Les acteurs d'“Engrenages”
Engrenage
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
Ils sont
revenus, ils sont tous là, dans la cinquième saison qui démarre. Que pensent de
leur personnage les acteurs de la série policière de Canal+ ?
Voilà
dix ans, ils entraient dans la peau des héros d'Engrenages qui, depuis 2005,
tient sans difficulté son rang de meilleure série policière française. Toujours
un plaisir pour les comédiens (et pour nous) qui, dans cette cinquième saison
recentrée sur l'intime, continuent de creuser finement les failles et les
contradictions de leur personnage. Flics aux prises avec une affaire sordide et
une vie privée chaotique, avocats tiraillés entre devoir et ambitions
personnelles, juge intègre victime de son intransigeance... A chacun ses
nouveaux dilemmes et réflexes de survie plus ou moins conformes à la loi.
Caroline Proust, Thierry Godard, Philippe Duclos et leurs camarades nous
livrent quelques (précieux) indices sur ce qui attend ces inlassables soldats
de la justice.
Laure Berthaud, par Caroline Proust
Caroline Proust, la capitaine de police Laure Berthaud
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
En deuil
de son amant, mort dans l'attentat qui concluait la saison 4, la capitaine de
police découvre qu'elle est enceinte alors qu'elle doit enquêter sur le double
meurtre d'une mère et de sa fille.
« Laure est une femme de son époque, qui vit son
métier à fond. J'ai souvent demandé de l'action aux scénaristes, et j'ai été
servie ! Elle est colérique, parfois agaçante, encore plus à fleur de peau du
fait de sa grossesse non désirée. Au point d'être très perturbée... J'avais
même proposé à Anne Landois [la showrunner d'Engrenages, ndrl] que Laure fasse un bref séjour en hôpital
psychiatrique – mais c'est impossible pour un policier : il ne pourrait pas
revenir sur le terrain ensuite. »
Gilou, par Thierry Godard
Thierry Godard, Gilou
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
Le
fidèle adjoint de Laure Berthaud est désormais plus posé – mais toujours fâché
avec la procédure. Conscient du gâchis de sa vie personnelle, il est prêt à
jouer un rôle dans celle de sa chef.
« Au début de la série, Gilou était un personnage plutôt
fougueux. Il était tellement barré que ses addictions auraient dû le faire
mourir au milieu de la saison 2. Les scénaristes ont choisi de le faire vivre
et, donc, de le faire gagner en maturité. Même s'il commet encore des impairs,
il devient presque un bon flic. Il est aujourd'hui le sage du groupe, qui
raisonne les autres, avec ce que ça peut avoir de routinier. J'aurais aimé
avoir plus de fêlures à incarner ! »
« Tintin », par Fred Bianconi
Fred Bianconi, Tintin
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
Le
troisième larron de l'équipe de Laure Berthaud est aussi le plus tranquille.
Père de famille, flic honnête, plus droit et plus rangé que ses collègues.
Jusqu'à la fin de la saison 3, où il a manqué de passer l'arme à gauche...
« C'était le type “normal” auquel tous les téléspectateurs
pouvaient s'identifier. Il était plus que la troisième roue du carrosse,
notamment grâce à son amitié avec Gilou. Mais il risquait de devenir
transparent, alors j'ai insisté pour qu'on découvre ses failles. En frôlant la
mort et avec la naissance de ses jumeaux, il s'est paradoxalement découvert une
incapacité à aimer la vie. Il ne veut plus rentrer chez lui, préfère dormir au
commissariat et se concentrer sur son job. Mais comme il est exclu de
l'intimité de Gilou et Laure, il va se retrouver isolé... »
Herville, par Nicolas Briançon
Nicolas Briançon , le commissaire Herville
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
En
délicatesse avec sa hiérarchie, l'ambitieux commissaire met la pression sur ses
troupes pour obtenir des résultats. Avec une prise de risques inattendue...
