François Hollande à l'épreuve de la réalité
Le chef de l'Etat est dos au mur et les
électeurs ne se contenteront pas d'un changement de Premier ministre qui serait
cosmétique, estime le journal suisse.
François
Hollande était le dernier en Europe à croire que l’on pouvait relancer une
économie en augmentant continuellement les impôts et les taxes, en nommant un
ministre chargé de "démondialiser" la France et en faisant des
promesses à tous. Près de deux ans après son arrivée à l’Elysée, François
Hollande doit avouer un triple échec, celui d’une méthode, d’un style et d’une
politique confuse. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est le premier fusible
à sauter, la victime sans charisme d’un gâchis politique qui culmine avec une
débâcle électorale que beaucoup considèrent comme historique par son ampleur,
sous la Ve République.
Manuel
Valls, connu pour son affirmation d’autorité et son penchant social-démocrate,
saura-t-il créer le choc nécessaire pour relancer un pays déprimé et incapable
de s’entendre sur un ensemble de réformes connues de tous, mais jamais mises en
œuvre ? Le président et son nouveau gouvernement n’ont plus de marges de
manœuvre, tant la France a gâché son temps, en vivant depuis trop longtemps
au-dessus de ses moyens, comme le montrent encore les derniers chiffres de son
endettement et sa dérive budgétaire.
- Posture de déni
Ce dont la
France a besoin, ce sont des actes forts, et non d’un "pacte de
responsabilité" qui camoufle à l’idiot le pourquoi d’une forte baisse
inévitable des charges sur le travail et l’entreprise.
Au moment
où l’Europe retrouve peu à peu sa crédibilité économique et financière, la
France, elle, est à l’arrêt. Et se bat encore et toujours contre les fantômes
d’une mondialisation qui lui serait défavorable. Une posture de déni qui la
prive de toute influence majeure et mine son image à l’étranger, comme le
reconnaissait du bout des lèvres François Hollande dans son allocution
solennelle.
Le virage
social-démocrate de François Hollande serait sincère, si l’on en croit ses
proches. Manuel Valls parviendra-t-il à le concrétiser, quitte à affronter une
partie de la gauche et un corporatisme sociopolitique qui rêvent d’inventer une
autre politique pour ne pas avoir à affronter une réalité qui dérange ? Le
devoir de vérité est arrivé.
Dessin
de Sondron
Source Courrier International
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