Pourquoi François Fillon peut encore gagner la
présidentielle
Mis en difficulté par une affaire
judiciaire, le candidat de la droite parvient pour autant à se maintenir dans
les sondages, aidé par une élection présidentielle aux rebondissements inédits.
Après
plus d'un mois de scandale autour du supposé emploi fictif de sa femme —
entre autres polémiques — François Fillon serait au pire des cas selon les
derniers sondages publiés le troisième homme de la présidentielle à venir. Le
seul enjeu pour se faire élire en mai prochain sera de se garantir une place au
second tour, au sein duquel Marine Le Pen semble avoir sa place réservée. Face
à la candidate FN, le front républicain s'imposera une nouvelle fois et son
opposant quel qu'il soit l'emportera — dans des proportions certainement
plus modestes que les 82% de Chirac en 2002, mais tout de même.
Cette
présidentielle a comme particularité de ne donner absolument aucune place aux
débats d'idées : le jeu en ce moment dans les médias n'est plus de savoir quel
candidat est le plus propre, le plus crédible, mais plutôt lequel est le moins
sale de tous, le moins compromis dans les affaires — le fait que Marine Le
Pen et son entourage mis en examen caracolent toujours en tête des enquêtes
d'opinion semble toutefois accorder du crédit à la thèse selon laquelle
l'exemplarité ne serait plus une valeur que l'électorat classerait comme
primordiale pour un futur chef d'Etat ... facteur plutôt favorable pour le
candidat de la droite, certainement mis en examen dans les prochains jours.
François
Fillon a encore des chances de s'imposer au premier tour tant la présidentielle
semble dépendante des rebondissements qui l'animent. On ne peut absolument pas
garantir à Macron sa place de second, on ne connaît pas vraiment son électorat
et son aura dans les médias et les sondages ne l'empêcheront pas contracter
peut être le syndrome Clinton, la candidate des médias sacrée présidente par
les journalistes mais défaite dans les urnes.
Une part silencieuse des français qui se moque bien
des affaires
Il faut
de toute façon souligner le manque total de fiabilité des éditorialistes,
commentateurs et observateurs qui depuis le début de la campagne se sont
trompés sur tout, apparaissant totalement déconnectés des réalités du pays et
l'état de l'opinion publique. Les sondages qui placent François Fillon en
troisième homme tiennent-ils compte de la part silencieuse des français qui se
moquent pas mal des affaires mais qui veulent un vrai tournant d'inspiration
conservateur, protectionniste et très à droite? La base électorale de Fillon,
autour des 20%, ne se reconnaît nulle-part ailleurs. Il n'y a pas de vases
communicants à droite comme cela peut être le cas à gauche entre les
candidatures de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon par exemple. Bien que désireuse
d'un certain radicalisme, cette base dans son ensemble n'est pas culturellement
(et économiquement !) prête à voter pour le Front national. Il ne faut plus à
cette base que cinq points de pourcentage ou une baisse de dynamique du côté
d'Emmanuel Macron pour s'assurer une place au second tour et gagner, profitant
d'une fragmentation des candidatures au centre-gauche et à gauche.
Il faut
également dire que l'électorat de droite est généralement sous-estimé : si les
observateurs prédisaient à Sarkozy une cuisante défaite en 2012 face à François
Hollande avec 60-40, le score au second tour a en réalité été bien plus serré.
Désamour fort pour le progressisme et envie d'un
tournant radical-conservateur
La Manif
pour tous puis la nomination par les sympathisants de droite de François Fillon
à la primaire républicaine ont fait partie des événements qui témoignent d'un
fort rejet de la part d'une partie non-négligeable de l'opinion de la gauche et
du progressisme en général, désaffection auparavant minimisée ou mal
appréhendée par les médias.
Si
Fillon faisait mentir les observateurs en gagnait l'élection en mai prochain,
comme cela semble tout à fait probable, la présidentielle 2017 entrerait dans
l'histoire comme un scrutin hors-normes, remporté par le premier
"rebelle"... de droite !
Source le100.fr
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