Macron : un programme fiscal
démagogique au détriment de la croissance
Contrairement à
François Fillon qui assume des mesures fiscales ambitieuses, Emmanuel Macron se
contente de reprendre à son compte les habituelles inepties fiscales
socialistes.
L’augmentation
continue des prélèvements obligatoires depuis plusieurs décennies (ces derniers
représenteront environ 1009 milliards d’euros, soit 44 % du PIB en 2017) a
fortement contribué à plonger la France dans une crise économique abyssale et
chronique.
Fort de ce constat,
François Fillon a annoncé des mesures fiscales ambitieuses, visant
principalement les entreprises, et ce, dans le but affiché de relancer
rapidement la croissance française.
À l’inverse, Emmanuel
Macron a, dans la plus pure tradition socialiste, présenté un catalogue de
mesurettes fiscales électoralement porteuses.
Ces dernières, qui se
présentent comme des hérésies fiscales, entrent, bien évidemment, en
contradiction totale avec ce qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre pour
relancer rapidement la croissance française, laquelle reste désespérément
atone.
Opposition fallacieuse des ménages et des entreprises
Première hérésie
fiscale : le candidat à la Présidentielle propose que les baisses d’impôts
soient réparties équitablement entre ménages et entreprises. Ce faisant,
Emmanuel Macron entretient le mythe politico-médiatique pernicieux selon lequel
il existerait un principe de justice fiscale qui imposerait que les efforts des
ménages et des entreprises soient strictement équilibrés.
Or, ce
pseudo-principe, qui soit dit en passant pervertit la politique fiscale
française depuis des décennies, se révèle économiquement insoutenable pour des
raisons de compétitivité des entreprises et, surtout, économiquement infondé.
Les entreprises et les ménages ne sont, en effet, pas des contribuables de même
nature dès lors que les premières constituent un lieu où s’organise la
production de richesse tandis que les seconds en sont in fine les bénéficiaires, par le biais de versement de salaires
ou de dividendes.
Il est ainsi
parfaitement absurde, d’un point de vue économique, d’opposer les intérêts des
entreprises et des ménages dans la mesure où ils sont consubstantiellement liés
(les baisses d’impôts accordées aux entreprises profitent directement aux
ménages) et a fortiori d’exiger que ces
derniers bénéficient équitablement des baisses d’impôts.
Emmanuel Macron fonde
donc son programme fiscal sur un postulat idéologique absurde d’égalité entre
deux catégories de contribuables dont les intérêts économiques sont
inséparables. Bien qu’une telle approche soit politiquement efficace, celle-ci
s’avère économiquement inefficace puisqu’elle ne vise absolument pas à remédier
au problème de la croissance française.
Maintien des taux de TVA
Deuxième hérésie
fiscale : Emmanuel Macron rejette, comme François Hollande en 2012, l’idée
d’instaurer une TVA sociale et s’engage à maintenir les taux actuellement en
vigueur.
Pour mémoire, la TVA
sociale a été votée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, mais n’est jamais
entrée en vigueur en raison de sa suppression par François Hollande, dès le
début de son quinquennat. Précisons que ce choix, guidé davantage par des enjeux
politiques que par des considérations économiques, a été amèrement regretté par
l’actuel Président, lequel s’est d’ailleurs empressé d’augmenter l’ensemble des
taux de TVA quelques mois plus tard.
François Hollande a,
par la suite, confessé qu’il avait commis une grave erreur économique en
supprimant la TVA sociale dans la mesure où l’instauration de celle-ci aurait
pu éviter l’augmentation inconsidérée d’autres impôts pesant sur les
entreprises.
D’un point de vue
politique, la TVA sociale, qui se matérialise par une augmentation des taux de
cet impôt, s’avère extrêmement impopulaire étant donné qu’elle est perçue par
l’opinion publique comme totalement injuste puisque également supportée par l’ensemble
des français.
Toujours est-il que,
d’un point de vue économique, la TVA sociale se présente comme la mesure idoine
pour relancer la croissance française. Son instauration permettrait de réduire
le montant des cotisations sociales finançant la sécurité sociale, ces cotisations
pesant lourdement sur le coût du travail et sur la compétitivité économique des
entreprises françaises. De surcroît, il ressort de diverses études économiques,
notamment de l’OCDE, que la TVA est l’un des impôts dont l’augmentation
pèserait le moins sur la croissance.
Force est donc de
constater que, bien qu’impopulaire et incomprise sur le plan politique, la TVA
sociale constitue une mesure fiscale phare pour relancer la croissance
française. En la rejetant, Emmanuel Macron ne fait que réitérer l’erreur
économique commise, quelques années plus tôt, par son mentor politique.
Exonération de taxe d’habitation
Troisième hérésie
fiscale : Emmanuel Macron a annoncé qu’il entendait exonérer de taxe
d’habitation 80 % des ménages français.
L’Association des
maires de France est immédiatement montée au créneau pour dénoncer cette mesure
démagogique et rappeler « qu’il existe
déjà de nombreux dispositifs d’allègement, de dégrèvement, d’exonération ou de
plafonnement de la taxe d’habitation » qui bénéficient à environ
« 42% des foyers, soit 13 millions de
foyers ».
Il est incontestable
que la taxe d’habitation s’inscrit aujourd’hui comme un impôt injuste en raison
de l’absence d’actualisation, depuis 1970, des valeurs cadastrales et de
l’existence de taux d’imposition très divers selon les communes. Pour autant,
la solution à ce problème n’est pas d’exonérer de cet impôt 4 ménages sur 5, ce
qui serait très préjudiciable pour les finances des communes, mais d’opérer les
réformes structurelles pour rendre cet impôt plus juste.
Les mesures pro-croissance
Cela étant dit,
Emmanuel Macron a annoncé quelques mesures fiscales intéressantes, bien
qu’insuffisantes, pour les entreprises : baisse du taux de l’impôt sur les
sociétés à 25 %, instauration d’un prélèvement forfaitaire unique de
l’ordre de 30 % pour tous les revenus du capital et transformation du CICE en
baisse de charges.
En somme, il est
manifeste que le programme fiscal du jeune candidat à la Présidentielle pêche,
dans son ensemble, par excès d’idéologie égalitariste et par manque de vision
économique. En cela, il s’oppose viscéralement à celui de François Fillon qui
fait incontestablement preuve de cohérence et de pragmatisme économique, dès
lors qu’il se présente comme ouvertement pro-entreprises et pro-croissance.
Source contrepoints.org
Photo By: OFFICIAL LEWEB PHOTOS – CC BY 2.0
Par Virginie Truyens.
Virginie Truyens est avocate fiscaliste et doctorante à l’université Paris-Dauphine.
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