Pauvre François Hollande !
Un éditorialiste britannique prend en pitié le
président français. A son sens, François Hollande paie avant tout la haine des
Français contre le monde moderne et le libéralisme anglo-saxon.
François
Hollande est la cible de tant de reproches qu'on ne peut qu'éprouver de la
commisération pour cet aimable second couteau socialiste qui, d'après ses amis,
n'en serait toujours pas revenu d'avoir eu la chance d'être élu l'an dernier.
On le tient pour responsable d'à peu près tout ce qui reflète le marasme dans
lequel baigne le pays. Le Onze national, autrefois auréolé de gloire, semble
voué à se faire rapidement éjecter de la prochaine Coupe du Monde [les Bleus se
sont finalement qualifiés pour le Brésil le 19 novembre, contre toute attente]
? C'est la faute à Hollande. Un tueur
fou terrorise les Parisiens ? Un symptôme de plus de son règne mortifère.
La France
ne manque jamais de détester ses monarques élus, mais le désamour* avec Hollande, désormais le
président le plus impopulaire depuis la mise en place du suffrage universel en
1958, s'est manifesté à une vitesse spectaculaire. Il tient à son style
maladroit, sa passion pour les impôts et son incapacité à endiguer le chômage
et le déclin économique.
Plus
généralement, Hollande et Jean-Marc Ayrault, son Premier ministre qui n'a rien
de galvanisant, paient le prix du fait que la France n'aime pas le monde
moderne. Si les grandes entreprises du pays prospèrent dans l'économie
mondialisée, les présidents successifs, y compris le réformateur qu'était censé
être Nicolas Sarkozy, ont protégé leur population de la nouvelle mentalité qui
prévaut, celle d'une compétitivité affirmée. L'ennemi est toujours le libéralisme anglo-saxon, cette foi
étrangère que tous semblent vouloir imposer à la France, des Chinois à la
Commission européenne.
Les tabous de la gauche intouchables
Un peu
tard, Hollande a expliqué que le déclin du pays était lié à une baisse de sa
compétitivité au fil des années, mais il ne peut guère aller plus loin sans
risquer de toucher aux tabous de la gauche, trahissant ainsi sa promesse de
renforcer le modèle social français. En privé, les ministres reconnaissent
qu'il faudrait réduire les dépenses publiques, qui représentent 56 % du
PIB, et assouplir le droit du travail, mais ils redoutent la révolte que cela
déclencherait.
Hollande
s'efforce de surmonter le ridicule dans lequel sa présidence s'enlise. Il
profite le plus possible de la force dont la France a fait preuve au
Moyen-Orient, en particulier sur la question iranienne et lors de son succès
militaire contre les islamistes au Sahel. Pourtant, dans son propre cercle,
certaines personnalités craignent qu'il n'ait pas pleinement pris la mesure du catastrophisme ambiant, et qu'il ne suffira
pas d'espérer en un avenir meilleur pour se tirer d'affaire.
A sa
décharge, il ne faut pas oublier que, contrairement à David Cameron ou Angela
Merkel, il n'est pas qu'un chef de gouvernement, qui peut être destitué par le
Parlement ou contraint d'organiser des élections. Il dispose des pouvoirs
presque absolus d'un président de la Ve République, et s'appuie sur une
Assemblée servile qu'il est le seul à pouvoir dissoudre. D'ailleurs, Hollande,
ces derniers temps, rappelait à ses visiteurs inquiets un des dictons préférés
de son défunt mentor, François Mitterrand : "Il
faut laisser du temps au temps."
Dessin
de Sondron.
Source Courrier International
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