses angoisses au vestiaire tout en conservant sa perspicacité. Et ils sont nombreux ceux qui traversent cette enquête difficile.
Mais c'est le fond du roman qui retient l'attention malgré les qualités de l'intrigue, l'acuité des portraits. Henning Mankell, en situant son récit sur les terres qui l'ont vu naître (sûrement pas un hasard), pose un regard sur le passé récent de la Suède et éclaire quelques passages oubliés de son histoire. On y découvre, au détour des années 30/40, un pays séduit par l'idéologie de l'Allemagne voisine, on y balaie sa neutralité prudente communément admise, on y rappelle sa participation active à la machine de guerre allemande à travers sa production d'acier...
L'idéologie nazie n'avait pas que des opposants en Suède, loin de là !.. Mais Henning Mankell va plus loin dans son "introspection". Pour lui, ces idées d'un autre temps sont toujours vivantes, même dans son propre pays, longtemps considéré comme le modèle social européen.
- Je m'étais toujours représenté les petits fachos comme des types rasés, avec des rangers. En fait, ils peuvent avoir n'importe quelle tête. La tienne par exemple.
Henning Mankell se renouvelle dans la continuité. Kurt Wallander n'est plus là mais il aurait tout aussi bien pu mener cette enquête tant le personnage colle à son auteur et son ombre plane sur ses romans. Avec une différence peut-être : Wallander s'est toujours interrogé sur l'avenir de son pays, Stefan Lindman, quant à lui, amènerait plutôt un regard sans concession sur son passé. Les aventures de Kurt Wallander sont finies mais pas les passionnants polars d'Henning Mankell. La montée du racisme et d'un renouveau du nazisme sont, avec l'antisémitisme, d'énormes épines dans le pied de l'auteur et il n'a de cesse, à juste titre, de les dénoncer dans ses romans. Malgré les problèmes graves de la santé du policier Lindman - problèmes sans cesse présents mais décrits avec beaucoup de pudeur et une extrême justesse de ton - l'atmosphère de ce polar est absolument passionnante ; le ton est sérieux, cependant l'ambiance n'est pas aussi sombre que dans les enquêtes de Wallander. On suit pas à pas les recherches menées par ces deux nouveaux policiers, très différents de Wallander, formant une équipe sympathique et amicale que l'on espère retrouver bientôt.
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