Un discours de politique générale de plus !
Ceux qui me suivent
connaissent l’intérêt que je porte aux « discours de politique
générale » d’un nouveau Premier ministre dont c’est parait-il « l’examen de passage ». Qu’est-ce
que ça me fait plaisir : j’adore le blabla, la parlotte, les allocutions, les
conférences de presse, les boniments, les palabres et les laïus… alors vous
imaginez combien je suis impatient d’entendre un discours de plus – et
surtout « de politique générale ». En fait, quand j’y réfléchis, je
déteste les trois mots : d’abord que ce soit un « discours », ensuite
qu’il soit « de politique » et enfin qu’il soit
« général ». J’aimerais que ce
soit très exactement l’inverse : de
« l’Action concrète et précise ». Donc vous voyez, je suis
plutôt mal en ce moment.
Le gouvernement Manuel
Valls est le trente-septième gouvernement de la Cinquième République. 37
gouvernements qui nous ont déjà tout dit et tout promis :
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va relancer la croissance ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va enrayer le chômage ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va créer des entreprises ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va améliorer la compétitivité ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va alléger les charges ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va sauver les retraites ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va réduire les dépenses ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va faire des économies ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va renforcer la justice sociale ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va moderniser le pays ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va résorber la dette ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va améliorer le pouvoir d’achat ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va rendre l’État plus efficace ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va réduire les déficits ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va s’attaquer au mille-feuille ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va simplifier la vie des citoyens ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va aller plus vite, plus fort ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va redresser les comptes ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va sauver l’éducation ».
37 gouvernements qui
ont déjà dit : « on va redonner confiance ».
37 gouvernements qui
etc. etc. etc…
- Un « discours » de plus, vraiment ?
Oh mais tu exagères !
Il faut bien qu’un Premier ministre annonce sa politique tout de même, c’est
obligé…
Un
« discours » solennel de plus – qu’il soit bien rédigé ou non,
qu’il soit « réenchanteur » ou non, qu’il soit approuvé ou non –
ne changera strictement rien. La preuve : c’est le 37e gouvernement qui nous
fait le même discours inlassablement répété sur le thème du « combat contre le fatalisme et la résignation ;
du combat pour l’avenir, l’espoir et la confiance dans notre destin »…
blah, blah, blah… Un de plus vraiment ?
On a déjà identifié
les problèmes, on sait très bien comment les résoudre. Mais – après les « discours » — le vrai boulot
n’est jamais fait. Pourquoi ?
1 – Parce que les élus ne feront jamais
les réformes difficiles. D’abord,
ils ne le veulent pas (ils profitent à
fond du système des prébendes). Ensuite ils ne le peuvent
pas : car, s’ils s’attaquent aux « zavantages zaquis », les
« professions » descendront dans la rue (genre manifs ou grèves) et
bloqueront la « paix sociale » : les politiques en ont une peur
panique. Donc, pour éviter tout problème, ils retirent tous leurs projets de
réforme. Ça fait des décennies que c’est comme ça : blocage total.
2 – Parce que les réformes ne se feront
que si c’est le peuple souverain qui les impose. Le « peuple souverain », c’est un trop gros morceau
pour que quelques professionnels-de-l’agitation-avec-drapeaux-rouges
descendent dans la rue pour s’opposer à une décision voulue et imposée
par le peuple lui-même. Bloquer la rue contre une réforme du gouvernement, les
syndicats le peuvent car ils savent que la police ne va pas tirer contre la
foule ! Mais descendre dans la rue contre le
peuple souverain qui – à une majorité écrasante – aurait
décidé une dizaine de réformes-clés, ce serait difficile.
3 – Il faut donc recourir au référendum. Pour – comme en Suisse où le peuple est
sollicité constamment lors de « votations populaires » – imposer
les réformes nécessaires que les parlementaires n’oseront jamais engager. Même
au lendemain d’un grand discours de politique générale. Il n’y a que si c’est
le peuple souverain qui impose les réformes que ça marchera. Pas seulement
parce que des parlementaires auront applaudi bruyamment (en se disant en
silence : « Mieux veut approuver un
discours et ne rien faire après, que dire non et se retrouver devant nos
électeurs qui nous jetteront ! »
- « Aux actes citoyens ! »
Le citoyen de
base – le peuple souverain – n’attend plus rien des discours
politiques. Il sait très bien ce qu’il faut faire et a eu sa dose de promesses.
Il attend simplement qu’on lui rende le pouvoir qui lui a été confisqué par des
représentants et des politiciens bavards et inefficaces. Son rôle est écrit en
toutes lettres dans la Constitution. Article 2 : le principe de la République
est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Et article 3 : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui
l’exerce par ses représentants et par la voie
du référendum. »
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