À l’Élysée, le blues des conseillers du chef de l’État
Ambiance morose dans les couloirs du palais
présidentiel, où les hommes et les femmes de l’ombre, déstabilisés par le mode
de fonctionnement de François Hollande, ne cachent pas leur inquiétude.
L’automne
est si doux que les arbres du parc de l’Élysée résistent. À l’intérieur du
palais, en revanche, l’ambiance est glacée. Les conseillers du président
continuent de travailler mais ces sondages qui leur arrivent chaque jour plus
mauvais les affectent. «L’ambiance est lourde, pesante», reconnaît un familier
du palais.
Devant
les journalistes, les collaborateurs de François Hollande continuent de
défendre leur président. Pied à pied. Mais avec des élus ou des proches, ils
n’hésitent plus à faire part de leur inquiétude. «Comment vas-tu? Mieux que
nous, forcément!», riait jaune l’un d’eux, la semaine dernière, devant un ami.
«Pardonnez mon retard, nous étions en train de régler les derniers détails de
la dissolution», plaisantait, grinçant, un deuxième, en arrivant à un
rendez-vous. «C’est dur, injuste», soupire un troisième. Un conseiller
ministériel résume, sidéré: «Les conseillers de l’Élysée sont perdus.»
Les
hommes et les femmes du président avaient rêvé de ce retour au pouvoir, après
dix ans dans l’opposition. Ils avaient rejoint l’Élysée plein d’enthousiasme,
avec la volonté de redresser le pays qu’avait tant «malmené Sarkozy»,
disaient-ils. «Nous allons réparer l’État», leur avait glissé le secrétaire
général, Pierre-René Lemas.
Dix-sept mois plus tard, ils en ont rabattu. L’état
catastrophique des finances publiques et le nécessaire redressement des comptes
ne leur laissent aucune marge de manœuvre. Certains, qui avaient applaudi le discours
du Bourget, ont dû remiser leurs convictions de
gauche, priés de mettre en œuvre une politique sociale-libérale. Et ils sont
las des polémiques, qui occultent les réformes. «Bah, ça devrait s’apaiser
entre le 24 et le 31 décembre…», ironise un conseiller.
Quant à
Hollande, ils ont compris son fonctionnement, et les limites de celui-ci. Un
président à la fois solitaire et accessible (trop?) qui ne sait pas dire non,
entretient le flou et l’ambiguïté, jusqu’au dernier moment, au risque
d’«insécuriser» toute la chaîne de commandement. Ses conseillers travaillent
sur une hypothèse qu’ils croient validée au sommet, avant de découvrir que le
président a tranché pour une autre, parfois par un SMS envoyé au ministre
concerné. «Les conseillers de l’Élysée sont parfois humiliés, constate un
député, stupéfait par ce mode de management. Il faut que le président arrête de
gouverner par SMS!» Un ministre reconnaît que le dispositif élyséen est à bout
de souffle: «Quand Hollande était premier secrétaire du PS, il avait Stéphane
Le Foll. Quand François disait “oui”, Stéphane passait derrière pour dire: “Il
t’a dit oui, mais c’est non”. Il lui manque quelqu’un qui clarifie.»
Dans les couloirs du palais, beaucoup évoquent avec
nostalgie l’époque Jospin, qui s’est
pourtant mal terminée: la gauche avait «un chef», la majorité était «organisée,
tenue». «C’est à nous de nous adapter à la méthode du président, pas
l’inverse!», s’agace un conseiller. Certes. Cela n’empêche par le doute de
s’immiscer. «On a toujours dit que Hollande était un bon stratège ; eh
bien ce n’est pas Dieu le Père!», lâche un poids lourd hollandais. Un
conseiller défend: «Hollande a commencé à 3% (pendant la primaire PS) et il a
fini président. Il ne doit rien à personne. Tout à lui-même.»
Source fortune.fdesouche.com
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