Halte au choc de complexité pour les entreprises
La loi sur la sécurisation de l’emploi instaure
une durée minimale de travail de 24 heures par semaine pour les salariés à
temps partiel. Patronat et syndicats doivent négocier des dérogations par
branches.
Quel est
le point commun entre la pénibilité au travail, les contrats de travail de 24h
minimum et l’inspection du travail ? Une seule réponse possible : la complexité
que ces mesures engendreront pour les entreprises en France. Si la « volonté de
bien faire » qui prédispose à ces mesures peut parfois être louable, les choix
qui ont été faits pour leur mise en œuvre sont en totale opposition avec
l’intention affichée du Président de la République et du Premier Ministre de
simplifier la vie des entreprises. Les entrepreneurs de CroissancePlus ont été
sensibles à ces déclarations mais aussi terriblement déçus quand ils voient
qu’à peine prononcées elles sont déjà remises en cause. Et c’est le cas avec
plusieurs textes législatifs récents.
1ère déception : la réforme des retraites institue un « compte personnel
de prévention de la pénibilité» au profit de tous les salariés de droit privé.
Dix facteurs de pénibilité ont été retenus notamment le travail de nuit ou
répétitif, le bruit, les postures pénibles, la manutention manuelle de
charges….La mise en œuvre de ces dispositions va être d’une complexité
effroyable sans oublier les inégalités en fonction des secteurs d’activité et
des fraudes pratiquement indétectables …. Au final, c’est une loi dantesque dont
la mise en place va entraîner une aggravation des coûts de gestion
administrative qui seront autant d’investissements en moins pour le
développement de l’entreprise.
2ème déception : la loi sur la sécurisation de l’emploi instaure une
durée minimale de travail de 24 heures par semaine pour les salariés à temps
partiel. Son objectif est de limiter les contrats courts ; le code du travail
n’imposant pas actuellement de durée minimale de travail. Ces nouvelles
contraintes légales rigidifient encore un peu plus l’organisation du travail en
obligeant par exemple à regrouper ces heures en journées complètes. Conscients
de la situation de l’emploi aujourd’hui en France et du danger que cela
représente, le législateur a prévu des dérogations par branches. Une véritable
guerre de tranchée entre patronat et syndicats a donc commencé, car sans
signature paritaire aucune dérogation n’est possible. C’est donc pour les
entreprises une négociation avec un pistolet sur la tempe.
3ème déception : la réforme en cours de l’inspection du travail. Les
inspecteurs de ce corps se verraient doter de nouveaux pouvoirs de sanction
administrative et financière. Ils pourraient ainsi passer par une autre action
que la voie pénale pour sanctionner les infractions d’une certaine gravité.
Tous les entrepreneurs estiment que ce texte va totalement à l’encontre d’un
esprit de dialogue et de confiance pour qu’une entreprise puisse se développer.
Il transforme clairement l’inspection du travail en police anti-entreprises.
Les
entrepreneurs de croissance sont convaincus que ces réformes sont fondées sur
une erreur de diagnostic. Le législateur confirme par ces textes qu’il
méconnait les entreprises. Ces dernières vivent des commandes de leurs clients
qui varient en fonction de la conjoncture et de multiples aléas nationaux et
mondiaux. Quand le carnet de commandes est plein, les emplois sont préservés et
créés. Quand il est vide, les emplois disparaissent. D’où la nécessité de
laisser à nous entrepreneurs de la flexibilité, de la liberté pour pouvoir
adapter le temps de travail des collaborateurs et nous aider à créer des
emplois. En interdisant demain de proposer des contrats de 15, 17 ou 23 heures,
le législateur tuera le temps partiel et maintiendra des personnes au chômage
voir encouragera le travail au noir.
A
l’heure où les entreprises se battent pour retrouver des marges et de la
compétitivité, ces nouvelles obligations légales et réglementaires sont
dramatiques pour les entreprises et surtout pour l’emploi. Les entrepreneurs
demandent solennellement au Gouvernement et au Parlement de renoncer à ces
lois.
Source lesechos.fr
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