vendredi 27 décembre 2013

Billets-Ces fusillades dont personne n’entend parler


Ces fusillades dont personne n’entend parler

Un an après la tuerie de l'école de Sandy Hook, au moins 24 autres fusillades ont eu lieu en milieu scolaire, faisant 17 victimes. Quant au contrôle des armes, les bonnes intentions de Barack Obama n'ont débouché sur rien.

Depuis le 14 décembre 2012, où 20 enfants de CP ont été tués par balles à l'école élémentaire de Sandy Hook, de nouvelles fusillades en milieu scolaire ont eu lieu en moyenne tous les quinze jours aux Etats-Unis.

Ces événements ne ressemblent pas nécessairement au genre de tragédies que nous associons à l'expression "tuerie en milieu scolaire" - des fous en treillis qui arpentent les couloirs, harnachés d'armes automatiques, et assassinent tout le monde sans discernement. Ils n'intéressent pas non plus les médias autant que ces grands massacres. Pourtant, ils peuvent s'avérer tout aussi traumatisants pour les élèves et les employés, et ils ont fait au moins 24 blessés et 17 morts au cours de l'année passée, d'après une enquête du Daily Beast.

A partir de données tirées de la presse et en partie collectées par l'association Moms Demand Action for Gun Sense in America [une association de mères anti-armes], nous avons compté 24 fusillades survenues dans le cadre scolaire en 2013 - c'est-à-dire des coups de feu ayant eu lieu sur des campus où des élèves étaient présents. Nous n'avons pas inclus les fusillades qui sont survenues en dehors des heures de cours.

Notre total comprend les fusillades qui n'ont entraîné aucun blessé, mais aussi celles où le tireur s'est avéré la seule victime. C'est par exemple le cas de Joseph Poynter, un élève de première âgé de 17 ans qui étudiait au lycée La Salle à Cincinnati : en avril, il a apporté une arme de chez lui, puis "il a placé le canon sur sa tempe droite et s'est tiré une balle dans le crâne" devant une classe remplie d'élèves, selon les rapports de la police. 
Deux tiers des fusillades ont eu lieu dans des lycées ou des universités, les autres dans des collèges ou des écoles élémentaires.

  • Armer les gens "honnêtes"
Nous ne disposons d'aucune donnée similaire pour les années précédentes. Il est donc difficile de savoir si le débat national déclenché par la tragédie de Newtown a suscité de véritables changements.

Selon un rapport, le nombre d'élèves portant des armes dans l'enceinte scolaire aurait baissé. D'après les données les plus récentes de l'enquête nationale Youth Risk Behavior ["Comportements à risque des jeunes"], 5,4 % des élèves de la troisième à la terminale ont apporté une arme à l'école - un chiffre divisé par deux depuis 1993.

Du côté de la législation, au moins 540 textes sur la sûreté et la sécurité à l'école ont été examinés dans les 50 Etats américains cette année. Cela représente "une nette augmentation [par rapport aux années précédentes], particulièrement en ce qui concerne les armes", indique Lauren Heintz, analyste à la Conférence nationale des législatures d'Etats [une organisation au service des législateurs d'Etats].

106 de ces projets de loi ont été adoptés, mettant en place des mesures de prévention et d'organisation comme des cours sur l'utilisation sans danger des armes, le recrutement de personnel chargé de la sécurité ou la mise en œuvre de plans et d'exercices de sûreté.

Les conseils scolaires et les autorités locales ont également adopté de nouvelles politiques - notamment en recrutant des agents de police en uniforme et en armant des professeurs et d'autres membres du personnel - afin de garantir la sûreté des élèves. La NRA a proposé un plan de ce type en réponse au massacre de Newtown. "La seule chose qui puisse arrêter un voyou avec une arme, c'est un honnête homme avec une arme", a déclaré Wayne LaPierre, le vice-président de l'organisation, lorsqu'il a dévoilé le projet visant à poster des gardes armés dans les écoles du pays.

De fait, au moins 33 Etats ont choisi cette approche par le biais de 80 projets de lois présentés en 2013, qui prévoyaient d'armer les enseignants ou les autres membres du personnel.

  • Une réaction fédérale limitée
Les défenseurs de ce type de mesures sont confortés par des anecdotes de fusillades telles que celle qui a eu lieu au collège Price à Atlanta (en Géorgie), en février. Un élève de 15 ans a tiré sur un autre garçon dans la nuque avant d'être immédiatement désarmé et arrêté par un employé armé.

D'autres organisations comme le National School Safety and Security Services [Services nationaux pour la sûreté et la sécurité en milieu scolaire], une société de conseil spécialisée dans la sûreté à l'école, déconseillent d'armer les professeurs. Le président de cet organisme, Kenneth S.
Trump, a déclaré en 2008 dans un communiqué de presse qu'il fallait distinguer entre des gardiens de la paix professionnels et "l'idée que des enseignants, des surveillants, des employés de cantine et autres professionnels non spécialisés dans la sécurité publique portent une arme dans une école où se trouvent des centaines d'enfants".

Quant à la réaction de l'Etat fédéral, Kenneth S. Trump affirme qu'elle a été "limitée voire inexistante par rapport aux suites de la tuerie de Columbine". Après cette tragédie survenue en 1999, le président Bill Clinton avait mis en place des initiatives pour allouer des ressources au maintien de l'ordre dans les écoles, à la prévention de la violence, à des programmes relatifs à la santé mentale, ainsi qu'à la préparation aux situations d'urgence et aux crises dans les écoles.

Immédiatement après la tuerie de Newtown, Barack Obama a annoncé un plan exhortant le Congrès à adopter une loi dont le but était d'interdire les fusils d'assaut et les chargeurs de grande capacité, et de renforcer la vérification des antécédents [pour la vente d'armes].
Ce projet de loi a été enterré par le Sénat.

Dessin Dessin de Sondron paru dans L'Avenir, Belgique. Droits réservés

Source Courrier International

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