Libertarianisme: une future réalité?
Tout nouveau sur la
scène politique belge, le Parti Libertarien incarne une doctrine
libérale fondée sur la liberté individuelle. Ses partisans s’opposent à l’étatisme en tant que
système fondé sur la coercition et prônent une société où les interactions
entre les individus découleraient de contrats librement consentis. À l’occasion
d’une conférence organisée par le Cercle des étudiants libéraux, le
président du parti Patrick Smets a présenté la philosophie politique
libertarienne tout en proposant des idées concrètes pour sortir de la crise.
- L’État en tant qu’ennemi de la liberté
Patrick Smets commence
son intervention en répondant à la question au cœur de la conférence. Selon
lui, loin d’être une future réalité, le libertarianisme est au
contraire une réalité ancrée dans l’actualité. À l’heure où la
social-démocratie peine à trouver des solutions face à la crise, les
libertariens apportent un discours politique neuf mélangeant espoir, liberté et
prospérité.
La notion de liberté
défendue par les libertariens se retrouve imprégnée dans le quotidien de la
plupart des individus. En effet, rares sont ceux qui, en se promenant dans la
rue, arracheraient le foulard d’une femme musulmane. Pourtant, nous changeons radicalement
d’attitude tous les cinq ans à l’occasion des élections. Tout d’un coup, caché
au sein d’un petit isoloir, on se sent le droit d’exiger que la force publique
intervienne à notre place. On vote ainsi pour des partis qui proposent des
politiques de rééducation telles que l’interdiction du port du foulard en rue.
Le libertarianisme s’oppose à la fiction de la souveraineté d’un État à qui
l’on délègue des droits que nous ne possédons pas.
Le droit est petit à
petit devenu un instrument de construction d’un modèle de société auquel les
libertariens sont en totale opposition. Cette vision orgueilleuse du droit a
permis aux violences étatiques de se développer afin de forcer les gens à rentrer
dans ce modèle. Or, le modèle social-démocrate imposé depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale est en train de s’essouffler. L’État, en faillite
depuis la crise, n’a plus les moyens d’acheter la fidélité des gens en
garantissant des progrès sociaux.
- Les politiques monétaires laxistes à l’origine des crises
La crise économique et
financière est essentiellement due à la nécessité d’alimenter le système actuel
par la création monétaire. Elle a démarré avec la crise des subprimes aux
États-Unis, des prêts immobiliers à risque que les emprunteurs, bien souvent de
condition modeste, n’ont plus été capables de rembourser. La crise de l’euro
trouve quant à elle ses origines dans la baisse artificielle des taux d’intérêt
provoquée par l’adoption de l’Euro. Du jour au lendemain, des États comme la
Grèce ont pu emprunter aux mêmes taux d’intérêt que l’Allemagne. Suite au
ralentissement de l’économie mondiale, la Grèce n’a plus été capable de
rembourser ses dettes alors que ses obligations d’État avaient déjà inondé le
système européen. Dans les deux cas, la crise est survenue suite à une
politique monétaire laxiste concédant des prêts qu’il s’est avéré
impossible de rembourser.
Il est plus que temps
de remettre en question le mode de création monétaire actuel. Celui-ci est
essentiellement basé sur le système de réserves fractionnaires qui autorise les
banques à prêter de l’argent qu’elle n’ont pas. En effet, seul un faible pourcentage
de l’argent que l’on dépose à la banque est réellement conservé. Ce système,
rendu possible par le fait que les épargnants ne retirent pas leurs dépôts tous
en même temps, s’avère très risqué en cas de crise de confiance. Qui plus est,
les prêts ainsi octroyés augmentent la masse monétaire et génèrent donc de
l’inflation. A contrario, lorsque ces prêts sont remboursés, la monnaie est
détruite, ce qui génère de la déflation et provoque un endettement des États.
Le système a donc systématiquement besoin de création de crédit, quitte à ce
que celui-ci ne soit pas remboursé et provoque une crise.
- La dette publique, un boulet au pied d’un Parti Libertarien en quête de liberté
Pour faire face à
cette crise, le Parti Libertarien propose tout d’abord d’annuler la dette
publique belge qui, de par son poids démesuré, empêche toute modification
profonde du système. Cette solution, bien évidemment discréditée par le secteur
bancaire à l’origine de ces prêts, a déjà été mise en place avec succès dans
certains États. Elle implique l’instauration de mécanismes de mise en faillite
des banques visant à faire payer les pertes par les créanciers et non les
citoyens.
En vue de revenir à
une croissance plus saine, les libertariens souhaitent également favoriser la
liberté et la concurrence au niveau de la production monétaire. Cette liberté
passe par l’émergence de monnaies alternatives telles que le Bitcoin, la première
devise monétaire électronique décentralisée. Bien que nul ne peut statuer sur
son avenir, le Bitcoin est la preuve qu’une monnaie décrétée par l’État n’est
pas indispensable si l’on veut procéder à des échanges à travers le monde.
Source Contrepoints.org (auteur Benoit Baudoin)
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