mercredi 4 décembre 2013

Billets-Pauvre François Hollande !


Pauvre François Hollande !

Un éditorialiste britannique prend en pitié le président français. A son sens, François Hollande paie avant tout la haine des Français contre le monde moderne et le libéralisme anglo-saxon. 
François Hollande est la cible de tant de reproches qu'on ne peut qu'éprouver de la commisération pour cet aimable second couteau socialiste qui, d'après ses amis, n'en serait toujours pas revenu d'avoir eu la chance d'être élu l'an dernier. On le tient pour responsable d'à peu près tout ce qui reflète le marasme dans lequel baigne le pays. Le Onze national, autrefois auréolé de gloire, semble voué à se faire rapidement éjecter de la prochaine Coupe du Monde [les Bleus se sont finalement qualifiés pour le Brésil le 19 novembre, contre toute attente] ? C'est la faute à Hollande. Un tueur fou terrorise les Parisiens ? Un symptôme de plus de son règne mortifère.

La France ne manque jamais de détester ses monarques élus, mais le désamour* avec Hollande, désormais le président le plus impopulaire depuis la mise en place du suffrage universel en 1958, s'est manifesté à une vitesse spectaculaire. Il tient à son style maladroit, sa passion pour les impôts et son incapacité à endiguer le chômage et le déclin économique.

Plus généralement, Hollande et Jean-Marc Ayrault, son Premier ministre qui n'a rien de galvanisant, paient le prix du fait que la France n'aime pas le monde moderne. Si les grandes entreprises du pays prospèrent dans l'économie mondialisée, les présidents successifs, y compris le réformateur qu'était censé être Nicolas Sarkozy, ont protégé leur population de la nouvelle mentalité qui prévaut, celle d'une compétitivité affirmée. L'ennemi est toujours le libéralisme anglo-saxon, cette foi étrangère que tous semblent vouloir imposer à la France, des Chinois à la Commission européenne.

Les tabous de la gauche intouchables
Un peu tard, Hollande a expliqué que le déclin du pays était lié à une baisse de sa compétitivité au fil des années, mais il ne peut guère aller plus loin sans risquer de toucher aux tabous de la gauche, trahissant ainsi sa promesse de renforcer le modèle social français. En privé, les ministres reconnaissent qu'il faudrait réduire les dépenses publiques, qui représentent 56 % du PIB, et assouplir le droit du travail, mais ils redoutent la révolte que cela déclencherait.

Hollande s'efforce de surmonter le ridicule dans lequel sa présidence s'enlise. Il profite le plus possible de la force dont la France a fait preuve au Moyen-Orient, en particulier sur la question iranienne et lors de son succès militaire contre les islamistes au Sahel. Pourtant, dans son propre cercle, certaines personnalités craignent qu'il n'ait pas pleinement pris la mesure du catastrophisme ambiant, et qu'il ne suffira pas d'espérer en un avenir meilleur pour se tirer d'affaire.

A sa décharge, il ne faut pas oublier que, contrairement à David Cameron ou Angela Merkel, il n'est pas qu'un chef de gouvernement, qui peut être destitué par le Parlement ou contraint d'organiser des élections. Il dispose des pouvoirs presque absolus d'un président de la Ve République, et s'appuie sur une Assemblée servile qu'il est le seul à pouvoir dissoudre. D'ailleurs, Hollande, ces derniers temps, rappelait à ses visiteurs inquiets un des dictons préférés de son défunt mentor, François Mitterrand : "Il faut laisser du temps au temps."

 Dessin de Sondron. 
Source Courrier International

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