49 jours pour devenir un vrai militant anti-écolo
Quand je lis une œuvre
satirique, comique ou humoristique, bien faite, je me demande si c’est du lard
ou du cochon. Comme lorsque j’écoute certains sketchs de Pierre Desproges ou de
Coluche. Alors, je me résigne à ne pas bouder mon plaisir de rire, sans trop me
préoccuper si un message se cache derrière la satire, le comique ou l’humour.
Pour rire en lisant le
dernier livre d’Olivier Griette, il n’est donc pas besoin d’être militant
écolo, c’est-à-dire Khmer vert, ou
militant anti-écolo. Il suffit d’être réceptif à la caricature qu’il fait des
outrances de l’un ou de l’autre.
Le livre commence par
un test et finit par un autre. Il s’agit de savoir au départ comment se situer
et à l’arrivée si les 49 leçons, une par jour, auront permis de faire bouger
les lignes.
Exemple de question à
choix multiple du test de début :
Une
« décharge sauvage », c’est :
a)
un lieu de dépôt de déchets illégal,
b)
un espace de liberté,
c)
un choc électrique de fort voltage.
Et de question à choix
multiple du test de fin :
Le
compost, c’est :
a)
un engrais naturel que je peux moi-même fabriquer avec des végétaux ou mes
ordures ménagères,
b)
un tas d’ordures en décomposition qui attire les pires vermines (taupes,
souris, rats, Khmers verts),
c)
un billet de train usagé ?
À chaque jour
suffit sa peine et chaque jour comprend un texte indiquant quelle action mener,
suivi d’une note de performance d’une à trois étoiles, d’une remarque sur le
risque encouru et une autre sur la difficulté de mise en œuvre. La plupart du temps
un encadré suit, où est donnée la parole à un spécialiste. Enfin, pour aller
plus loin, un conseil de lecture ou de jeu vidéo est donné.
Les noms des
spécialistes ou des auteurs de référence sont construits à partir de jeux de
mots laids, assez potaches :
- les avocats s’appellent Lelay-Abouyir, Dulin-Zaséché,etc.
- les docteurs, Laure Maune de Croix-Sens (pédopsychiatre à Neuilly-sur-Seine), Anna Augastrick (service de gastro-entérologie obstétricale, hôpital Lary Boisière, Paris), etc.
- les professeurs, Hans Streaming (ancien interné des hôpitaux de Paris), Adamo Kham-Elia (neuropsychiatre, ancien interné des hôpitaux de Paris), etc.
- les écrivains, Fedor Mirlegoss, Djémila Biéhrr-Aufray, Ray Auburn War, Omar del Vaj, etc.
- le patrouilleur de service (il est beaucoup question d’automobiles), Yvon Letazé…
Autant dire qu’Olivier
Griette ne se prend pas au sérieux… et qu’on ne le lui demande pas.
Au 18e jour, la leçon
s’intitule: « J’explose un radar »,
le radar relevant d’une « politique
d’entrave à la libre circulation des biens et des personnes » : « Tout comme un amoureux de la nature se doit de
planter au moins un arbre dans sa vie, tout vrai militant anti-écolo se doit de
détruire au moins une fois un radar durant son existence. » La
performance est notée *** quand il est détruit à la masse en acier. Le risque,
c’est 45.000 euros. La difficulté, c’est d’utiliser la masse en acier pour
mériter les ***, plutôt que l’explosif (*) ou la voiture bélier (**)…
Au 25e jour, la leçon
s’intitule « Je multiplie les éoliennes
sur ma commune » : « Non
seulement les éoliennes parviennent à convertir les derniers espaces naturels
en paysages industriels (une véritable pollution visuelle qui s’étend à plus de
dix kilomètres à la ronde), mais de plus, elles ne présentent aucun intérêt, ni
économique, ni énergétique, ni écologique : elles sont absolument
parfaites. »
Performance: ***
Risque : vivre le pire
des cauchemars (être pris pour un écolo).
Difficulté n°1 :
expliquer aux écolos que vous êtes anti-écolo.
Difficulté n°2 :
expliquer aux anti-écolos que vous n’êtes pas un écolo.
Difficulté n°3 :
continuer à savoir ce que vous êtes vraiment.
Au 39e jour, la leçon
s’intitule : « Je deviens un accro de
l’apocalypse » : « Si la fin
du monde est toute proche, comment les écologistes peuvent-ils encore justifier
des actes aussi dérisoires que celui de trier des déchets, éteindre la lumière
ou économiser l’eau ? La nature elle-même vous donne raison de gaspiller (au plus
vite) les dernières ressources d’une cocotte-minute sur le point
d’exploser. »
Performance: **
Risque : attendre
l’apocalypse (très, très) longtemps.
Difficulté : faire
preuve d’une (très, très) grande patience.
Pierre Desproges, cité
plus haut, disait : « On peut rire de
tout, mais pas avec tout le monde. » C’est pourquoi je dis aux
futurs lecteurs de ce livre désopilant : « Écolos
ou anti-écolos sectaires, s’abstenir ! »
Source contrepoints.org
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