mercredi 25 juin 2014

Billets-Rigueur budgétaire et fiscale pour 20 ans


Rigueur budgétaire et fiscale pour 20 ans

La France doit se préparer à 20 ans de rigueur budgétaire et fiscale alors que l’État nous annonce un retournement de l’économie. Ce retournement serait d’une telle vigueur qu’il va permettre une inflexion de la politique économique. La France serait alors en mesure de distribuer du pouvoir d’achat à tous. Mon analyse m’incite à penser qu’il s’agit d’erreur de prévision ou de mensonge pour plusieurs raisons.

La première est que la dynamique de croissance n’est pas formidable. La preuve en est l’investissement faible et une consommation des ménages molle. La deuxième est que le niveau de déficit de finance publique se trouve au-dessus de la barre des 3% promis à l’Europe. Je l’avais déjà annoncé en 2012, la commission européenne le confirme. Ce qui est plus alarmant est que la France sera à un niveau de déficit de finance publique encore plus élevé en 2016 et 2017. Cela signifie que la rigueur budgétaire et fiscale seront la règle absolue en France.

Dans ces conditions extrêmes, comment la France pourrait-elle honorer l’engagement pris de redistribution ? J’irai même plus loin : la France s’est engagée dans le fameux pacte budgétaire pour atteindre le quasi équilibre structurel de finance publique mais surtout à réduire la dette publique d’année en année du niveau de 90% à 60% pour les 20 années à venir.

Malheureusement sans reprise économique domestique, 20 années, au mieux, de rigueur budgétaire et fiscale s’annoncent. Je ne peux pas imaginer comment le gouvernement pourra baisser les impôts, car mécaniquement les impôts vont augmenter et comment ce même gouvernement sera-il en mesure de redistribuer du pouvoir d’achat ?

François Hollande annonce aux Français « le retournement économique arrive » (JDD). La vérité économique est par ces propos altérée, déformée : toutes les données objectives dont nous disposons montrent qu’en France, contrairement à la zone euro, que cela ne peut être le cas et l’annonce devient incompréhensible.

On annonce 3% soit 50 milliards d’économies au niveau des finances publiques : est pris le même risque que celui pris lors de l’annonce d’un inversement de la courbe du chômage sans reprise économique. Et la reprise n’est pas là, la reprise ne sera pas là !
Les chiffres nous disent qu’en France l’investissement a été constamment négatif, l’année dernière : -2%. On est donc loin d’une nouvelle croissance, le PNB de la France n’augmente pas.

La réalité est que la France ne dispose pas du moteur de croissance qui permettrait d’espérer une croissance économique autonome et auto-entretenue, ni dans la consommation, ni dans l’investissement (hors investissement d’entretien) et on sait déjà que l’effort au niveau de la dépense publique va être récessif. De plus, il faut noter que l’effondrement des taux de marge des entreprises françaises est catastrophique (27,7% en 2013).

Il serait donc plus judicieux et urgent de donner avant tout de l’oxygène aux entreprises. J’ai toujours soutenu une solution très nette et très radicale alliant la suppression des charges sur le SMIC et une baisse des charges sur les familles. Pourquoi cela est-il tellement nécessaire ? Parce que nous ne pouvons plus compter sur la compétitivité des entreprises françaises. Quand on voit ce qu’est la spécialisation de la France qui est au niveau de l’entrée et de la moyenne gamme, quand on voit les coûts de productions en France, on peut légitiment dire que tous les efforts de compétitivité nationaux sont annulés par le niveau d’un Euro qui navigue entre 1,30 et 1,40 (alors qu’il nous serait utile à 1,20).

Nous sommes au point crucial qui nous donne une idée du positionnement de la France à un niveau critique par rapport à sa dette publique et la voici qui s’enlise pour 20 ans dans la rigueur budgétaire et fiscale sans plus de moteur de reprise économique domestique alors que la vraie reprise économique s’amorce en Europe au Japon et ailleurs… je vous laisse juger de la suite.


Source contrepoints.org

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