L’Éreutophobie, ou la peur de rougir
10 % des Français
souffrent de ce que le jargon médical appelle l’éreutophobie. Un mot bien
compliqué pour signaler que 10 % des Français ont une fâcheuse tendance à
rougir du visage – et certains même du tronc – lorsqu’ils se trouvent confrontés
à une situation embarrassante.
Attention, on parle
d’éreutophobie uniquement lorsque ce phénomène survient plus de vingt à trente
fois par jour, entraînant des conséquences préjudiciables. La plupart des
activités deviennent alors impossibles ; les plus atteints restant même
cloîtrés dans un environnement sans surprises. Egalement, n’essayez pas de
penser que prendre conscience du rougissement l’améliore. Au contraire, le
problème est que des phrases du style : « Dis donc, ça te fait
rougir ! », n’arrangent en rien un phénomène totalement inconscient,
donc parfaitement incontrôlable.
Les médecins se sont
penchés depuis longtemps sur ce phénomène pour très vite le confier aux
psychiatres. Première constatation : trop rougir, trop souvent, expose au
sous-emploi professionnel, mais également à la surconsommation de médicaments
et à la prise d’alcool, dont on sait que même s’il s’agit d’un produit pas
mauvais contre l’anxiété, il ne peut à terme que favoriser une belle couleur
vermillon de notre visage. Celle-ci, hélas, permanente et indélébile.
On sait également
qu’il s’agit souvent d’un problème familial qui touche un peu plus les femmes
que les hommes. Les spécialistes des vaisseaux connaissent bien certaines
maladies qui se traduisent par une rougeur excessive, mais là également, plutôt
progressive, permanente et bénéficiant par contre de traitements. Ce qui n’est
malheureusement pas tout à fait le cas de ces rougeurs banales dues au stress
de la vie courante. Car c’est bien de stress dont il faut parler plutôt que de
situation embarrassante. Celui qui rougit étant plus stressé que gêné.
Vous me direz que
cette chronique n’est pas spécialement utile pour ceux qui en souffrent. C’est
vrai qu’en dehors de la psychothérapie et du yoga, méthodes parfaitement
naturelles, le recours aux antidépresseurs, aux bêtabloquants – des médicaments
pour faire baisser la tension – voire même à la chirurgie, qui se propose de
couper quelques nerfs, ne donnent pas de résultats bien encourageants.
L’espoir réside,
lorsqu’elle sera au point, dans l’intervention sur nos gènes. Mais cela, c’est
probablement plutôt l’aventure du milieu de siècle.
Source : Dr Jean-François Lemoine
pourquoi-docteur.nouvelobs.com
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