DSK, du FMI à LSK
Définitivement grillé en politique, Dominique
Strauss-Kahn a réussi sa reconversion professionnelle, notamment via la
compagnie Leyne, Strauss-Kahn & Partners.
Le revoilà. Touché
mais pas coulé par le scandale du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn est de
nouveau en piste. Avec discrétion, évidemment, et loin du monde politique, où
il est définitivement grillé. Mais il lui reste le monde influent (et
rémunérateur) du conseil dans les pays émergents, qui se disputent les services
d’un homme qui, s’il a perdu la face, n’a rien perdu de son talent.
Dix-huit mois plus
tôt, au Sofitel de New York, Strauss-Kahn a tout perdu en une matinée. Son
poste de directeur général du Fonds monétaire international, pour commencer. Et
puis la possibilité très concrète de devenir le candidat socialiste à la
présidence de la République : sans cet “incident de parcours” avec la
femme de chambre Nafissatou Diallo, c’est lui qui serait aujourd’hui à l’Elysée
à la place de François Hollande. Enfin, sa femme, Anne Sinclair, l’a quitté et
mis dehors après l’avoir loyalement soutenu tout au long de sa bataille
judiciaire. Elle a ainsi mis fin à un mariage qui était aussi une affaire
d’intérêts communs, chacun des conjoints soutenant la carrière de l’autre.
DSK a traversé une
période difficile et n’est d’ailleurs pas encore sorti du tunnel, puisqu’il
devra affronter un énième procès l’année prochaine, en France cette fois-ci,
dans l’affaire du Carlton de Lille, pour proxénétisme aggravé : une autre
accusation grave. Mais l’ancien patron du FMI a su rebondir. Il a changé de
vie, ou plutôt s’en est inventé une autre. Un symbole : son changement de
look. DSK arbore aujourd’hui une soyeuse barbe blanche qui lui donne de faux
airs de Père Noël (se laisser pousser la barbe est décidément une spécialité
des hommes politiques français déchus. Nicolas Sarkozy lui aussi en arbore une
de trois jours, qui lui donne un faux air négligé. Carla adore, paraît-il…).
DSK s’est lancé dans
les conférences, refuge de tous les damnés de la politique. L’homme,
intelligent, polyglotte et bien informé, remporte un franc succès. Le Nouvel Observateur a calculé que ses
bla-bla autour du monde lui rapportent à peine moins de 2 millions d’euros par
an. Mais Strauss-Kahn s’est également taillé un rôle, aussi rémunérateur mais
autrement plus stratégique, de grand conseiller, d’éminence grise, d’homme de l’ombre.
En juillet, le gouvernement serbe, non sans quelques polémiques à Belgrade et
quelque embarras à Paris, a reconnu l’avoir engagé comme consultant. La
rencontre avec le Franco-Bulgare Wladimir Mollof, financier et président de la
banque Arjil, a été déterminante, écrit Le Figaro. Pour cet homme bien
introduit dans les milieux économiques internationaux, DSK est “une personnalité économique qui valait la peine
d’être contactée”. Aussitôt dit, aussitôt fait.
L’autre personnage
clef de la résurrection de DSK s’appelle Thierry Leyne, banquier d’affaires et
propriétaire du groupe Anatevka. C’est lui qui a mis en lien DSK avec le
gouvernement du tout nouveau Soudan du Sud qui a reçu comme un chef d’Etat
l’ex-directeur du FMI le 14 mai dernier à Djouba. Idem en Russie, où DSK
siège au conseil d’administration de deux colosses bancaires.
Le 25 septembre
dernier, le groupe Anatevka de Leyne est devenu la compagnie financière Leyne,
Strauss-Kahn & Partners, dont le siège est basé au Luxembourg. En
abrégé : LSK. Depuis, Strauss-Kahn dispense conseils et conférences à
travers le monde avec une frénésie qui rappelle l’époque du FMI. De DSK à LSK,
il suffit parfois d’un changement de consonne pour refaire sa vie.
Dessin de Cajas paru dans El Comercio, Quito.
Source Courrier International
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