L’étrange défaite de la France dans la mondialisation
Chef d’entreprise,
après des études en France et en Angleterre, l’auteur est acteur dans la
mondialisation. Il est un observateur perspicace et qualifié de cette « étrange
défaite » : la France ne tient qu’une place mineure dans la mondialisation.
Évidemment, cette
défaite est masquée par les quelques réussites que l’on se plaît à souligner en
haut lieu : les entreprises du CAC 40, Airbus, etc. Les grands du CAC 40
ne doivent pas faire illusion (1ère partie). Largement devant l’Allemagne ou le
Royaume Uni, la France est le pays européen qui classe le plus de champions
nationaux dans le classement des multinationales. Mais ces champions sont-ils
nationaux, quand ils réalisent le plus clair de leur chiffre d’affaires et de
leurs profits à l’étranger ? Et s’il en est, comme Vinci ou Bouygues qui
sont plutôt hexagonales, c’est parce qu’elles bénéficient de la protection de
l’État actionnaire, du monopole des marchés, des rentes sectorielles et des
commandes publiques. En revanche, les PME ont beaucoup de mal à entrer en
compétition sur les marchés mondiaux. Au total, la France n’a pas (ou pas
encore) bénéficié de l’élan de la mondialisation.
Olivier Marteau y voit
trois raisons principales.
La première est une
élite incapable de relever le défi (2ème partie), parce qu’elle est incapable
de comprendre les réalités de l’entreprise. Les hauts dirigeants politiques et
économiques sont presque exclusivement issus de la sphère publique. S’agit-il
des grandes entreprises ? Vraisemblablement acquise à un étatisme
protecteur, cette élite économique n’entreprend aucune réforme qui remette en
cause l’emprise de l’État sur l’économie, trop soucieuse de préserver ses
avantages. S’agit-il de la haute administration ? Elle est incapable
d’intégrer les changements économiques survenus avec la mondialisation. Et ses
leaders ont fait toute leur carrière dans la sphère publique.
La deuxième raison est
la taille de la fonction publique (3ème partie). Alors que dans beaucoup de
pays la crise a poussé à reconsidérer le nombre de fonctionnaires, en France on
a préféré conserver voire créer des emplois dans le public. Et, pour payer ce
chômage déguisé, on a maintenu la dépense publique à un très haut niveau (57%
du PIB), ce qui n’a pas manqué de creuser les déficits, mais a permis de
« sauver la face ». Mais tandis que le pouvoir d’achat depuis dix ans
n’a augmenté que de 8%, l’ensemble des pays de l’Union Européenne a bénéficié
d’une hausse de 10% et aujourd’hui les réformes réalisées dans la plupart des
pays voisins portent leurs fruits.
La troisième raison
est la domination de la société civile par l’État (4ème partie).
L’État-providence étouffe ceux qu’il étreint. La redistribution sociale a
détruit tout le réseau d’initiatives personnelles et associatives.
L’immigration est suspendue aux aides sociales (« motivations
familiales » dans 72% des cas) plutôt qu’à la recherche d’emplois (7% des
immigrés).
Pour autant, la
bataille de la mondialisation est-elle perdue pour la France ? Beaucoup de
Français le pensent, et notamment beaucoup de jeunes qui quittent le pays pour
exprimer leurs talents, ou pour éviter une fiscalité confiscatoire. D’autres, tel
Olivier Marteau, font de la résistance interne, et essaient d’informer leurs
compatriotes des réalités de la mondialisation, pour provoquer tôt ou tard une
salutaire réaction contre les vices des institutions et de la classe dirigeante
française.
Bien documentées, bien
argumentées, les quatre parties qui constituent cet ouvrage s’inscrivent fort
bien dans une campagne pour la libération des Français et de leurs entreprises.
Source contrepoints.org
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