Pour un pacte de simplicité et de responsabilité
Le Pouvoir s’affole. Il fait preuve de réalisme
aussi…peut-être. Les recettes brutes du budget 2013 ont été inférieures de plus
de 20 milliards d’euros aux recettes prévues. Trop d’impôt a tué l’impôt.
L’Etat n’a pourtant pas compris qu’il fallait libérer les contribuables.
Le nouveau
gouvernement fera-t-il mieux alors que le chômage, la dette publique et le
déficit budgétaire vont à vau l’eau.
Déjà le CICE a été une
sorte de marché de dupe puisqu’il ne s’agissait que de rendre aux entreprises
20 Mi€ d’impôts et charges supplémentaires sur les 30Mi€ qui leur avaient été
extirpées depuis deux ou trois ans. Le tout en faisant passer l’argent par la
grande lessiveuse administrative de redistribution dont on connait le cout et
l’inefficacité.
Le Pacte de
responsabilité doit donner lieu à un abaissement des charges des entreprises
pour un montant estimé à 10 Mi€ Mais déjà il est annoncé que les entreprises ne
pouvant pas être les seules gagnantes, un geste fiscal sera consenti en faveur
des ménages les plus modestes pour faire sortir de l’impôt sur le revenu plus
encore de Français. Puis, à l’occasion des Assises de la fiscalité, un effort a
été envisagé pour alléger aussi la fiscalité des entreprises en prenant en
compte l’augmentation corrélative de l’impôt sur les sociétés dont pourrait
profiter l’Etat du fait de l’augmentation du profit imposable correspondant à
l’allègement des charges. Enfin, à l’occasion de son remaniement, François
Hollande a annoncé un pacte de plus, un pacte de solidarité qui viendrait en
sus pour aider les ménages modestes, sans doute au travers d’une refonte de
diverses aides sociales existantes.
- Besoin de lisibilité
Au profit des
entreprises, la suppression de la C3S serait privilégiée à la baisse de l’impôt
sur les bénéfices des sociétés que les grandes entreprises sont toujours
accusées, à tort, d’esquiver. Il est vrai que la C3S est un impôt peu connu
mais lourd pour certaines entreprises. Cette Contribution Sociale de Solidarité
des Sociétés frappe au taux de 0,16% le chiffre d’affaires des entreprises qui
réalisent plus de 760 000€ Hors Taxes de recettes.
Mais il vaudrait mieux
abaisser l’impôt sur les bénéfices des sociétés. Celui-ci est trop élevé en
France où il a augmenté depuis cinq ans alors qu’il a baissé en moyenne dans
l’Union européenne. Il atteint 38% en France en 2014 contre une moyenne dans les
pays de l’Euro de 27%. Les grandes entreprises ne payent pas sensiblement moins
d’impôt que les plus petites. Les élus socialistes ont stigmatisé les grandes
entreprises En utilisant une étude du Trésor de 2011 pour soutenir qu’elles
payaient deux fois moins d’impôt sur les sociétés que les PME, soit 19% de taux
effectif,-dit implicite-, d’impôt sur leur excédent net d’exploitation pour
celles-là contre 39% pour celles-ci. Mais les derniers travaux de la Direction
générale du Trésor publiés à l’occasion des Assises de la fiscalité en février
dernier montrent que cet écart n’est que de 6 points, soit 26% de l’excédent
net d’exploitation pour les grandes entreprises et les ETI contre 32% pour les
PME et 29% pour les Micro-entreprises. Ce léger écart s’explique par le seul
fait que les ETI et les grandes entreprises pratiquent plus l’intégration
fiscale entre sociétés bénéficiaires et déficitaires du même groupe et qu’elles
sont souvent implantées à l’étranger où les taux d’imposition sont moins élevés.
Une étude de l’AFEP a d’ailleurs montré que 76 grands groupes français
produisaient à eux seuls 9% de la valeur ajoutée créée en France, mais qu’ils
supportaient 18% des prélèvements obligatoires sur les entreprises. A eux
seuls, ils versent 14% des recettes de l’impôt sur les sociétés.
- Besoin de simplification
L’impôt sur les
sociétés est à un niveau si élevé qu’il apparaît comme un repoussoir pour les
entreprises étrangères qui voudraient s’implanter en France. Réduire ce taux
serait un signal fort. Il y a aujourd’hui 4 taux applicables d’impôt sur les
sociétés : 15% jusqu’à 38 120 € de résultat, 33,33% au-delà, puis 34, 5%
pour celles qui réalisent plus de 7,6 millions de chiffre d’affaires et encore
38,1 % pour celles dont le chiffre d’affaires dépasse 250 millions
d’euros. Il serait temps de revenir à un taux unique et sensiblement plus bas.
Un taux de 25%, correspondant à la moyenne européenne serait salutaire.
De la même manière, la
baisse de charges dans le cadre du Pacte de Responsabilité pose la question de
savoir s’il faut la faire porter sur les bas salaires ou sur l’ensemble des
salaires. Des études concluent qu’une baisse des charges sur les bas salaires
aurait un effet plus immédiat sur l’emploi. Cette conclusion du court terme est
presque évidente tant le SMIC est élevé en France et représente un frein à
l’emploi. Mais un autre moyen d’encourager à l’emploi des bas salaires serait
de supprimer le SMIC ou du moins de le diversifier selon les régions, selon les
âges…L’abaissement des charges sur les bas salaires, pratiqué avec constance en
France depuis le gouvernement Balladur en 1993, est une immixtion de l’Etat
dans la vie des entreprises et contribue un peu plus à dénaturer le système
d’assurance sociale en une grande machine étatique financée par des cotisations
qui s’apparentent de plus en plus à des impôts, supprimant ainsi tout lien de
responsabilité entre assureurs transformés en collecteurs sociaux et assurés
devenus allocataires.
A force de multiplier
les niveaux d’imposition et les cas d’exonération, les impôts et charges
deviennent illisibles. A force de découpler les cotisations des dépenses
auxquelles elles doivent permettre de faire face, plus personne ne sait qui
paye quoi pour qui, et toujours plus l’Etat dévient, selon le mot de Bastiat,
« la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre
aux dépens de tout le monde. »
- Besoin de justice
Si le nouveau premier
ministre veut faire une réforme utile, il faut, certes, qu’il fasse le choix de
l’abaissement de l’impôt et de son financement par des économies sur les
dépenses publiques. Mais ce choix sera sans effet s’il s’exerce en ajoutant de la
confusion à l’enchevêtrement des cotisations, impôts et taxes qui existent,
s’il s’opère sans réformes structurelles susceptibles de rendre les impôts à la
collectivité publique et les cotisations aux assurances sociales en échange des
prestations correspondantes, s’il s’effectue enfin sans qu’y préside la justice
d’une contribution « également répartie entre tous les Citoyens, en raison
de leurs facultés » (Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, article
XIII).
Source IREF
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