"Un manifeste pour la vérité" d'Edward Snowden
Ecrit à Moscou le 1er novembre, ce document est
arrivé à la rédaction du Spiegel par un canal crypté. Le magazine allemand en
défend la teneur et plaide, dans sa dernière édition hebdomadaire, pour
qu'Edward Snowden obtienne l'asile politique en Allemagne.
En très peu de temps,
le monde a beaucoup appris sur les services secrets qui agissent sans rendre de
comptes à personne et les programmes de surveillance parfois illicites. Les
services s'efforcent même parfois de dissimuler leurs agissements aux hauts responsables
ou au public. Si la NSA [américaine] et le Gchq [britannique] semblent être les
pires à cet égard – c'est ce que montrent les documents, désormais publics –,
nous ne devons pas oublier que la surveillance massive est un problème mondial
qui nécessite une solution mondiale.
Ces programmes ne
constituent pas seulement une menace pour la vie privée, ils menacent également
la liberté d'expression et l'ouverture de la société. La politique ne doit pas
être déterminée par les technologies d'espionnage. Nous avons le devoir moral
de faire en sorte que nos lois et nos valeurs limitent les programmes de
surveillance et protègent les droits de l'homme.
La société ne peut
comprendre et contrôler ces problèmes que par un débat ouvert, respectueux et
éclairé. Au début, certains gouvernements, gênés par les révélations relatives
au programme de surveillance massif, ont initié une campagne de persécution sans
précédent afin d'étouffer le débat. Ils ont intimidé les journalistes et
considéré comme un délit le fait de rendre publique la vérité. L'opinion
publique n'était alors pas encore en état de mesurer l'utilité de ces
révélations. Elle partait du principe que son gouvernement prenait les bonnes
décisions.
Aujourd'hui, nous
savons que c'était une erreur et que ces agissements ne servent pas l'intérêt
général. Le débat que les gouvernements voulaient empêcher va désormais avoir
lieu dans le monde entier. Et, loin de causer des dégâts, les nouvelles
connaissances du public montrent clairement l'utilité de ce débat pour la
société, puisque des réformes sont proposées pour mieux contrôler [ces dérives]
et envisager l'élaboration de nouvelles lois.
Les citoyens doivent
lutter contre la rétention d'information sur des questions d'importance vitale
pour la société. Dire la vérité n'est pas un crime.
Image extraite d'une vidéo diffusée par Wikileaks, montrant Edward
Snowden lors d'un dîner entre d'ex-agents d'espionnage américains et des
activistes à Moscou, le 9 octobre 2013 - AFP/Wikileaks
Source Courrier International
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