Loi ALUR… le pays des Bisounours
Mauvais karma pour les
Bisounours : contrairement à un plan de route établi au micro-poil de longues
années en avance, des imprévus se sont glissés sur le trajet qu’ils comptaient
emprunter (moyennant des prêts à taux bas et des facilités de crédit assez
exceptionnelles). Et patatras, voilà donc un nouvel échec du gouvernement,
inévitable et parfaitement prévisible, qui se déplie lentement devant nos yeux.
L’immobilier n’est
décidément pas un marché facile pour les joyeux étatistes, et plus ils sont
dogmatiques, plus fortes sont les chances que leurs aventures
interventionnistes leur pètent violemment au museau. C’est exactement ce qui
est en train de se produire avec les rocambolesques bricolages législatifs que
Cécile Duflot nous aura laissé en héritage après deux ans d’acharnement à
raconter, faire et défaire n’importe quoi n’importe comment.
On s’en souvient,
toute l’histoire de la loi ALUR, puisque c’est d’elle dont il s’agit ici, est
une démonstration parfaite de ce que peut faire l’incompétence comme dégâts
lorsqu’elle est jetée au milieu d’un ministère dont les moyens financiers ne
sont pas aussi nuls que sa ministre de tutelle. À l’épisode précédent, nous
avions actualisé le schéma indiquant le parcours institutionnel d’une loi
débile dans notre belle République du Bisounoursland. Il est temps, à présent,
de le rafraîchir pour tenir compte des derniers développements : l’échec étant
avéré, la facture va être adressée à tous les contribuables, tous les
propriétaires et tous les locataires de France.
En effet, à cette
étape, le bilan ne fait plus aucun doute.
D’une part, le
dispositif « Duflot » d’investissement locatif s’est banané en rase
campagne avec le bruit mou de petits fruits blets lancés sur un mur. Les
conditions d’accès incompréhensibles ou trop restrictives ont largement entamé
l’intérêt de ce type de prêts qui n’ont finalement concerné qu’une toute petite
partie des Français. D’autre part, la loi Duflot prévoyait la cession gratuite
(ou fortement décotée) de terrains constructibles appartenant à l’État, mais
n’a abouti finalement qu’à une poignée d’opérations (moins de dix). Le ridicule
ne tue pas mais fait quand même des ravages.
À ces merdoiements
tout à fait dans l’esprit gouvernemental, il faut aussi admettre que tout avait
été fait pour que la conjoncture n’aide en rien les petites poussées
catarrheuses de la pauvre Cécile sur le sujet : comme l’État avait
absolument tout fait pour protéger et maintenir sous oxygène le marché de
l’immobilier à la suite de la crise de 2008, les prix des biens disponibles ne
se sont pas réajustés comme ils l’ont fait dans d’autres pays. Actuellement
trop hauts pour les salaires moyens français, ils n’ont pas permis à de
nouveaux acheteurs de devenir solvables.
Pire encore,
l’explosion paperassière faisant suite aux prouesses législatives de Duflot ont
laissé plus d’un vendeur ou d’un agent immobilier pantois. En effet, pour
qu’une promesse de vente soit valable, il faut désormais fournir une masse
invraisemblable de documents administratifs (règlement de copropriété,
procès-verbal des trois dernières assemblées générales, état de division des
lots…) qui non seulement ralentissent le processus de vente, mais en plus
coûtent pour leur collecte du temps et des moyens financiers dont ne disposent
pas toujours les vendeurs. Après le ridicule, c’est le choc de simplification
qui fait des dégâts.
Enfin, même les
dispositions de la loi ALUR qui n’ont pas encore trouvé leur décret
d’application font frémir tant les propriétaires que les professionnels de
l’immobilier, refroidissant encore un peu plus un marché déjà particulièrement
visqueux.
Tout ceci est déjà
calamiteux. Si l’erreur est humaine, pour une vraie catastrophe, il faut en
revanche faire intervenir nos amis socialistes : à ces pitreries coûteuses
s’ajoutera donc, pour ce nouvel épisode, une communication cacophonique dont le
gouvernement est maintenant coutumier.
Selon Europe1, on
apprend, de sources gouvernementales plus ou moins en coulisses et de
professionnels de l’immobilier de plus en plus déconfits par l’étendue des
dégâts, que le gouvernement s’apprêterait à « détricoter » la loi
ALUR (expression qu’on retrouvera un peu partout dans le cours de
l’après-midi) : officieusement, l’encadrement des loyers serait oublié et
la garantie universelle des loyers (GUL) serait réétudiée pour trouver des
alternatives. Et pour parvenir à cette entourloupe des familles, il suffirait
d’appliquer la méthode habituelle du « votée sans son décret »,
devenue un grand classique dès qu’il s’agit de faire marche arrière
discrètement.
Par un furieux hasard,
on apprend à la suite de cette information que finalement, le gouvernement
dément officiellement vouloir retoucher à cette magnifique loi. D’ailleurs,
Émilie Piette, la directrice du cabinet de la ministre du logement, Sylvia
Pinel, l’assure :
« Il
n’y a pas de remise en cause de la mise en œuvre de la loi ALUR »
(On admettra bien sûr
qu’on la voit mal abonder bruyamment dans le sens d’Europe1, seul le Roi Solex
pouvant ouvertement passer pour une andouille sans en subir la moindre
conséquence.) Tout comme il semble acquis que la « fuite » vers
Europe1 n’en était pas une, et que le démenti n’en est donc pas vraiment un, on
peut en tout cas en conclure que cette loi est très mal engagée, qu’elle
constitue bel et bien un épieu profondément enchâssé dans l’arrière-train
gouvernemental (d’ailleurs dodu), et qu’elle va de toute façon être aussi
massivement que discrètement remaniée à coups de non-décrets et de bricolages
divers et variés pour en limiter les effets.
L’épisode
communicationnel rigolo qui nous a été offert a probablement été conçu pour
mesurer les forces en présence et l’étendue des latitudes dont le gouvernement
dispose pour charcuter cette loi indigente. Mais apparemment, l’idée même de
faire amende honorable et de l’annuler est parfaitement impossible : mieux
vaut largement présenter une facture démentielle au peuple français qu’avoir le
courage d’admettre son erreur.
Comme je l’ai dit,
l’échec est donc connu, son coût est quasiment déjà acté, et la facture, en
cours de rédaction, sera envoyée, petit-à-petit, à tous les Français. Bien sûr,
on pourrait conclure en disant que ce FAIL pose un marqueur net dans la carrière
de Cécile Duflot. Malheureusement, rien n’indique que cet échec gluant soit le
seul que la fine équipe en place va nous offrir. La façon dont on enquille
doucement le compte pénibilité, qui n’est qu’un exemple parmi d’autres des
brillantes idées socialistes appliquées à la couture sociétale et au patchwork
citoyen écoconscient, ou les idées quotidiennement navrantes de Montebourg
permettent d’affirmer qu’une longue succession de gamelles retentissantes nous
attendent dans les prochains mois.
Encore une fois,
l’État a tenté de nous aider et s’est donné à fond. Le résultat est terrifiant.
Source contrepoints.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire