Le 11 septembre en filigrane
Editoriaux, chroniques, cartoons... L'attaque
contre Charlie Hebdo fait couler énormément d'encre dans la presse américaine
et fait resurgir des questionnements qu'avaient entraînés les attentats du 11
septembre 2001.
Aux Etats-Unis, on se souvient de la formule de Jean-Marie
Colombani, alors directeur du Monde, publiée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
Comme le note The New York Times
dans son éditorial du jour : "Juste après les attentats du 11 septembre
2001, un éditorial dans le quotidien français Le Monde déclarait : 'Nous
sommes tous Américains'. En France, le message : 'Je suis Charlie' s'est
répandu comme une traînée de poudre en solidarité avec les victimes de Charlie Hebdo. Cette attaque est un assaut contre la liberté dans le
monde entier. Le 7 janvier, l'ambassade des Etats-Unis à Paris a posté ce même
message de solidarité sur les réseaux sociaux."
Dans The
Washington Post, le chroniqueur
Jim Hoagland souligne les difficultés qui
attendent la France et sa classe politique : "La France a une lourde tâche
pour réagir à ce jour de terreur et de destruction calculées. Les Américains
ont immédiatement vu les attentats du 11 septembre 2001 comme une attaque
étrangère sur leur sol. Nous n'avons pas eu à nous inquiéter – et n'avons
toujours pas à nous inquiéter – d'un ennemi intérieur. Il va falloir beaucoup
de compétence et de tact pour ne pas transformer l'attaque contre Charlie Hebdo en un point de division. Brillants individuellement, les
politiciens français vont devoir faire preuve d'unité dans les prochains mois,
chose à laquelle ils sont peu enclins. Et ils auront besoin de l'aide de leurs
voisins européens."
Morts pour une idée
Sur le site de l'hebdomadaire
du New Yorker, le journaliste George
Packer pourfend l'idéologie haineuse qui a armé les assassins de Charlie Hebdo. La même, selon lui, qui était derrière les attentats
contre le World Trade Center et le Pentagone en 2001 : "Les meurtres qui
ont eu lieu le 7 janvier à Paris ne sont pas le résultat de l'échec de la
France à assimiler deux générations d'immigrés venus de leurs anciennes
colonies. Cela n'a rien à voir avec l'action militaire française contre
l'organisaton Etat islamique [Daech] au Moyen-Orient ou auparavant avec
l'invasion américaine en Irak. C'est le dernier coup d'une idéologie qui
cherche à imposer son pouvoir par la terreur depuis une décennie. C'est la même
idéologie [...] qui a abouti au meurtre de 3 000 personnes le 11 septembre 2001
aux Etats-Unis." Et le journaliste de conclure : "Les dessinateurs
[de Charlie Hebdo] sont morts pour une idée. Leurs assassins sont les
soldats d'une guerre contre la liberté de pensée et d'expression, contre la
tolérance, le pluralisme et le droit à offenser – contre tout ce qui constitue
une société démocratique. Nous devons tous nous efforcer d'être Charlie, non
seulement aujourd'hui mais aussi tous les autres jours."
Dessin de Ruben, Pays-Bas.
Source courrierinternational.com
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