« Dans la saison 4, j'avais l'impression de rejouer
tout le temps la même scène : je claquais la porte, j'engueulais Berthaud, ou
l'inverse. Herville s'est complexifié depuis que sa position s'est fragilisée.
Il a une très haute opinion de lui-même, il va devoir redescendre – un peu. Son
ambition l'aveuglait mais, désormais, il est assez honnête, avec lui-même comme
avec les autres, car il regarde la réalité en face. C'est comme si Sarkozy
était devenu sincère : forcément, ça surprend ! »
Le juge Roban, par Philippe Duclos
Philippe Duclos, le juge Roban
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
L'intègre
juge est sorti vainqueur de son bras de fer avec le Conseil supérieur de la
magistrature (CSM). Réintégré dans ses fonctions, il se retrouve en position de
force face à sa hiérarchie, et conduit l'instruction sur le double homicide qui
ouvre cette nouvelle saison.
« C'est un personnage fait de paradoxes. Il est prêt à faire des
choses à la limite de la légalité pour faire triompher la justice. Mais il a
une éthique : il ne travaille jamais pour servir ses ambitions personnelles. On
a découvert dans la saison 3 qu'il était rempli d'affects et de sentiments.
Sauf qu'il les cache. Il n'a pas de vie affective. C'est sa faille. Selon le
juge Renaud Van Ruymbeke, avec qui j'ai discuté, un juge d'instruction sans vie
familiale est foutu... Roban place tout dans son travail, et c'est un danger.
Roban, comme Van Ruymbeke, est passé devant le CSM et en est sorti non
seulement blanchi, mais avec les honneurs – il a accédé à un grade supérieur.
Il m'a expliqué que le danger qui guette alors est l'excès d'assurance. Le juge
d'instruction doit rester à l'affût comme un radar et ne jamais s'arc-bouter
sur des convictions. Or Roban est trop sûr des siennes, au point d'être agacé
par la contradiction et de se retrouver un peu seul au monde. »
Pierre Clément, par Grégory Fitoussi
Gregory Fitoussi, l'avocat Pierre Clément
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
Magistrat
devenu avocat, Pierre s'accroche à son armure de chevalier blanc. Il doit
défendre, encore une fois, un suspect instable.
« Je l'imaginais, au commencement d'Engrenages, comme un bourgeois bordelais avec un balai dans le
cul. C'est un chic type, droit et intelligent, qui est revenu de ses illusions
mais conserve une certaine candeur. Il veut bien faire, mais le monde dans
lequel il évolue le pousse à mentir et à tricher pour protéger ceux qu'il aime.
C'est sans doute le personnage le plus sain de la série, et ses dérapages
provoquent une tempête sous son crâne. Dans cette saison 5, il va se retrouver
face à un client intrusif, et peinera à garder ses distances. Un défi pour les
avocats avec qui j'ai discuté pour préparer le rôle. »
Joséphine Karlsson, par Audrey Fleurot
Audrey Fleurot, l'avocate Joséphine Karlsson
Photo : Stephane Grangier, Simon Toupet pour Canal +
Manipulatrice,
séductrice, carriériste, l'avocate s'est mis à dos toute la profession. Ne lui
reste que Pierre Clément, son compagnon, pour l'aider à se reconstruire. Cette
fois-ci, elle va bien faire les choses. Ou pas.
« Ce qui m'a attirée, au départ, c'est que c'est un personnage
amoral. Sans amis, sans mecs, sans chats, qui aime l'argent et la réussite.
C'est rarissime à la télévision française. Surtout quand c'est une femme. Elle
ne rentre pas dans les conventions, elle trace son chemin et ne ressent pas le
besoin de se justifier – c'est pénible, les personnages "noirs"
auxquels il faut absolument trouver des excuses. Cela étant dit, on a atteint
les limites de son mystère, et on va la voir sous un nouveau visage. Plus
ouvert, plus sensible, qui sait faire confiance. »
Source telerama.fr
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