Trop de sel dans les médicaments !
Gare au sel des médicaments
effervescents !
Les comprimés effervescents, dispersibles ou
solubles augmentent les risques d'hypertension artérielle et d'accident
vasculaire cérébral.
Qu'ils
soient effervescents, dispersibles ou simplement solubles, certains médicaments
renferment de grandes quantités de sel (à la différence des mêmes molécules
présentées sous forme de comprimé enrobé). Une notion que n'ont pas toujours en
tête les malades quand ils choisissent leur type d'aspirine, de paracétamol,
d'anti-inflammatoire, de complément en calcium ou en vitamine C chez le
pharmacien. D'où l'intérêt de la mise en garde de spécialistes britanniques,
dans le British Medical Journal,
notamment pour les patients à risque de maladie cardiovasculaire.
On sait
depuis longtemps que l'excès de sel dans l'alimentation augmente le risque
d'hypertension artérielle et d'événement cardiovasculaire. C'est d'ailleurs
pourquoi les industriels de l'agroalimentaire ont revu à la baisse la quantité
de cette substance dans leurs préparations. Le pain n'a pas échappé à cette
restriction. En revanche, la question du sel dans les médicaments n'avait guère
été abordée jusqu'à présent. Or, certains médicaments effervescents,
dispersibles ou solubles en contiennent des quantités significatives.
- Surdosage en sodium
Grâce
aux travaux menés par le Dr Jacob George et ses collègues du Ninewells Hospital
à Dundee (Royaume-Uni), on sait maintenant, par exemple, qu'un comprimé de
paracétamol de 500 mg effervescent peut contenir 18,6 mmol/l de sodium. Tout
individu qui en prend huit par jour (soit la posologie maximale autorisée)
dépasse largement la quantité de sodium recommandée quotidiennement (qui est de
104 mmol/l), avant même d'avoir ingéré le moindre aliment...
Pour
tenter de mesurer l'effet du sodium provenant des médicaments, les chercheurs
ont étudié, au sein d'une cohorte de près de 1,3 million de personnes suivies
pendant sept ans, les 61 000 patients ayant eu un événement cardiovasculaire.
Puis ils les ont comparés à autant de personnes n'ayant pas connu ce type de
problème de santé. Ils se sont notamment intéressés à la consommation de 24
médicaments contenant beaucoup de sodium (des formulations de paracétamol,
d'aspirine, d'ibuprofène, de calcium...).
- Affichage de la teneur en sodium sur les étiquettes
Leur
constat est sans équivoque : parmi les individus ayant présenté un événement
cardiovasculaire, la proportion de consommateurs de médicaments contenant du
sodium est supérieure de 16 % à la moyenne. Et si l'on ne s'intéresse qu'aux
accidents vasculaires cérébraux, la proportion passe à 22 %. Quant à la
survenue d'une hypertension, elle était multipliée par sept en cas d'absorption
de médicaments contenant du sodium. Enfin, la mortalité, toutes causes
vasculaires confondues, était accrue de plus d'un quart chez les personnes
prenant des médicaments contenant du sodium, par rapport au reste de la
population étudiée.
Ces
résultats ont des implications importantes en pratique. Les auteurs estiment
que "les médecins devraient prescrire les formulations contenant du sodium
avec prudence et seulement s'il y a des raisons valables de le faire". De
plus, ces médicaments effervescents, dispersibles ou solubles "devraient
être évités chez les patients à risque d'hypertension". Et ceux auxquels
on a prescrit ces médicaments "devraient être surveillés de près pour
l'émergence d'une hypertension". Les auteurs estiment, enfin, que le
contenu en sodium de ces traitements devrait clairement apparaître sur les
étiquettes, comme c'est le cas pour les produits alimentaires.
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