Les fringales nocturnes enfin expliquées
Avoir faim en plein milieu de la nuit n'est pas
simplement le fait de gourmands insatiables. Une mutation génétique en serait
la cause, selon une étude.
Se
réveiller en plein milieu de la nuit pour manger une cuillérée de Nutella
relève, pour certaines personnes, d'une attitude compulsive. Nombreux sont ceux
pour qui la nuit commence à 23h et se termine à 7h sans aucune interruption.
Mais pour les mangeurs nocturnes, c’est mission impossible. Jusqu’à
aujourd’hui, aucun chercheur n’a été en mesure d’expliquer pourquoi certaines
personnes souffrent de « syndrome de fringale nocturne »(1), c’est-à- dire
l'ingestion de nourriture en plein milieu de la nuit. Un gène défaillant en
serait la cause, selon une étude sino-américaine publiée dans le journal
scientifique, Cell Reports.
- Un gène défaillant suffit
Les
auteurs de l’étude se sont servis de souris dans lesquelles ont été introduits
deux gènes humains, le PER1 et le PER2, deux liés au sommeil et aux troubles du
sommeil. Pour savoir lequel des deux était responsable, les chercheurs les ont
désactivés l'un après l'autre. Lorsque le gène PER2 a été mis au repos, les
souris ont manifesté une grande fatigue et de manière beaucoup plus tôt qu’à
l’habitude. Lorsqu’il est désactivé, le PER1 entraîne une envie de manger
chez les souris qui les empêche de dormir.
Lors d’un
régime imposé par les chercheurs à toutes les souris, celles aux gènes
défaillants n’ont pas pris plus de poids que les autres. Même sur une période
de 10 semaines, le résultat est semblable. Les auteurs de l’étude ont
découvert, qu’en cas de syndrome de fringale nocturne, la prise de poids est
due à un accès facile et permanent à la nourriture et non pas à un facteur
métabolique.
Pour ses
auteurs, cette étude est aussi une preuve que les gènes PER1 et PER2,
lorsqu’ils sont synchronisés, permettent de garder le cycle du sommeil et le
cycle de la faim alignés. La rupture du lien entraînerait une envie de manger
pendant la nuit.
- Une reconnaissance de cette pathologie
« Depuis
longtemps, les gens pensaient que le syndrome de fringale nocturne n’était pas
réel », confie l’auteur de cette étude, le Dr Satchidananda Panda. Dans le
monde scientifique, elle est considérée depuis peu comme étant un trouble
alimentaire à part entière par l’American Psychiatric Association. Grâce à
cette étude, la perception de la population face à cette pathologie pourra
évoluer.
Les
résultats ont même supris l’équipe du Dr Panda : « Nous n’avions pas
imaginé que nous pourrions découper les cycles du sommeil et les cycles de la
faim, surtout avec une simple mutation génétique. » Cette découverte est
une première étape vers l’analyse plus approfondie de ces cycles. Pour le Dr
Panda, « Cela ouvre la porte à de nombreuses questions pour le futur,
notamment pour savoir comment ces cycles sont régulées. »
(1) Syndrome
de fringale nocturne, ou d’hyperphagie nocturne : trouble alimentaire qui
se manifeste par l’ingestion nocturne de plus de 25 % de l’apport calorique
quotidien, ou par la consommation nocturne d’aliments deux fois ou plus par
semaine.
Source pourquoidocteur.fr
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