Rigueur budgétaire et fiscale pour 20 ans
La France doit se
préparer à 20 ans de rigueur budgétaire et fiscale alors que l’État nous
annonce un retournement de l’économie. Ce retournement serait d’une telle
vigueur qu’il va permettre une inflexion de la politique économique. La France
serait alors en mesure de distribuer du pouvoir d’achat à tous. Mon analyse
m’incite à penser qu’il s’agit d’erreur de prévision ou de mensonge pour
plusieurs raisons.
La première est que la
dynamique de croissance n’est pas formidable. La preuve en est l’investissement
faible et une consommation des ménages molle. La deuxième est que le niveau de
déficit de finance publique se trouve au-dessus de la barre des 3% promis à
l’Europe. Je l’avais déjà annoncé en 2012, la commission européenne le
confirme. Ce qui est plus alarmant est que la France sera à un niveau de
déficit de finance publique encore plus élevé en 2016 et 2017. Cela signifie
que la rigueur budgétaire et fiscale seront la règle absolue en France.
Dans ces conditions
extrêmes, comment la France pourrait-elle honorer l’engagement pris de
redistribution ? J’irai même plus loin : la France s’est engagée dans
le fameux pacte budgétaire pour atteindre le quasi équilibre structurel de
finance publique mais surtout à réduire la dette publique d’année en année du
niveau de 90% à 60% pour les 20 années à venir.
Malheureusement sans
reprise économique domestique, 20 années, au mieux, de rigueur budgétaire et
fiscale s’annoncent. Je ne peux pas imaginer comment le gouvernement pourra
baisser les impôts, car mécaniquement les impôts vont augmenter et comment ce
même gouvernement sera-il en mesure de redistribuer du pouvoir d’achat ?
François Hollande
annonce aux Français « le retournement
économique arrive » (JDD). La
vérité économique est par ces propos altérée, déformée : toutes les
données objectives dont nous disposons montrent qu’en France, contrairement à
la zone euro, que cela ne peut être le cas et l’annonce devient
incompréhensible.
On annonce 3% soit 50
milliards d’économies au niveau des finances publiques : est pris le même
risque que celui pris lors de l’annonce d’un inversement de la courbe du
chômage sans reprise économique. Et la reprise n’est pas là, la reprise ne sera
pas là !
Les chiffres nous
disent qu’en France l’investissement a été constamment négatif, l’année
dernière : -2%. On est donc loin d’une nouvelle croissance, le PNB de la
France n’augmente pas.
La réalité est que la
France ne dispose pas du moteur de croissance qui permettrait d’espérer une
croissance économique autonome et auto-entretenue, ni dans la consommation, ni
dans l’investissement (hors investissement d’entretien) et on sait déjà que l’effort
au niveau de la dépense publique va être récessif. De plus, il faut noter que
l’effondrement des taux de marge des entreprises françaises est catastrophique
(27,7% en 2013).
Il serait donc plus
judicieux et urgent de donner avant tout de l’oxygène aux entreprises. J’ai
toujours soutenu une solution très nette et très radicale alliant la
suppression des charges sur le SMIC et une baisse des charges sur les familles.
Pourquoi cela est-il tellement nécessaire ? Parce que nous ne pouvons plus
compter sur la compétitivité des entreprises françaises. Quand on voit ce
qu’est la spécialisation de la France qui est au niveau de l’entrée et de la
moyenne gamme, quand on voit les coûts de productions en France, on peut
légitiment dire que tous les efforts de compétitivité nationaux sont annulés
par le niveau d’un Euro qui navigue entre 1,30 et 1,40 (alors qu’il nous serait
utile à 1,20).
Nous sommes au point
crucial qui nous donne une idée du positionnement de la France à un niveau
critique par rapport à sa dette publique et la voici qui s’enlise pour 20 ans
dans la rigueur budgétaire et fiscale sans plus de moteur de reprise économique
domestique alors que la vraie reprise économique s’amorce en Europe au Japon et
ailleurs… je vous laisse juger de la suite.
Source contrepoints.org
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