Les Français, spectateurs de leur propre naufrage
Malgré les rapports
alarmants de la Cour des Comptes, l’État continue de mener grand train et de
dépenser sans compter. Les subventions diverses, variées et dodues dont
bénéficie annuellement la presse sont jugées inefficaces par la Cour des
Comptes ? Qu’à cela ne tienne ! Les élus voteront tout de même le sauvetage de L’Humanité, ce journal qui s’en trouve aussi
dépourvu que de lecteurs qui, jadis, pleura Staline. On s’en émeut aujourd’hui,
certes ; mais peu s’offusquent du soutien apporté à Chavez malgré les
souffrances qu’il cause au peuple vénézuélien.
Alors qu’ils
justifient leurs méfaits par le soutien que leur apportent des électeurs
(pourtant minoritaires), les élus sont incapables de comprendre que si les
Français ne veulent plus acheter une presse qui se gargarise de ses reprises
biaisées de dépêches AFP, les forcer à payer pour des journaux qu’ils ne lisent
plus va contre leur volonté.
Il faudrait être bien
naïf pour croire encore que les décisions des élus sont l’expression de la
volonté du peuple. Quel citoyen approuve les banquets du RSI, les primes des
ministères, l’achat
d’une collection de bonsaïs par le Conseil Général des Hauts-de-Seine, et
la « disparition » de nombreuses œuvres d’art à chaque changement de
tête ? Si l’État se permet de dépenser autant, avec fierté plutôt qu’avec
honte, c’est parce qu’il persévère dans l’erreur selon laquelle la dépense
publique crée de la richesse. Sans attendre des élus qu’ils notent la faiblesse
logique de leur raisonnement, on pourrait au moins espérer qu’ils constatent
l’échec des politiques de relance par la dépense menées depuis des décennies.
Chaque année depuis 40 ans, ils votent un budget en déficit, sans sourciller.
Les Français ne
semblent pas sourciller non plus, sauf pour descendre dans la rue en signe de
protestation contre les rares lois qui ne leur nuisent pas comme le mariage
homosexuel. Ils ne font plus confiance aux partis au pouvoir, et ils ont bien
raison ; mais de plus en plus d’entre eux placent de l’espoir dans un parti au
programme ridicule et aux intentions plus que douteuses. Leur prochain
président sera choisi entre diverses nuances de socialisme, du rouge au brun en
passant par la pastèque (vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur).
La presse (commodément
subventionnée) se contente de relayer les mesures prises par des ministres
incompétents, dont le seul mérite consiste à avoir convenablement servi le
Parti. Il y aurait pourtant fort à en dire ; les priorités désopilantes de ceux
qui nous dirigent se traduisent tantôt par des objectifs témérairement stupides
(diviser par 2 nos émissions d’ici 2050), tantôt par des mesures liberticides à
bras raccourcis (40% de femmes dans les conseils d’administration).
Ce qui caractérise le
pays dans son ensemble, c’est le déni. Les contrats d’avenir ne nous sortirons
pas plus de l’ornière que le retour au franc ; mettre la vie des Français en
coupe réglée ne remplacera pas les coupes budgétaires nécessaires ; menacer et
contraindre les entreprises ne favorisera ni l’investissement ni l’emploi. La
France a besoin de réformes structurelles, que tous s’emploient à repousser
autant que faire se peut, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Il sera trop tard
quand toutes les caisses seront vides, aussi bien celles de l’État que celles
des Français (en dehors de celles des hommes politiques et de leurs proches,
qui sont depuis longtemps à l’abri du besoin et échappent commodément à la
prison).
Une fois que la
situation sera perçue dans toute sa gravité, on pourra remplacer les
incantations à la courbe du chômage par des mesures de bon sens, que nos
voisins européens ont déjà engagé. Certes, l’Europe n’échappe pas aujourd’hui à
la tendance mondiale au surpoids étatique, mais certains pays ont le mérite de
s’en rendre compte et l’espoir que la catastrophe puisse être évitée.
On admet volontiers en
Finlande que l’État ne peut pas créer la croissance, on substitue petit à petit
le privé au public en Suède, et on envisage avec sérieux la sortie d’une Union
Européenne trop couteuse au Royaume-Uni.
Mais en France, rien
de tout cela. Face la crise d’un modèle économique et politique dépassé (qui ne
fait que commencer), la France, nue, se drape d’illusions, barricadée dans sa
forteresse idéologique qui a tout d’une prison. Surtout pour les citoyens, condamnés
à accepter ce qu’on tente de faire passer pour l’expression de leur volonté et
la poursuite de leur meilleur intérêt.
Un jour, peut-être, la
situation changera ; à eux d’en décider, et d’agir en conséquence. En
attendant, les Français sont spectateurs de leur propre naufrage.
Source contrepoints.org
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