Réserve parlementaire : scandale retentissant à l’Assemblée
Nationale
Étienne Cheron, collaborateur du
député Patrick Lebreton, a démissionné suite à des révélations sur la façon
dont il monnayerait les subventions de la réserve parlementaire du député.
L’association
Contribuables Associés, dont l’objet est la défense des contribuables, a
dévoilé un nouveau scandale autour de la réserve parlementaire des députés
cette semaine : Étienne Chéron, assistant parlementaire du député de
la Réunion Patrick Lebreton, aurait fait payé à hauteur de 5% des
subventions obtenues des associations qui demandaient à bénéficier d’une
subvention sur la réserve parlementaire de son député. Selon la 1ère (France
Télévisions en Outre Mer), le collaborateur parlementaire aurait démarché 700
associations pour leur proposer ses services rémunérés.
Comment le collaborateur parlementaire a été piégé
Contribuables
Associés, en montant un faux dossier, a piégé et enregistré l’assistant
parlementaire, avec des extraits choquants sur la façon dont vos impôts peuvent
être utilisés : dans l’enregistrement diffusé par l’association, la voix
présentée comme celle d’Étienne Chéron souligne en particulier l’absence
complète de contrôle sur l’utilisation de cet argent, et encourage
l’association à demander une subvention d’un montant plus élevé que prévu
initialement. Par l’intermédiaire d’une société, EC Conseil, Étienne Chéron a
même fait dresser un contrat, montré dans la vidéo de Contribuables Associés,
dans lequel est précisé par écrit le rôle du « consultant » pour
l’obtention de la subvention.
Pas de mention à ce
stade de poursuites judiciaires qui pourtant sembleraient plus que justifiées.
Selon le collaborateur parlementaire interrogé par France Ô, il n’essayait que « d’aider les associations à accéder à la
réserve parlementaire ».
Etienne Chéron a
démissionné de son poste quelques heures après la révélation du scandale par
Contribuables Associés. « J’ai évidemment
commis une très grave erreur de jugement, une faute » écrit-il dans
une lettre envoyée au député. Selon le député dans un communiqué, « aucune
association hexagonale n’a contractualisé avec lui ». Une affirmation
étonnante au vu du contrat produit par Contribuables Associés et qui tient
probablement au fait que le démarchage des associations par l’assistant
parlementaire aurait commencé le 3 mars 2017, seulement une dizaine de jours
avant la révélation de l’affaire.
Élisabeth Mbappé, la
collaboratrice parlementaire du sénateur Michel Vergoz est également domiciliée
à la même adresse que la société de conseil d’Étienne Chéron. Cela parce
qu’elle est sa compagne selon le sénateur, sans que l’implication de celle-ci
ou non ne soit claire à ce stade. Le sénateur a condamné la pratique avec
force : « D’après les premières
informations qui ont été rapportées, cela s’appelle de l’escroquerie, c’est
déplorable, les bras m’en tombent »
Le scandale de l’existence même de la réserve
parlementaire
La réserve
parlementaire, c’est cette enveloppe de 130 000€ que chaque député peut
utiliser dans l’opacité la plus totale pour subventionner ce qu’il souhaite.
Une caisse noire que certains ont manifestement compris comment l’utiliser pour
leur profit personnel. Un mécanisme d’un autre temps, qui nourrit de véritables
business, dans l’opacité la plus complète.
Ce scandale souligne à
quel point il est urgent de supprimer la réserve parlementaire ou, a minima,
d’en renforcer très fortement les contrôles. Contribuables Associés a
justement, dans la foulée de ces révélations, lancé
une pétition pour demander la fin de ce système. Au coeur de la tourmente,
le député Patrick Lebreton a indiqué qu’il était favorable à une refonte de la
réserve parlementaire.
Le conseil en subventions, une pratique qui peut être
légale
Cette affaire met
aussi sous le feu des projecteurs la pratique, légale quand le consultant n’est
pas aussi le décisionnaire, du conseil en subventions.
Dit autrement, la
France donne tellement de subventions par tellement de canaux différents que
des entreprises peuvent, le plus légalement du monde, exister pour aider les
associations, particuliers ou entreprises à bénéficier de ces subventions dans
le maquis incompréhensible des aides. Un système aberrant, qui pourrait être
avantageusement remplacé par moins de subventions et un remboursement de
ces montants aux Français avec une baisse de leurs impôts. Les politiques en
auront-ils le courage ?
Source contrepoints.org
Par Alexis Vintray.
Alexis Vintray est rédacteur en chef de Contrepoints, journal d'information d'inspiration libérale. Diplômé d'HEC Paris et de la Sorbonne, il est lauréat de la Bourse Tocqueville 2010.
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